Dans la série : Les Septs Soeurs

Chant 4: Erato, La Paresse

15 Juyn An -I — Zoe Tinùviel

Chant 4: Erato, La Paresse

La troisième abandonnée dans un paturage
Dormait sous un arbre à l'ombre de ses ramages
Quand par un couple de bergers elle fut trouvée
Sans enfant, tous deux décidèrent de l'adopter

Après sa sieste, la petite se réveilla
A ses nouveaux parents, gentiment elle sourit
Sans chichis du lait d'une chèvre elle s'abreuva
Fit bien vite son renvoi et puis se rendormit

Ses parents l'appelèrent du doux nom d'Erato
Et lui enseignèrent l'art de garder les troupeaux
Cette tâche à la petite convenait fort bien
Elle dormait, les bêtes surveillées par son chien

Ne croyez cependant qu'elle ne savait rien faire
Quand elle ne dormait pas elle écoutait sa mère
Chanter et réciter de belles poésies
Qui parlent des champs, des troupeaux et de la vie

En menant ses bêtes des poèmes elle récitait
Les animaux sensibles aux belles choses
Docilement partout la jeune fille suivaient
Jusqu'à ce qu'à l'ombre d'un arbre se repose

Cette douce vie aurait pu durer longtemps
Si paresse n'était point si vilain défaut
Qui un triste jour lui joua un tour méchant
Privant de sa tendre vie la belle Erato

Alors qu'elle dormait vinrent de méchants voleurs
Qui avisant troupeaux d'une telle valeur
Gardé par fille si profondément endormie
Ne se gènerent pas pour en faire leur profit *

A son réveil, très fort désemparée elle fut
De son troupeau ni queue ni tête ne voyant plus
Son chien devenu avec l'âge paresseux
Dormait sur la plaine ou avant paissaient les boeufs

En pleurs elle confessa sa faute à ses parents
Ceux-ci alors entrèrent dans une grande fureur
Qu'avaient-ils fait pour mériter un tel malheur
Ils chassèrent Erato tout en la maudissant

Pour subsister de beaux poèmes elle racontait
Aux veillées des villages où ses pas la menaient
Poésies en échange d'un morceau de pain
Et d'un bon lit pour attendre le lendemain

* Le texte original n'est pas clair quand au point de savoir si les voleurs firent leur profit du troupeau ou d'Erato. Les vers suivants nous donnent cependant à penser qu'il s'agit du troupeau.