Le Journal Eternel de Corto Maltys

4 Févryer An IV PSD — Maltys d’Ysville

Ensemble des notes écrites par Corto Maltys au cours de sa vye.

Dyx décembre - départ pour Boscou.

J’ay dû me séparer de la compagnye de Porphyryo, quelle dommage ! Je luy écryray des lettres. Pourvu que la poste rustre fayllysse à sa réputatyon. Je m’ennuye pour l’ynstant. Ravelyne est party aux toylettes et cela fayt troys quarts d’heure qu’yl y est. D’Yscyple n’est toujours pas arryvé, yl faudrayt qu’yl se dépêche : je voys le pylote du dyrygeable quy a passé la porte d’embarquement. Un pylote habyllé d’une grande toge bleue maryne à épaulettes. A ce propos...fychtre !... Quel bel homme !

Onze Décembre - les poupées rustres

Dear Dyary, quelle déchatte, sy tu me permets l’expressyon... Le pylote du dyrygeable étayt un pylote automatyque ! Ympossyble de luy fayre sortyr le moyndre cry de playsyr. Sûrement de la technologye ydéenne : yls oublyent toujours l’essentyel. Yl restayt les hôtesses, et encore ; deux lolonayses ont mytéryeusement dysparu pendant le trajet. Après une soyrée excytante à fêter la vyctoyre électorale d’une connayssance de Ravelyne, j’ay proposé une petyte vysyte du Marché de Boscou. En attendant le départ du trayn, nous avons pu admyrer les poupées rustres, celles quy s’emboytent les unes dans les autres : quel spectacle ! J’ay ensuyte parlé avec Anaclet du RAYS, yl n’a fayt que bayller. Mays stop... j’entends un "Dyng Dyng" ! Je croys que le trayn va partyr. Tyens...à la fenêtre...ne serayt-ce pas d’Offycius ? Attends, mon byllet... Fumeurs... Wagon 846... place 834469...aye ! Je suys à côté de Raspoutyne...

Douze Décembre - Omsk

Raspoutyne est descendu pour la correspondance vers Grossnys, yl voulayt fêter sa vyctoyre (encore) chez des amys. Ouf ! C’est pas trop tôt... Enfyn seul. Le nouveau guyde, Strogoff, a voulu prendre sa place, mays j’ay raconté que j’étays malade, et que c’étayt vyolemment contagyeux. Yl n’a pas bronché ; yl a l’ayr un peu tacyturne. Avons pu observer des sauvages à cheval, dans les steppes, un très beau numéro, avec un accydent toutefoys : l’un d’eux est passé sous la locomotyve. D’Yscyple a dysparu ; la dernyère foys que je l’ay vu, c’étayt au wagon-restaurant, en trayn d’engueuler le cuysynyer. C’est vray qu’yl y a de quoy... ce qu’on nous sert est tout bonnement ynfect. J’espère que cela n’a pas trop mal fyny.

Quynze Décembre - le lac Bayskal

Suys sorty ce matyn de la salle blyndée des machynes. Quel week-end, cher journal, quel week-end. Ce coquyn de machynyste rustre avayt fermé à double-tour la porte en fonte de la locomotyve ; couverts de suye et de charbon, nous nous en donnyons à coeur joye. Le petyt étayt tellement survolté qu’yl en a oublyé d’enfourner le charbon : le trayn s’est arrêté brutalement, avant-hyer, à moytyé sous un tunnel ! C’est presque à regret que je suys retourné à ma place tout à l’heure, occupée par ce mystéryeux Strogoff, quy s’est layssé pousser une barbe terryfyante, poyvre et sel, comme le Sultan Hassân Südheim des Mylle Et Une Nuyts. Cela m’a rappelé mon voyage tumultueux en Berse, celuy quy a faylly me coûter la vye ; j’ay donc préféré fayre demy-tour, d’autant plus qu’yl y avayt du sang partout dans la voyture, des bras, des jambes découpés, des bustes décapités et j’en passe. C’étayt donc cela, le vacarme de samedy ? Une tuerye, cher journal, un vérytable massacre à la tronconneuse. Le trayn est mayntenant vyde, à part ce maudyt Strogoff. Je descends à la recherche des autres. Le temps est frays mays le paysage est magnyfyque, le cyel, comme le lac, d’un bleu pur.

Soyrée du Quynze Décembre - J’ay enfyn retrouvé Anaclet, Hector et Emmanuel, au bord du lac gelé. Le présydent à vye et dans l’au-delà avayt le crâne ouvert, le pauvre. Une charmante ynfyrmyère gonmole luy applyquayt des compresses sur le front. Tout le monde avayt déjà délacé ses chaussures de glysse. La nuyt est tombée vyte, j’espère qu’elle sera longue ! L’hôtel est de premyère classe. Au programme : spectacle des choeurs de l’Armée Rouge. Je feray du patyn demayn.

Seize Décembre - Yrkoutsk

Tout le monde dormayt au spectacle de chorale sobyétyque. Je ne says pas ce qu’yl s’est passé dans le trayn, mays yls avayent vysyblement besoyn de repos. J’étays en fayt le seul à applaudyr dans la salle, et Strogoff m’a regardé de travers. Est-ce mal ? J’ay abandonné l’ydée de fayre du patyn sur le lac, on vysyte Yrkoutsk aujourd’huy ; je vays donc essayer de me déplacer en patyns à glace dans la vylle, sy les rues sont gelées c’est tout à fayt possyble. Au fayt, j’avays mal vu, Ravelyne n’avayt fynalement ryen à la tête, yl se porte comme un charme et a remys ses cols amérycayns. Yl a peut-être fayt appel à un de ses démons, Expresscycatryse. J’en says fychtrement ryen.

Dyx-huyt Décembre - Les loups des boys

Avons vu Yrkoutsk en long, en large, et en travers. C’est très layd mays un peu sale. La vylle a beaucoup changé depuys mon voyage avec Kolchak. Yl fayt froyd. Paxa ne supporte pas les détours culturels. Yl nous a trayné dans un bordel tax-free pour tourystes, beaucoup de choyx mays aucune ambyance, une vraye usyne. J’ay fayt ensuyte les petyts bars sympas avec D’Yscyple. Aujourd’huy promenade dans les boys à flanc de collyne ; Paxa a évité de justesse une sérye d’accydents naturels, chute de boys mort, avalanches etc. Avons vu des vrays loups.

Vyngt Décembre - Le pont d’Alma-Tata.

Tout semble prendre un tour tragyque... Porphyryo ne répondayt plus. Raveline avayt dysparu. Raspoutyne nous a menacés de mort ce matyn, le dyrygeable d’Anaclet partayt pour Venys. Je suys tout de même allé fayre un tour derryère la frontyère kazache (en avto-stop) pour régler cette vyeylle hystoyre avec la belle Attyla : j’avays dyt à Hector et Anaclet de ne pas m’attendre. Aussytôt arryvé à Alma-Tata, au lyeu de rendez-vous qu’Attyla m’avayt donné yl y a cynq ans déjà, au beau mylyeu du seul pont de la vylle, je me suys fayt attraper par des brygands au fort accent rustre. Yls avayent des pystolets à Vodka et une haleyne de cétacé. Yls m’ont prys ma malle, m’ont jeté dans la ryvyère -- glacyale -- et m’ont lancé des gravyers dessus alors que je commençays à déryver. Je t’ay retrouvé dans ma poche arryère, cher journal, quelques kylomètres en aval, après avoyr choysy une petyte plage abrytée pour sécher mon costume... J’ygnore où je suys. J’ay faym. Seyze heures quynze et quatorze secondes, treyze centyèmes etc. - Longue marche contre les vents froyds de la steppe. Bureau de Poste décrépyt en vue.

Vyngt-et-deux Décembre - le Krassakstan éternel

Pas de nouvelles de Venys. Archybald de Vyryon ne vyent pas. Dommage. Beaux paysages fleurys. Premyères neyges. Plus de nouvelles de la mafya rustre, même sy beaucoup Rustres à lunettes noyres. Ay été reçu par le Sultan du Trukménystan, quy possède un palays hyndûr où coulent mille fontaynes d’eau et de myel. Courtysans charmants. Ay révysé mon Kamâ Sutrâ authentyque, dans le jardyn. Avays un peu perdu.

Quatre janvyer - Ombres de Venys

De retour du Trukménystan, puys de Saboye -- pour vysyter mon amy Hermann Ys --, ay beaucoup flâné dans les zones culturelles de Venys. Cynéma, théâtre, Hernanys, Rossyny’s. Ay été spectateur de l’enregystrement de l’émyssyon Personne n’en parle, sur le thème des fantômes. Etayt-ce Radyo-Venys ? Ou une autre statyon étrangère ? Ympossyble de me souvenyr. On y parlayt de la prochayne chasse, avec Fontvell et Paxa. Le présentateur, Thyerry de Hardys, a eu ce mot très juste : "Les fantômes exystent, mays moy, non". Médyte, cher journal. Je suys enfyn retourné à Pou Yang, où un mystéryeux chynyssoys m’a confyé : "Les tloys lames de la jonque tlanchent les tloys têtes du capytayne". Yl fayt encore froyd. Les canaux sont brumeux.

Trente-et-un Janvyer - Neyge du matyn et médytatyon

Suys depuys plus d’une semayne au Tysbet mayntenant. Après être passé à nouveau chez mon amy le Sultan du Trukménystan, au palays des mylle fontaines d’eau et de myel, au jardyn éternellement fleury, ay rejoynt la lamasserye de Kopûlh pour y médyter et y étudyer les textes sacrés du Kamâ-Sutrâ. Les moynes me sont d’un grand secours pour quelques posytyons dyffycyles. Porphyrio s’est très byen yntégré et porte des petyts bonnets tysbétayns très seyants... J’ay apprys hyer par TSF l’électyon de Gladys de Caryatys et le retour de Zoé Tynuvyel. Petyt Ours Brun m’a aussy écryt quelque chose d’yllysyble. Yl joue au Subrugby, yl me semble, et se lance dans les affayres. J’ay trouvé nombre de manuscryts concernant les Guerres Syno-Ravelynyennes, plusyeurs sont yncomplets ou abymés. Je me plays byen ycy, Venys ne me manque pas encore. A plus tard, dear Dyary...

Deux Févryer - La promenade des cavernes hysmalayennes

Mon amy le Balay-Lama m’a conduyt ce Neptudy dans les lyeux les plus secrets et les plus excytants du globe : les grottes préhystoryques du Tysbet. Une dyzayne de cavytés s’offrent là-bas au promeneur fascyné par l’élément lythyque. Loyn de la cyvylysatyon et des remous de la vye nocturne de Venys, l’on y puyse l’hydromel précyeux qu’est la contemplatyon des paysages les plus prymytyfs. Yl est étonnant d’y relever quelques peynture rupestres exquyses, sygnes certayns de l’expansyon de l’art préhystoryque yssoys à travers le monde et ce, dès les temps les plus reculés de notre ère. Une fresque frappante met en scène des personnages longylygnes, chassant une grosse baleyne, conversant autour d’une pype, dysposant des fylets sur la houle, ou byen jetant des pavés contre les Mammouths. Nous sommes restés tout le jour à l’abry de la grotte, songeant aux rêves agytés et aux amours vyolentes des hommes des cavernes -- quy ygnorayent sans doute encore tout des fynesses du Kamâ-Sutrâ, de l’absynthe et de la médytatyon. Puys nous avons fayt une symulatyon grandeur nature de cette vye prymytyve, pour tuer le temps ; le Balay-Lama a décydément des côtés sauvages que jamays je n’oublyeray. Aujourd’huy, une balade avec les moynes de la lamasserye est prévue.