Sys dans son fief de Crucyfys, le jeune Ligore les Nonnes s’ennuie. Son bouffon personnel, écuyer, valet de chambre, etc., etc., tente désespérément de l’amuser par le dernier jeu à la mode : l’homophonie alitérative, reprise d’un poème célèbre avec moults alitérations dedans.
En partant d’El Desdichado... ah mays je voys quelques incultes qui ne connaissent pas... bon...
El Desdichado
Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé
Le prince d’aquitaine à la tour abolie
Ma seule étoile est morte est mon luth constellé
Porte le soleil noir de la mélancolie
Dans la nuit du tombeau toi qui m’a consolé
Rends moi le Pausilippe et la mer d’Italie
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé
Et la treille où le Pampre à la rose s’allie
Suis-je Amour ou Phoebus, Lusignan ou Byron ?
Mon front est rouge encore du baiser de la reine
J’ai rêvé dans la grotte où nage la sirène
Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Acheron
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Gérard de Nerval
Donc ! Lu par Zyzy le Zazou, cela donne :
El Desdichadal
Je suis le cérébral, le val et l’intégral
Le prince apalatiale à la tour infernale
Ma seule étoile est mâle et mon luth carnaval
Empale le soleil pâle et si mélancolial
Dans la nuit sépulcrale toi qui eut mon aval
Rends moi le Parsifal et la mer italiale
Mon amour floral, à mon coeur hivernal
Et la treille où "Pas mal !" aux râles s’associale
Suis-je astral ou foetal, lusignal ou spirale ?
Mon châle est graal bancal de l’oral royal
J’ammoral dans les cales où s’aquale le squale
Et j’hâle, bitriomphal, par les gales alluviales
Mitraille sans intervalle sur la lyre Orphiale
Râles hagiographiales et cri paranormal !
Géral de Nerval
Apalatial : sans palais.
S’aquale : se prononce "akoi". Se plonger dans l’eau.
El Desdichadant
Etant l’obténébrant, le vent, l’incontinent
Le prince aquitan au pilier chancelant
Mon seul sextant me ment et mon luth constamment
Pends le soleil rhénan mélancoliquement
Dans la nuit des ossements, toi qui va consolant
Rends moi l’Afghanistan et la mer des salants,
L’OTAN qui plaisait tant à mon coeur insolent
Et le flan où le pampre à l’attenant s’attends.
Suis-je amant ou pédant, Lusignant ou Tyran ?
Mon gland est rouge à temps du calmant castillan
Dévêtant dans l’étang où s’étends le flêtan
Et j’ai cent fois gagnant traversé l’aléthement
Modulant chaque temps sur le chant Orphysant
L’étirant sacrement, le beuglement géant.
Le Gérant Enervant
Aléthement : jeu de mot douteux. Ne pouvant mettre "achéron" (un des fleuves de l’enfer), on a remplacé par le Léthé. Traversé le Léthé devient donc Aléthement. Oui je says c’est tiré par les cheveux. Enfin dans le cas de Zyzy, par les dreads.
El Desdichadar
Je suis l’enluminar, le var et le crevard
L’anar des côtes du Gard à l’avatar pénard
Ma seule star se marre et mon luth Yamahar (je sais, je sais)
Pare le soleil noir de la sinistre mare
Dans la nuit du coltard toi qui me désempare
Rends moi l’âme maggyare et la mare nostrare (id.)
Le phare qui plaisait tard à mon car de mignard
Et la Sarre où l’Panar à l’Alcazar s’amarre
Suis-je avare ou fêtard, Lusignar ou Lazare ?
Mon balzar part en barre par la tare réginare
Coups de barre dans la mare où se gare le bar
Et par deux fois victoire, j’achéronnare dare dare
Partant de barre en barre sur la guitarre Orphiare
Le boudard monacar et la criard loubard.
Gérard de Nervar
El Desdichadac
Je suis le type en black, le sac, le Rastignac
Le mac en plein mic-mac au Mac do qu’eut ATTAC
Mon seul kodak : patraque, et ma laque en cornac
Empaque le soleil, tchak !, de l’âme d’élan coliaque.
Dans la nuit insomniaque, toi qui fut ma cosaque
Rends moi donc le Larzac et la mer d’Ithaque
La flaque qui prozaque mon coeur que rien ne claque
Et le trac où le pack à l’arnaque s’attaque.
Suis hamac ou matraque, Lusygnac ou Vitrac ?
Mon frac est rouge en vrac du smack de la réac
Si comaque dans le lac où kayake le yak
Et dans ma contre-attaque, je vaque sur le ressac
Je plaque du tac au tac sur la lyre orgiaque
Couac bosniaque du cognac, crack opaque du zodiaque !
Jacques de Nervaque.
Mais cela ne suffit pas à distraire le Ligore, qui tombe dans un profond sommeil... ... et se réveillera dans deux semaines.
(Tiens, quelle coïncidence, comme c’est curieux et que c’est bizarre !, comme on dit dans Ionesco, Ionescal, Ionescant, Ionescar, Ionescaque).
(See you later, aligator, see you soon baboon).