DIES IRAE

16 Févryer An II PSD — Emmanuel Raveline — Théophraste de Mytilene

Commémoratyon de la Seconde Dévastatyon

Théophraste de Mytilène

La nuyt est tombée sur Venys, les croyants sont rassemblés au Temple pour célébrer le premyer anniversayre de la Dévastatyon. L’Archimandryte Mytilène, Métropolite de Venys, monte en chayre pour le sermon rituel...

Byen aymés fils et filles de la Saynte Eglyse Poséydonique,

Nous sommes réunys ce soyr pour commémorer la deuxyème Dévastatyon qui jeta le peuple Yssois hors de ses terres ancêstrales afyn qu’il erre dans le micromonde et au-delà pour expyer les fautes qu’il commyt. Le Seygneur Dyeu Poséydon nous envoya le pire châtiment qui soyt en rémissyon des péchés d’un Empereur désintéressé de ses sujets, de Métaligores oublyeux des devoyrs qu’impose leur charge, d’une arystocratie décadente tournée vers le gayn et l’usure, d’un Peuple rebelle à l’autorité. Il y a un an, la guerre civile qui déchirayt Ys, qui trouvayt sa source dans l’égoïsme des grands et dans l’arrogance des petits, finissayt tragiquement : Poséydon décidayt d’en finir une bonne foys pour toutes.

Le peuple d’Ys paya cher ses errements, humilié à Ydemos, obligé de cohabiter avec des klohaques et des crassyeux à Pseudopolis. Mays face à l’adversyté, nous avons su rester unis. Les Yssois ont su réagir, et aujourd’huy Venys a reprys la place d’Ys au firmament des puyssantes natyons du micromonde. Ryen n’égala Ys, ryen n’égale Venys, le génye yssois a su perdurer. Rendons grâce à Poséydon de nous avoyr donné notre chance.

De grandes nouvelles se font écho, la mère patrie garderayt de beaux restes dans le micromonde. Il se dit même que des habitants y ont survécu. Un an après la tragédie, il est temps de se rendre compte sur place de ce qu’il en est. Aussi, nous demandons à notre très affectyonné Ordre de Saynt Bezoar d’organyser une missyon en nos terres d’origine pour rendre compte de la situatyon sur place. Nous demandons à l’autorité politique de le soutenir en cette tâche. Ainsy soyt-il.

Passons mayntenant à la saynte lecture. En ce 16 janvyer de l’An II de la Dévastatyon, relysons l’acte de décès de l’Empire d’Ys.

"Tout commença par un simple frémissement.

L’eau d’un verre qui tremblotte. Le lustre qui balance imperceptiblement. La vaisselle qui tinte... les vitres qui vibrent...

Les oiseaux avaient cessé de chanter... quelques chiens hurlaient à la mort...

Et puis plus rien... qu’un silence impressionnant...

Quand soudain...

Il n’y eut pas d’explosion. Pas de lumière aveuglante, pas de souffle puissant, rien de tout cela. Mais les vibrations reprirent... s’amplifiant... de plus en plus puissantes, se transformant en véritable tremblement de terre, puis en ondes de chocs, qui se propageaient à travers toute la ville, à travers tout le pays, à travers l’Empire...

Mais jamais un bâtiment ne s’effondra... l’onde s’arrêta dès que les premières cheminées se mirent à vaciller...

Les yssois commencèrent à sortir de chez eux... un à un... encore sous le coup de cet étrange phénomène quand...

Personne ne la vit arriver. Pourtant, 150 mètres de haut, cela ne passe pas inaperçu... Mais la population était trop occupée à vérifier que tout tenait encore debout...

BALAYANT TOUT SUR SON PASSAGE, UNE VAGUE GIGANTESQUE TRAVERSA L’EMPIRE D’YS D’OUEST EN EST PENDANT QUE DES VENTS FURIEUX TOURBILLONNAIENT...

Et, curieusement, les flots ne se retirèrent pas... Il semblait que la vague s’était installée sur le territoire de l’Empire d’Ys... ou de ce qu’il en restait...

A la surface, au-dessus des flots verts, les vents soufflants semblaient murmurer... "POSSSSSEYDOOOOOON"..."

Aynsi fit le Seygneur Dyeu Poséydon.

Demayn dimanche, en signe de recueyllement, les messages envoyés sur la lyste devront porter des lettres blanches sur un fond noir. Les commerces, débits de boyssons et autre lyeux de rassemblement devront resté fermés. Nous encourageons tous les croyants à nous fayre part de leur sentiment sur la Dévastatyon et ce qui s’ensuyvit à l’occasyon de cette journée du souvenir.

Rentrez chez vous en payx.


Bulle de Théophraste

Nous Théophraste Ier,

Grand Archimandryte de l’Eglyse Apostolique Poséydonique Réunifiée de Rite Atlante, Métropolite de Venys,

Edictons ce qui suyt :

Les croyants ont l’obligatyon durant toute la journée du dimanche 17 févryer de l’An II de la Dévastatyon de poster leurs messages avec des lettres blanches sur un fond noyr. Ils s’abstyendront de messages futiles et s’essayeront à réfléchir sur le sens de la Dévastatyon et de ses conséquences.

Les commerces, débits de boyssons et autres lyeux de rassemblement tenus par des croyants resteront fermés.

Les contrevenants seront frappé d’excommunicatyon mineure. Ce qui signifie devenir aux yeux des autres croyants byen moyns qu’un klohaque ou un crassyeux. Quiconque parlera à un excommunié, le secourera, voire même le considèrera, subira le même sort.

Fait à Venys,

Seize févryer de l’An II de la Dévastatyon"

Recevez Ma Bénédictyon.


Emmanuel Raveline

Vous entendez actuellement le Chorus des Adeptes de Francoyvyllon : O, Happys Days ! O, Happys Days !

Mes frères, mes soeurs - oh, oh, ce serait le bonheur - je vous veux aujourd’hui plus radieux qu’un habitant de tchernobyl. La vie est belle, tout va bien, les zozyaux chantent, et surtout NOUS CELEBRONS LA FAMEUSE DEVASTATYON ! Iconoclastes as usual, nous autres n’allons pas porter des bérets noirs et jouer uniquement les noires aux cartes pendant une soirée, non ! Au contraire, nous allons nous réjouir, danser, boire, manger, forniquer et toute ces choses que nous feront lors du Dernier Jugement en compagnie de Francoyvyllon.

La dévastatyon, certes, porta un certayn coup à notre Ys natal. J’yrays même jusqu’à dire que ça nous a pas mal secoué les grelots. Mays à quoi s’attendre d’autre de la part de ce tyran cinglé qu’est Poséydon ? Fort heureusement, ce dieu étant un âne, ne s’est pas rendu compte que son actyon nous a apporté forces fidèles et nombreux amys, tous las de sa dictature insupportable, et que dans l’Olympe même, plusieurs dyeux (dont Plaintesetréclamatyons, dieu des râleurs, Tsunamisettourbillons, dieux des innondations, Soudainedécalcification, dieu de la sécheresse) choqués par les agissements barbare de leur maître se sont révoltés et on rejoint le rang toujours croyssant de la révolte Francoyvyllonienne.

Ce fut également une péryode de douleur. Toute guerre de relygyon a ses martyrs, nous n’en fûmes pas exempt. Ainsi, notre culte tout entier fut persécuté par les immondes larves Poséydonnyennes, ces gens qui rampaient aux pieds de notre destructeur, cette clique indicible de couille-molles et vagyns-secs, bref !, ces mauvays-vyvants, l’ennemy, la concurence, quoi ! Moi-même, j’ai subi leurs foudres, mays tel le phényx qui renaît de ses cendres, ils n’ont pu m’abattre : je suys à nouveau-là, mes enfants, moi, votre gourou bien-aymé, et ensemble, nous soutiendrons la Divine Guérilla de Francovyllon, nous l’aménerons sur le trône de la divinité, et alors une ère nouvelle pourra commencer, une ère de bonheur et de joie, où les vendeurs de Ray-Ban feront fortunes et où plus jamais la colère de Poséydon ne pourra s’exprimmer. Regardez ces lâches, ces couards !, qui rampent devant leur prétendu seigneur. Saigneur, oui !, ce monstre qui a ravagé nos populatyons ! Théophraste de Mythilène a perdu sa femme Ysabeau dans la catastrophe, et c’est le chef de cette odyeuse coalytyon des peureux ! Nous, Francoyvyllonien ne sommes pas touchés par ce fléau. Nous sommes les rescapés d’un peuple fier et courageux, honnête et droyt ! Nous avons le soutyen de notre dyvynyté qui nous envoie ses démons nous protéger ! Nous nous moquons bien de leurs rites grotesques et rituels qui limitent notre irrésistible faim, soif et appêtit sexuel. Quoi ! Ces vieillards ne peuvent baiser en continue et prétendent fyxer les dates où il faudrait le faire ! Parce que le viagra ne suffit plus à ces messyeurs, nous, jeunes et fringuants devriont nous abstenir et attendre la date de la prochaine orgye, qu’eux décyderont !

JAMAYS ! JAMAYS ! Jamays nous ne plyerons face au tyran Poséydon ! Nous sommes sous le regard d’un dieu qui va conquérir l’Olympe ! Nous sommes ses enfants bénys. Les actes de tyrannye de Poséydon, comme celui qu’il a commyt il y a maintenant un an, ne peuvent plus nous toucher. Le dyeu-poète nous protège. Qu’il foudroie ceux qui persécutent les siens !

En ce jour, amys, ripayllez et dévorez, déflorez et folâtrez, sniffez et fumez, buvez et absorbez plus que jamays. Moquez vous des calottyns d’en face, qui pleurent et se lamentent. Nous défyons le tyran !

NOUS DEFYONS POSEYDON !

E. Raveline,

Grand Gourou de la Secte des Adorateurs de Francoyvyllon.

Faytes nous vos dons et rejoignez-nous !


le même, prenant connayssance de la Bulle

Ha ! Je raylle cette bulle, en véryté !

Moyns qu’un Klohaque ! Moyns qu’un Crassyeux !

Certes, mes frères, ces yssoys-là sont peut-être aynsy ! Mays nous ne sommes pas des lâches ! Nous avons l’arrogance naturelle qui nous caractéryse depuys des syècles ! Nous ne sommes pas les suyvants d’un culte d’abstynence, mays ceux d’un culte d’art et de débauche. Nous sommes l’espryt vérytable d’ys !

Venez à nous, peuples trompés par l’infâme Mytilène ! Suyvez-nous pour rejoyndre la parole dyvyne de Francoyvyllon ! Sortez de la geôle où l’on veut que vous croupyssyez ! Devenez lybre !

E. Raveline.

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Anaclet de Paxatagore

En ce jour de deuil natyonal, je souhaite m’assocyer aux manifestatyons de trystesse et de commémoratyon. Aujourd’hui, davantage encore, je me sens responsable de ce terrible fléau qui s’est abattu sur nous.

L’ivresse de pouvoir nous a conduit aux pires errements, et Poseydon nous a flétri de son bras vengeur. Aussy, depuys près d’un an, j’ai passé l’essentiel de mon temps et de mes pensées à expier mes pêchés et à relever Ys de l’abîme où mon intempérance a contribué a la jetter.

Mes prières ont été exaucées. Mes efforts n’ont pas été perdues : Ys s’est relevée, Ys s’est reconstruite. Aujourd’hui, certains hérétiques s’autorysent à défier l’autorité de Poseydon : cela prouve que notre peuple n’a rien perdu de sa vigueur et de sa liberté.

Néanmoins, nombre d’yssoyse et d’yssois ont péri sous les vagues meurtrières. Des trésors incroyables, des richesses inouïes, ont péri. De tout cela, je suys comptable. J’ai donc passé l’après-midi à genou dans le Temple de Poseydon. Maintenant que la nuit est tombée sur Venys, je demande pardon à Poseydon et je supplie son Archimandrite d’attirer les faveurs de notre Divinité sur nôtre cyté.

Anaclet de Paxatagore