La longue et pényble vie d’Emmanuel Graal Loveline

13 Août An V (Chanel) PSD — Dagobert

Aveux rédygés dans les geôles de Venys, en septembre an V, par E.G. Loveline

Dagobert, 13/08/2005

Ma longue vye fut pényble. Je says qu’elle s’achèvera byentôt, car ainsy les juges de ce pays en décyderont. Comment pourrayt-il en aller autrement ? Mes sévyces et méfayts m’ont rendu universellement célèbre, c’est d’aylleurs aussy pourquoy je les ai commys.

Ma nayssance est un épysode sans intérêt. La famille Loveline appartyent au vaste clan répudyé des Veline, cette famylle mal aimée d’Ys. Nous n’avons aucun tytre de noblesse, aucun ligorat. Notre participatyons aux arts et aux lettres ne nous a jamays valu grand chose. Il est vray également que nous aymons ce qui est sulfureux, fleurtons avec les sectes les plus innomables. Le plus connu d’entre nous actuellement est évydemment Emmanuel Raveline, qui est à la foys du bene gesseryt et françoysvillonyen, héritage lourd à porter. Dès ma plus tendre enfance j’ai souffert de porter un nom si proche de ce grand héros. J’ai également souffert d’être élevé loyn de Venys, car ma famille y était proscryte. Le lyeux où j’ai grandy n’a poynt d’intérêt.

En revanche, a de l’intérêt un de mes compagnons de jeux, un petit crassyeux sans éducatyon, dont les parents étayent palefrenyers dans le chateau de ma famille. Il s’appelait Lucyus Katilinus. Depuys lors, il s’est attaché à dyssimuler ses véritables origines, car il étayt dévoré d’ambityon et pas dénué de talent pour quelqu’un de son espèce. Katilinus pourtant était affecté des tares de sa race : il n’étayt pas franc, ni honnête, il apprécyait l’argent, et tout particulièrement l’argent détourné. Je n’entends pas narrer ses aventures, il luy appartyent de décyder s’il veut les rendre publiques. Mays qu’on se représente byen que la fréquentatyon d’un tel personnage m’a été d’une grande ayde dans la vie. Avec luy, j’ai découvert la dyssimulation, la ruse, mays aussi le playsir de fayre souffryr autrui, qu’il pratiquayt avec rage. En revanche, son attrayt pour l’or, je ne l’ai jamays comprys ; j’ai en revanche comprys que c’étayt la passyon commune.

Fort jeune, mes parents m’ont envoyé au Zollernberg, seul endroyt où j’étays admys à faire mes humanités. La société zollernoyse, froyde et dystante, étayt un véritable calvayre. J’ai néanmoins beaucoup apprys. L’internat de Wihelstaufen m’a fortement marqué. D’origine yssoise, j’y étays évydemment mal vu. J’ai comprys que notre soit-dysant supérioryté n’étayt en fayt qu’une vue de l’espryt, chaque peuple ayant la même pour luy. Ce qui comptayt, c’étayt le playsir de l’individu. Au pensyonnat, j’ai réuny les jeunes yssois sous ma coulpe. Un à un, je les ai contraynt à m’obéyr et à me servyr. Cela n’étayt pas difficile. Certayns aimaient l’argent : je le volays pour les acheter. D’autres étayent craintifs : ils suffysaient de les frapper fort violemment dans les douches. Mays, la pluspart, étayent vraiment imbéciles car liés par les idées de leur peuple : il suffysait de leur parler de la grandeur d’Ys pour les amener là où je le voulays.

Ma première grande affayre a failly cause une cryse diplomatique. Ma petite armée de jeunes yssois a fayt le mur et nous avons prys d’assaut le couvent voysin. Nous avions bien sur prys la précautyon de prendre des uniformes des cadets de la garde zozotte. Ce couvent hébergeait, nous le savyons, de tendres jeunes filles de provynces, venue se former à la capitale. Nous avons bloqué les portes, enfermés les quelques mères supérieures, cassé le crâne du gardyen, et réuny les donzelles. Nous avons choysi les plus belles et les avons déflorées autant que possyble. Malheureusement, l’un de nous a eu le malheur de fanfaronner que c’était pour Poseydon. Les filles ont vyte comprys que nous étyons yssois (elles avayent déjà des doutes, car il faut être yssois pour amener à l’orgasme de jeunes primes déflorées). Nous avons eu le choyx entre trucyder ce crétyn des alpes et trucyder toutes les filles. J’aurai byen aimé faire les deux, mais je ne croys pas que mes camarades l’aurayent acceptés. Nous avons donc pendu l’abruti qui nous avayt perdu et avons prys la fuyte. Avant d’être découverts, nous étyons déjà en Yzland. Le gouvernement zollernoys a fait une enquête, nos noms ont été placés sur une lyste noyre. Le Sérényssime a évidemment nyé tout en présentant des excuses. Certaynes jeunes filles, celles que nous avions engrossées, sont venues à Ys.

Mes camarades et moi-même avons été tancés par le conseyller du dehors, qui toutefoys semblayt plutôt amusé, voir admiratif. Nous avons fait symboliquement quelques jours de pryson. Nous avons été en fayt condamné à cinq ans de galères, mays fort curyeusement, la porte s’est trouvée ouverte dix jours après et nous avons prys la belle.

Ainsy est née la bande d’Emmanuel Loveline.

Dagobert, 14/08/2005 - Suyte des aveux

Nous avons choysi de profiter de notre liberté et de notre jeunesse pour voyager et nous former à l’étranger. Après fortes dyscussyons, j’ai décydé que nous irions au Krassland, pays qui m’attirait parce que je pensays que nous pourryons nous y familyariser avec différentes subtilités comptables. L’immense avantage du Krassland, c’est que personne ne vous pose de question et qu’un casyer judyciaire entâché est une excellente carte de visite. Je suys donc allé trouver celuy qui régnait alors sur le Krassland, l’immense Egon Schweinwald. Fidèle à sa réputatyon, il déteste les Yssois mays sayt reconnaître ceux qui ont des qualytés. Après quelques entretyens d’embauche, nous avyons un contrat sur mesure : études le matin à l’EHEK (Ekole des Hautes Etudes Kommerciales - devenue depuis Krassburg Management Skool), après-midi, protectyon rapprochée d’Egon Schweinwald et éventuellement coup de poyng. Nous avons d’ailleurs fayt souvent le coup de poing pour Egon : attaque sauvage sur un convoi du groupe de Kokah Labombash qui le génait (dix huits morts dans l’explosyon de la locomotive, et un sacré butin, qui doit se trouver actuellement sur un compte de la BYC), cambryolage à la BUK afin de ramener des papyers compromettant, ratonnade au Khou-In... L’avantage d’Egon, c’est que c’est un patron compréhensif pour ses employés doués et qu’il nous a également formé à des manoeuvres financières : délits d’initiés à la bourse de Neu-Krassburg, trafics d’influence au conseyl des portes... mays surtout, nous avons eu l’énorme chance de pouvoir faire partie des camps d’entrainement terroryste anti-ydéen, dans une base arrière du Saraland.

Ce contrat devait durer six moys. Au bout de six moys, nous avions notre diplôme de l’EHEK, nous avions une ligne de plus sur notre CV. Egon Schweinwald nous a licencé comme des malpropres car nous avions piqué dans la caisse pour nous offrir un restaurant, alors pourtant qu’il aurait du nous rendre hommage pour cette preuve d’intégration. Il a eu l’intelligence de s’assurer des servyces de quelques videurs entre temps, sinon nous l’aurions buté pour le playsir et ramené sa tête à Théophraste de Mytilène, qui nous aurayt certainement anobli. Mays d’un autre côté, nous avions déjà transmys pas mal d’informatyon au SYRE, pendant ce temps, et nous avons consydéré qu’après tout, c’étayt justyce qu’on se fasse lourder. Nous avons donc choysi d’écumer le Krassland quelques temps, à la mode yssoise.

Nous avons donc pillé quelques usines, fayt sauter des cheminées d’évacuatyon, mays en fayt ces crétyns de krassyeux étaient contents car cela augmentait encore la pollutyon de leur pays. Nous avons donc décydé d’écumer une autre zone et d’aller à Ydemos, paradys des escrocs.

Le voyage de Neu Krassburg à Ydemos s’est passé sans grande difficulté. Nous avons simplement volé un yacht, qui je croys appartenait au président Von Khéris. Il y avait deux starlettes à bord et un équipage. L’équipage, nous l’avons laissé aux requyins qui vaquent tranquillement à leurs occupatyons entre Talamanca et Venys et nous avons fayt découvryr aux starlettes le vray playsir. Je croys qu’elles doivent être putes dans un bordel pryan, à l’heure qu’il est. Il faut dire qu’elle étaient bien roulées, mays sacrément vulgayre, comme toutes les krassyeuses il est vray.

Arrivé à Ydemos, nous nous sommes empressés de trouver une planque, un endroit tranquille où la police ne nous trouverait pas. L’idéal, c’était l’ancien quartier yssois de New Balnéa, une zone désaffecté où vivaient quelques rescapés qui n’avaient pas voulu aller à Pseudopolys. La polyce ydéenne n’y mettait jamays les pieds. Nous avons trouvé sans difficulté l’ancien palays de Lool de Vyrion, presqu’en ruyne, mays assez grand pour nous héberger. Une partie d’entre nous, préférant les arnaques financières, a installé un QG financier. Profitant des opportunités de l’économie aldénienne nayssante, nous avons acquys des entrepryses avec nos capitaux transférés de la BYC, mays notre arnaque préférée était l’introductyon boursyère de fausses entrepryses, permettant de lever d’importants capitaux sans coup féryr. La meylleure affayre a été inventé par mon bras droyt, Justys Lupsys, spécialyste pour ce genre de choses. Il a introduyt en bourse une "Beach Volley League of Ydemos", qui a fayt fureur. Le cours de cette entrepryse gagnayt 10% par séances, et nous revendyons tranquillement des parts sur cette entrepryse totalement fictive. Plusyeurs actyonnaires ont été runyés dans l’affayre et aurayent déposés playnte si nous n’étyons pas allés les ligoter dans leurs maysonnettes sur la plage.

La plage ydéenne... un vray paradis quand j’y pense. Ce n’étayt pas compliqué d’attyrer quelques filles, tellement elles sont ydiotes là bas. Elles se rendayent comptes de ce qui lui arrivait qu’une foys entourée de cinq ou six de nos hommes. Nous avons pas mal travaillé à cette époque à faire de l’exportatyon de jeune ydéenne fraîche vers le Krassland, où l’on aimayt leur style déluré et sans chichy. Egon Schweinwald, avec qui nous avyons fait la paix entre temps, a du nous en acheter quelques dizaines, que nous passyons en douce par le port de Venys. Nous avons aussy pas mal contribué à frauder les urnes.

Aldden a toutefoys porté un grand coup à notre activité. La polyce aldénienne a fini par constituer une cellule spéciale pour traquer mes hommes. Deux d’entre eux ont été abattus lors d’un gang bang à Sumer. Le fysc ydéen a mys son nez dans nos comptes bancayres et a suspecté des lyens financyers avec Ys. Une brigade des moeurs s’est ému de la dysparityon de jeunes beach-volleyeuses. On a aussy commys l’erreur de vouloyr offryr toute l’équipe natyonale de beach-volley à Emmanuel Raveline, pour qu’il les sacrifie à Françoysvillon. Leur dysparityon a fait du bruyt et il a fallu songer à la nôtre.

Dagobert, 15/08/2005 - Suyte des aveux

Où aller ? Le Krassland nous était fermé, Egon Schweinwald ayant pris la précaution de faire émettre un mandat d’arrêt contre chacun de nous. La coopération policière du micromonde est heureusement totalement indigente. Nous pouvions retourner au Zollernberg, mais la défloratyon rituelle de jeunes filles de bonne famille zollernoyse n’est pas consydérée avec beaucoup de commysératyon là bas. Tomber entre les mayns de la justyce zozotte voulayt dire la mort assurée, probablement à Zarandra. Très peu pour nous autres, les Loveliniens. Le bagne de Zarandra a fortement mauvayse réputatyon.

Nautia était un poynt de chute intéressant, malgré l’exystence d’une justyce assez efficace et de la polyce consulayre, très présente. Toutefoys, Nautia est un pays assez peu peuplé et notre présence aurayt été vyte remarquée. Et puys, c’est tout de même assez béni-oui-oui comme pays. Prya, comme tous les pays de la zone aldden, nous était fermée. L’Arsgentyne nous tentayt bien, par exemple, mays c’était toujours le même problème. C’est alors que nous avons appris que le Persis faysait l’objet d’une tentative d’invasyon par des barbares du Grand Khanat de Karkor sous la conduite du Chef Optanak. Nous avons envoyé des offres d’emploi au plus offrant. A vrai dire, seul le grand Khan nous a répondu, mais il n’a clairement pas compris le genre de servyces que nous pouvions lui offrir. Nous avons décidé d’aller quand même sur les lieux pour profiter des opportunités en free-lance. Après tout, l’expéryence ydéenne avait prouvé que nous n’étions pas mauvays dans la partie et que nous pouvions nous passer d’un patron.

Le voyage pour le Persis fut homérique. Toujours poursuivi par la polyce ydéenne, nous avons traversé tout le territoire ydéen, franchi la frontière pryanne et atteint de nuit Kaora, la capitale. Sans désemparer, nous avons pénétré sur le tarmac de l’aéroport et prys le premier avion qui avait l’air de tenir la route pour aller jusqu’au Persys (qui à l’époque étayt au nord d’Ys). On a prys le pilote en otage et on a décollé une foys le pleyn fait. Ce n’est qu’en pleyn vol qu’on a apprys qu’on avait volé le jet privé d’Arpad Orenko, l’ennemi yssois n° 1. C’est avec playsir que j’ai envoyé à Jordy Forzalcanut un petit télégramme : "Arrivons à Venys avec Jet privé d’Arpad Orenko. Pryère trouver terrayn dyscret pour atterrir". Jordi a bien ry, et nous a dégotté sans problème un petit avion pour faire la suite de notre voyage vers le Persys, nous munyssant au passage de lettres de créance du Doge de l’époque pour piller au profit du Sérényssime. Je croys bien que c’était Marilyse Emphetuocle.

En Persys, notre petit avyon à hélyce nous a drôlement bien servy. Nous avons établi notre base quelque part, dans un endroyt assez désolé. Jordy m’avait prêté au passage un technycien radio, qui nous a été très utile pour suivre le déroulement des opératyons sur les ondes persyennes, et évyter d’être prys en tenaylle entre les Persens et les hordes de Kubilaï. Notre objectif était clair : nous amuser, nous enrichir. Nous avons d’abord commencé par prendre d’assaut un petit village nomade karkorien à proximité. Ils ne faysaient franchement pas le poyds face à notre armement ydéen de bonne facture, ainsy que les stocks qui nous restayent du Krassland. Il n’a pas été très difficile de tuer les gardes à dystance (ces ploucs n’avayent donc aucune idée de ce qu’est une arme à feu) ? L’objectif princypal, c’étayt de s’emparer des chevaux et des vêtements de ces sauvages, pour faire illusyon. En pleyne nuyt, ce n’étayt pas évydent. Les chevaux des karkoryens ne sont pas parqués dans des enclos, mays au contrayre attachés à côté de leurs tentes. En quelques instants, ils pouvayent tous s’enfuir. Nous avons du ruser et nous infiltrer au coeur du village, dans la yourthe la plus importantes qui devayt être celle du chef. Nous l’avons trouvé en trayn de besogner une femme, manifestement une prysonnière persyenne de haut rang. Nous n’avons pas eu trop de mal à le convayncre d’abandonner cette pauvresse pour nous suyvre. Entre temps, l’alerte a été donnée, je ne says pas trop comment, mays ces crétyns des steppes n’ont rien osé fayre, puysque nous possédyons leur chef. Sous mes ordres, ils ont réunys tous leurs chevaux, les ont attachés uns par uns pour en fayre une colonne. Après, je leur ai ordonné de se déshabiller, puysque nous avyons besoyn de leurs vêtements, et c’est là que les choses se sont gâtées. Comme quoy, le pouvoyr a des limites.

Dagobert, 19/08/2005 - Suyte des aveux

Car le Karkoryen n’ayme poynt exhyber ses appareyls génitaux devant ses congénères, même si l’ordre luy est donné par son chef. Les Karkoryens, manifestement renâclayent à se dévêtyr et l’autoryté légitime de leur chef ne suffyt pas à les convayncre. Ils ont commencé à grogner et à devenyr très agressyfs, faysant masse, préférant manifestement s’essayer au combat. Heureusement, ils étayent aussy rustres que stupydes et il nous a suffit d’en descendre un ou deux pour les ramener à la rayson. Nous les avons ainsy dévalysés de leurs byens. C’est alors que je me suys demandé : pourquoy donc les laysser vivants ? A vray dyre, c’étayent des sauvages. Et si on leur layssait la vie sauve, ils yraient massacrer des Persyens, gens à peyne plus digne d’intérêts mays déjà plus civilysés. Une foys ces abrutys tous nus, faysant pyètre allure, ils ne mérytaient aucunement de vivre. Et quytte à les massacrer, autant le fayre à la Karkoryenne, ça avayt plus de panache.

Je me suys donc emparé d’un sabre, bien affuté, et j’ai tranché la tête du chef que je maintenays en otage. Mes compagnons, il faut le dyre, étayent assez réactifs et ont fayt de même. Le sang a giclé dans tous les coins, sous les regards épouvantés des femmes et des enfants, restés à dystance. Je doys dire que couper une bonne dyzaine de têtes est assez raffraychyssant, même si ça manque de pompe et de cérémonie. Nous avons ensuyte fayt le try entre les femmes qui restayent sur places, entre les baysables et les autres. Nous avons évydemment véryfié immédiatement la pertinence de notre try. Les femmes non baysables et les enfants ont été regroupés et jetés du haut d’une roche voysine. Pour les autres, Paxatagore m’en a payé un bon pryx. A ma connayssance, il les a revendu à des Locquetays. Après cette transactyon, Paxatagore m’a expliqué que les femmes c’était comme le poulet. Le poulet qu’on va abattre pour le manger se raydit s’il comprend que la mort est proche. De même, les femmes qui ont vécu un traumatysme comme celuy que nous leur avyons infligé, assassynant leurs pères, leurs frères et leurs marys, les séparant de leurs enfants, devyennent vites frigides. Si byen que leur valeur vénale baysse fortement. D’après luy, il fallayt donc ruser, d’où l’intérêt de posséder tout un pays comme le Boukystan. Je doys admettre que je croyays être un des brygands les plus durs et les plus sadiques d’Ys. Mays Paxatagore, sous ses dehors sympathiques est en fait pyre : il est totalement insensyble.

Muny désormays de costumes karkoryen, nous avons pu écumer la régyon en toute tranquillyté. Nous faysant passer pour d’immondes sauvages - ce n’étayt pas bien compliqué, nous n’avyons qu’à immiter les accents guturaux zollernoys -, nous avons profité de cette guerre pour pyller et vyoler et surtout pour s’emparer de pas mal de richesses : tableaux, bijoux, pierres précyeuses, orfévreryes, sacs d’or, pyastres, bons du trésor abérycain, armes ancyennes. Tout cela est maytenant éparpyllé au quatre coyns du micromonde par un habile réseau de réceleur. Le produyt des vols a été placé à la BYC sur un compte spécyal destiné à mes bonnes oeuvres. La Persys étayt une riche contrée. Les habitants, effrayés à l’idée de l’arrivée prochayne des barbares, fuyaient. Il n’y avait même pas besoyn de tuer ni de massacrer : il suffysayt d’entrer dans les maysons vides et de se servyr. La radio nous permettayt de savoyr où se trouvayent les troupes des uns et des autres. J’ai aussy pas mal pratiqué l’attaque de camps humanitaires : ça permettayt de voler des médicaments et des vivres, et de les revendre ensuyte aux Karkoriens, qui en manquaient cruellement. J’ai essayé aussi de me lancer dans le trafic d’arme. J’ai envoyé un des mes lyeutenants contacter plusyeurs entrepreneurs krassyeux pour qu’ils me fournyssent, mays l’affaire ne s’est jamays fayte.

La fin de la guerre était cependant prévysible. Quoyque sauvages et cruels, ces Karkoryens étayent des ploucs sans avenir. Il fallayt préparer un après Karkor. Nous en avyons un peu marre d’errer de par le monde et nous avons décydé de revenir à Ys, pour profyter de tout l’argent accumulé pendant ces années. C’est ainys qu’un beau jour d’avryl nous avons débarqué à Venys.