Criminalité à Pseudopolys

10 Janvyer An II PSD — Anaclet de Paxatagore

Le port de Venys, enveloppé de brûmes semble à l’image de la ville dormir. Sur les quais vides, on n’entend que le ressac de la mer, le grincement d’une grue de déchargement.

Soudain, une lumière troue l’obscurité. Des phares, une voiture.

Elle s’avance lentement le long du quai principal puis s’arrète en plein milieu. On distingue outre le chauffeur deux hommes dans le véhicule. Le passager à côté du chauffeur en descend, et scrute l’obsurité du port.

Soudain, un léger sifflement se fait entendre, et une nouvelle silhouette se détache de l’obscurité d’un hangar.

Lentement, les deux hommes convergent l’un vers l’autre jusqu’à se retrouver à égale distance du véhicule et du hangar.

Un rapide conciliabule s’engage alors :

Les deux mystérieux individus se dirigent vers le véhicule. De celui-ci sortent le chauffeur et le troisième homme. Tout deux tiennent dans leur main une courte mais épaisse barre de fer, on n’est jamais trop prudent.

Les trois passagers du véhicule encadrent le nouvel arrivant et le mènent au coffre de la voiture. De celui-ci ils extraient trois paquets, plats, d’environ 1m sur 1m50 chacun et invitent le quatrième larron à vérifier les paquets. Celui-ci déchire un coin du papier kraft entourant les paquets et, s’éclairant d’une petite lampe torche jette un rapide coup d’oeil sous l’emballage.

Il repart vers le hangar, et à nouveau se fond dans l’obscurité.

Les minutes passent, sur le quai, les trois hommes commencent à s’impatienter, si bien que l’un deux, l’homme qui était assis à l’arrière du véhicule finit par dire à voix basse à ses compagnons

Aussitôt, les trois hommes réintègrent le véhicule et effectuant un rapide demi-tour reprennent le chemin de la ville.

Mais alors qu’ils vont atteindre le pont menant à l’île Sacrée, le chauffeur pile sec.

En effet, en plein milieu du pont, un énorme bulldozer bloque le passage. Il allume de puissants projecteurs illuminant la voiture et éblouissant ses passagers.

Dans un crissement de pneus la voiture rebrousse chemin, à vive allure cette fois.

La voiture traverse à nouveaux le port, et s’engage à toute allure entre les hangars. Elle se dirige vers le pont menant à l’île aux enfants.

En effet, à peine le véhicule est-il en vue du pont qu’un bulldozer montant là aussi la garde allume ses phares.

Effectuant un virage sur les chapeaux de roues, la voiture s’engouffre entre deux sombres hangars. Lorsque le chauffeur s’apperçoit qu’il à roulé sur une herse de pointes tendue entre les bâtiments, il est trop tard. Les quatre pneus crevés, la voiture fait une embardée et va percuter le mur de gauche avant de faire un tonneau et de s’immobiliser sur le toit.

Coryandre est le premier dehors, immédiatement suivit par le passager avant.

En effet, six hommes, trois de chaque côté de l’allée viennent de surgir. Ils s’avancent lentement vers les deux rescapés de l’accident qui ont à nouveaux au poing leur barre de fer.

Le nouveau venu s’avance, il passe entre les hommes qui ne font qu’encercler le véhicule. C’est une véritable montagne, un hercule à la barbe noire et hirsute.

Il n’en faut pas plus à Coryandre pour comprendre qu’il s’agit d’un Myasmide, ces rudes paysans du sud d’Ys. Pour la plupart complètement analphabète et peu soucieux de se mêler au reste de la population, ces hommes se disent descendants des montagnards de l’Indùromiel, l’une des sept montagnes sacrées de l’Atlantide. Vivant en quasi-autarcie, on les dit cependant indéfectiblement fidèles au seigneurs qu’ils servent.

Et voilà le Myasmide qui s’approche de Coryandre. Ce dernier se ramasse sur lui même, tous ses muscles bandés. Son compagnon, quoique l’air bien plus apeuré fait de même.

Les trois hommes tournent lentement, s’observant, épiant l’attaque de l’autre. Coryandre sait qu’il n’aura pas deux chances face à ce rude adversaire, il lui faut frapper juste. Ses doigts serrant à craquer la barre de fer sont douloureux, il n’en à curre.

Soudain, son compagnon bondit, la barre de fer haute, et va pour l’abattre sur le géant. Le colosse qui a prévenu le geste lui happe le bras de sa main gauche et de l’autre lui abat son poing sur le crâne, provoquant un craquement de sinistre augure.

Coryandre en profite, il se rue sur l’adversaire et lui abat sa masse sur le crâne. Le géant titube, mais se retournant envoi son assaillant rouler à terre d’un revers de bras.

Avec la souplesse d’un félin, Coryandre est debout, il attaque derechef, profitant de l’hébétude de son adveraire, il frappe, fort. Le géant reçoit le coup sur son avant bras levé en guise de protection et se rue en avant, plaquant son adversaire contre le mur du hangar. Il le saisit à la gorge.

D’une seule main, le géant soulève Coriandre de terre et lui lance un terrible coup de poing dans l’estomac avant de le projeter dans les airs. Le malheureux fait un vol plané de plus de trois mètres et s’écroule sur le sol, le souffle coupé.

Déjà le Myasmide est sur lui. Il saisit l’homme à terre par les cheveux et le traine sur quelques mètres pour l’éloigner du véhicule accidenté.

Tenant toujours Coryandre par les cheveux, il l’élève à hauteur de son visage saisit son oreille pour l’approcher de ses lèvres et lui murmure quelque chose. Puis le projette violemment en arrière.

L’oreille est restée dans sa main.

Le géant donne ensuite quelques ordres secs à ses hommes restés jusqu’alors inactifs. Ceux-ci récupèrent les précieux paquets toujours dans le coffre de la voiture, puis, tels des fantômes disparaissent dans la nuit.

le 14 décembre de l’an II, l’hôpital de Venys annonçait le décès de Coryande O’Mycide des suites de ses blessures

Paxatagore

J’espère que l’inquysition va faire quelque chose. Cet O’Mycide était l’un de mes gérants, aux Deux Ma-Goh ! Lool de Virion, j’exige que justyce soit faite ! Il est inacceptable que l’on s’attaque à mes gens !