Chers amys archipélagiques, Chers amys syldaves,
A une heure où les antagonysmes entre nos deux peuples semblent atteindre de nouveau leur paroxysme, je pense qu’il est nécessaire de faire entendre une voix dyscordante.
Dyscordante, en apparence, car je pense bien que mes idées sont en fait celles de la majorité silencieuse (très bel effet de rhétorique, pas vrai, Monsieur Almàzy ?).
De fait, Yssois et Syldaves sont faits pour marcher de concert. Longtemps les Yssois ont été entourés de peuples rustres et sans culture. Les Crassieux, qui trouvèrent un jour accueil chez nous, ont certes quelques valeurs et, très certainement, un sens scientifique très développé, mays ce n’est pas un peuple polycée et civilysé comme les nôtres. Ne parlons pas des autres peuplades que nous cotôyames un temps, comme les orionays qui chassent le dahus pour le faire rotir. Ys s’est toujours ennorgueillie d’être un havre de la civilysatyon, de la prose luxuriante et éclairée. Notre société millénaire, fondée sur des systèmes de valeurs et des tradytions ancestrales, représente un pur joyaux de l’évolutyon humaine.
Et il nous est donné aujourd’hui la chance de cotoyer une civilysatyon différente de la nôtre, mays qui, à première vue, apparaît néanmoins tout à fait capable de l’égaler. Que lysons nous sur la lyste de Kloho ? Des oeuvres littéraires d’une grande qualité. Des travaux juridiques forts intéressants. Une société de cour des plus hiérarchysée et codifiées, où les humeurs des uns ne se voient pas (sauf, bien malheureusement, dans quelques cas assez rares, mays assez voyants...) car chacun évite de blesser les autres. La société Syldave, elle aussy, représente un certain modèle de civilysatyon. Un modèle différent, certes, mays un modèle tout à fait appréciable et comparable au nôtre.
Dès lors, il serait regrettable que des accusatyons de racysmes des plus mal venues viennent troubler les nécessaires mays conflictuelles relatyons qui doivent intervenir entre la Cyté Libre de Venys et la Principauté de Kloho. Afin que de tels soupçons ne soient plus évoqués, j’appelle donc la créatyon, à Venys, d’une Associatyon Yssoise des Amys de Kloho (AYAK), et, à Kloho, d’une Associatyon Syldave des Amys de Venys (ASAV). Ces deux associatyons jumelles auront vocatyon à faire connaître le patrimoine culturel de l’autre pays et à faciliter le dialogue entre nos peuples par des initiatives culturelles communes (de nôtre côté, par exemple, nous pourrons inytier les jeunes arystocrates syldaves rebelles au caillassage de maysons arystocratiques, ou encore à l’art de l’opium).
Cela suppose bien sur que chaque société puysse aborder l’autre sans frémir ni trahir ses propres valeurs. Celles de la société syldave, à l’heure où je parle, pour des raysons ex-lude bien compréhensible, sont encore fragiles. L’AYAK et l’ASAV contribueront, par un dialogue salutaire, à la solidificatyon de ce socle culturel sur lequel toute micronatyon un tant soit peu amusante doit être fondé.
L’AYAK et l’ASAV ne devront, bien sur, accueillir que les esprits dénués de toute arrière pensée, sincèrement intéressés par la découverte de la société yssoise (pour les Syldaves) ou syldave (pour les yssois), et non ceux qui seraient désireux de justifier la prétendue supériorité de leur point de vue.
L’AYAK et l’ASAV étant des initiatives privées, concernant uniquement l’aspect culturel, rien n’interdit bien évidement que Kloho et Venys continuent à s’entredéchirer (sinon, ce ne serait pas très amusant).
J’appelle donc tous les yssois intéressés à me rejoindre dans l’AYAK et, tous les syldaves intéressés à se fédérer dans une ASAV. J’ai écrit un mail à ce sujet au Prince de Kloho.
Anaclet de Paxatagore