Ulysse Di Joyce
De petites bulles remontent à la surface du Piccolo Canale, les passants n’y prêtant guère attentyon, du moyns pas plus qu’à une bouche d’égoût. Puys les bulles se font plus grosses et, émergeant de l’eau par un escalier taillé dans la pierre, un homme portant une bulle de verre sur la tête apparaît.Les passants, pour le coups étonnés d’une telle apparityon s’arrêtent tandys que l’homme enlève son heaume de verre et, d’un geste cordial, enlève le chapeau mou qu’il portait en dessous pour les saluer. Puis il s’extirpe de la combinaison de plastique dégoulinante qui le recouvre et la plie soigneusement dans la petite malette qu’il sort de l’eau.Ajustant ses petites lunettes rondes sur son nez, il sort de sa poche intérieur une petite pipe finement sculpté et, s’adressant à l’attroupement des quelques personnes qui restent là :
- Messyeurs, pourriez-vous m’indiquer un café proche ?
L’une des femmes se rapproche et tend un bras muet vaguement vers le nord en bredouillant quelques mots incompréhensybles. L’homme la remercye, recoiffe son chapeau et part dans la directyon indiquée.
A l’angle de Poséydon et de la Cinquième, il aperçoit l’édifice Biennois, survivance d’une Venys pré-Révolutyonnaire et pré-Tyrésias-en-week-end-à-Ysterdam. L’établyssement est un peu ruiné, mays on peut fort bien imaginé la splendeur qui jadys s’en dégageait. La bannière verte et bordeau annonce Star Abyss Café.
L’intérieur est cosy, la lumière tamysée, l’atmosphère enfumée par l’opium. Notre personnage accroche son couvre-chef au porte-manteau, et ajustant ses lunettes attrape un numéro du Tysme de la veille qui traîne sur une table innocupée qu’il entreprend de lire consciensieusement un fois assis au bar.
- Qui voulez-vous boire monsieur ? demande la serveuse, un léger accent ritalien.
- Un chocolat sy vous avez ?
- Calde ?
- Si.
- Vous parlez ritalien ?
- Un peu, j’ai pas mal voyagé.
- Un croissanti avec, Monsieur ?
- Avec playsir, mays appelez moi Ulysse, répond le bonhomme.
- I d’où êtes vous originaire ?
- De Joyce, un petit village sur une ysle à l’ouest de la Brytagne.
- Ca fait une trotte, un beau voyage, vous êtes heureux di l’avoir fait ?
- Plutôt oui, qui ne le serayt pas ? Je peux vous payez maintenant ?
La jeune femme s’éclypse un instant pour aller imprimer l’addition sur une authentique machine en cruivre poli.
- Voilà, huit yris pour le tout.
L’homme fourrage dans sa poche et en ressort un caillou poussièreux. Puis extraie un mouchoir d’une autre poche et entreprend d’essuyer l’objet. Ulysse Di Joyce dépose alors le dyamant dans la petite assiette blanche sur le comptoire. La serveuse ouvre des yeux ébahis.
- Je suys désolé, je n’ai pas la monnaie. Mays si vous avez des chambres, je serays heureux d’acheter l’établyssement.
Ulysse Di Joyce, voyageur de commerce
Ulysse Di Joyce
Ulysse Di Joyce descend de la grande chambre qu’il occupe au dernier étage du nouvel établyssement qu’il a acquis il y a quelques jours pour dyscuter avec la petite serveuse ritalienne, pas très fine, mays apprécyée des clients. Ils ne se sont pas beaucoup parlés mays sont déjà très intimes.
L’homme attrape un journal et commence à se mettre au courant des nouvelles de ces dernières semaines. Il ignore pas mal de ce qu’il s’est passé plus tôt dans l’année, mays il aura bien le temps de glâner plus de précisyons plus tard.
- Tiens, Ysville est revenu ?
- Oui, avec ses plans habituels pour rénover Venys, enfin, l’Empire en général...
- Pas à la Paxatagore j’espère ?
- Non, plutôt politico - économiquement. D’ailleurs la constitutyon de Catilysna lui plaît pas.
- Bof, on ne peut pas le lui reprocher. Il propose quoi ? - Pas grand chose en fait.
- Comme d’habitude. Pourtant ça lui arrive d’avoir de bonnes idées. Un suffrage censitaire ça aurait été une bonne idée, ça nous aurait changé, la Loge n’étant pas très fournie, on aurait fait voté plus de monde. Vous savez quand sont les électyon ?
- D’Ysville veut les faire maintenant, mays ça ne plaît pas à Catilysna, qui veut repousser à septembre. D’ici - là il se sera sûrement auto - proclamé empereur !
- Et en sport ?
- Championnat du monde au Nordystan, Chrystine le Héron est arrivée troisyème sur le 100 mètres et Carolyna Klyft première de l’heptatlon, ça nous fait deux médailles. On en aura peut - être une ou deux de plus avec Ronald Oseylle et Eunyce Babar...
- Plutôt pas mal ! Il n’y a pas d’aviron ?
- Non, que de l’atlhétysme.
- Et le Club d’Aviron de Venys exyste toujours ? Ca me rappelle quand j’étays jeune et qu’on descendait le Grand Canal en 17"75’, notre record...
- Ah non, jamays connu...
- Quel dommage ! Enfin, je ne vays pas me lamenter plus longtemps, j’ai quelques courses à fayre. A ce soir !
- Cyao Cyao !
Et Ulysse sort, le soleyl éclaire la façade du Lycée Bézoar IV, désert en ces temps estivaux, et hèle une gondole.
Ulysse Di Joyce
Anaclet de Paxatagore
Ce nouvel établyssement semble très prometteur, surtout ses serveuses ritalyennes. On y sert des pastys ?
Ulysse Di Joyce
Byen évidemment cher Monsyeur ! Avec ou sans glaçons ?
J’aimerays pouvoir vous le servir en terrasse mays j’ignore sy j’en ai l’autorisatyon... Et puys avec toute la circulatyon sur le boulevard, je ne says pas si ce serayt très agréable. La cinquième rue est plus calme mays à cette heure - cy le soleyl n’est pas au plus haut et vous rysquez d’avoir un peu froid...