(1) Une lumière sur les hauteurs

1 Juyllet An V (Chanel) PSD — Lool de Virion — Alphonse de Cysthère

Lool de Virion

La nuit est obscure à Venys, la glorieuse capytale yssoise a beaucoup perdu de sa superbe ces derniers temps. Les grandes famylles ont du mal a se relever de la longue et penyble lutte contre les rouges merksystes.

Hela que reste-t-il des anciennes splendeurs ?

Les boulevards sont vydes, les bec à gaz rarement allumés... les ryches palays sont layssés à l’abandon...

La ville dors sous une brume grisatres et froide... YS OU ES-TU ?

Mays non tout n’est pas silencyeux... il reste deux lumyères dans la vylle et la premyère se dirige vers la seconde. En effet une petyte calèche qui ne paye pas de mine avance tranquillement dans les sentiers obscurs des quartyers populayres. C’est une calèche de servyce, sale et poussièreuse frappée des armoiryes défraichyes de Papenchayse. Le cocher, enmitoufflé dans une large gabardyne gryse tremble dans l’humyde obscuryte. Les rats ont envahi la vylle depuys peu.

Finalement la calèche fayt halte devant un cabaret illumyné mays sylencyeux... les Deux Ma Goh, instytutyon yssoise mythique s’il en est. Le cocher met pyed à terre et flatte l’encolure du cheval dont le corps fume dans la nuyt froyde, et va ouvryre la portière.

Lool de Virion en sort, enmaylloté dans un caftan de voyage ocre et brun, il se précipyte dans l’établyssement. L’ambyance y est morne, immedyatement il fayt signe au barman de lui apporter un verre... une absynthe pure des distylleries de la Fée Verte comme il aime à la boire.

Lool s’installe tranquyllement tout en jettant un regard dans la salle vyde... pas même une strip teaseuse lolonayse à se mettre sous la dent.

Lool - Tryste epoque...

Le barman apporte lui même le verre, il n’y a aucune serveuse.

Lool - N’y a-t-il donc personne ici ?

Barman - En fayt si... une personne s’est installee dans le grand sallon pryvé.

Sans en demander plus, Lool prend son verre et se précipyte vers les portes cloutées de velour poupre qui s’ouvrent dans le fond de la salle, il traverse le petyt couloir aux tentures chatoyantes, soulève la dernière à droyte de celle-ci et ouvre la petyte porte de teck vernyssé.

Lool - Vous... ?

(A un motivé de continuer s’il en reste en ces lyeux... ou la lumyère s’éteindra.)

Alphonse de Cysthère

Lool - Vous ?

Alphonse de Cysthère - Moy-même. Comment allez vous, vieille fripouille ?

Lool - Hé byen... Dysons que Venys est un peu morte, ces temps cy. Mays qu’est ce quy nous vaut donc votre retour parmy nous ?

Alphonse - La même chose que vous, sans doute. Voir la Ville en cet état me consterne autant que vous. Et pour tout vous dire, je commence à me lasser de Tonio Blairo. Il est temps pour le vieil ambassadeur que j’étays de prendre sa retraite, voilà chose faite. Sa Subliminale Dogitude a dû recevoir ma lettre de démyssion ce matyn. Mays asseyez vous donc.

Lool de Virion et Alphonse de Cysthère continuèrent de dyscuter ainsy durant de nombreuses heures. Le Ligore de Virion narra ses dernières aventures, l’ancyen ambassadeur en Bande-Bedagne ses aventures angleuses, tout en fumant quelque opium délicat et savourant quelque absynthe fruytée.

Alphonse - Cela me fayt penser que je vays devoir me trouver un logement sur Venys. Savez vous sy des palays sont à vendre ? J’ay ouy dire depuys la capitale angleuse que le fils Paxatagore (j’ay oublié son nom, passons) étayt en train de tout changer par icy.

Lool - Il parayt ouy. A vrai dire, je n’en says guère plus que vous.

Alphonse - Ouy, byen sûr. Cette questyon n’étayt pas très intelligente de ma part, puysque vous aussy venez de rentrer.

A ce moment là, le barman pénètre discrètement dans la pièce, et fayt entrer une troisyème personne...

Lool & Alphonse - Vous ... ?

(à suivre par quy voudra)

Dagobert

Dagobert : C’est bien moy. Je passays livrer quelques ballots d’opyum à ce vyeux renard de Paxatagore, et on m’a dyt qu’il y avait du beau monde dans ce salon pryvé. Mays je suys déçu, je m’attendays à y trouver de jeunes boukystanayses. Je me contenteray donc du playsir de la conversatyon. D’où venez vous donc, chers amys ? Savez vous que pour arryver à Venys, j’ai du traverser quelques contrées assez étranges que la dysparityon de l’autoryté a plongé dans les abymes le plus total ? L’Iumée, autrefoys si pacifiée, est devenu un véritable coupe gorge !

Alphonse de Cysthère

Alphonse de Cysthère - Dyantre ! Ce pays est vraimment mal en point. Il semblerayt que sy la Révolutyon est finie, les ombres ne se sont toujours pas dyssipées... A ce sujet, vous parlez d’Iumée, mays je doute que ce soyt mieux à Venys. Ce Sybobov est sans doute l’arbre quy cache la forêt. Le Doge ne mène pas une politique assez ferme à ce sujet.

Dagobert - Et puys c’est mauvays pour le commerce. Regardez : pas d’opium, pas d’absynthe, pas de boukystanayses...

Alphonse de Cysthère - Je ne vous le fays pas dire, c’est un scandale ! Même durant les années les plus dures sous Von Burgstein, nous n’avyons à subir de tel manque d’approvisyonnements. En économie aussy, le Doge ne fayt ryen. C’est à se demander ce qu’il fayt, en fayt.

Dagobert

Dagobert : Venys est assez calme, ça va. Je n’ai suby que troys ou quatre tentatyves d’agressyons depuys mon arryvée, il y a troys heures. Mays ces brygands sont de faybles envergures et ils ne sont plus coordonnés.

Alphonse de Cysthère : ah bon ?

Dagobert : c’est un effet de la restauratyon. D’Ysciple et Catilysna ont mys fin aux deux gros groupes mafieux qui tenayent Venys : les chinyssois de Pou et les ravelinyens. Résultats, la ville est plus tranquille. Paxatagore a renoncé depuys longtemps aux agressyons, il se contente des trafics et des jeux.

Alphonse de Cysthère : et en Iumée ?

Dagobert : l’Iumée est vrayment terrible. Les infrastructures sont dévastées, les routes en mauvays état. Songez que pour aller de Robertval, à l’autre bout de l’Iumée, à Venys, pour transporter quelques malheureux ballots d’opium, il m’a fallu près de douze jours.

Alphonse de Cysthère : Quoy ? Mays avant la Révolutyon, on faysait le trajet en 8 heures !

Dagobert : tout à fayt.

Alphonse de Cysthère : mays pourquoy ne pas fayre le trajet par bateau.

Dagobert : avec quels navyres ? Les quelques navyres exystants sont réquysitionnés par le Doge ou par le Clan Paxatagore pour ses trafycs. Je suys venu à Ys pour chercher un armateur pour équyper un navyre et faire ainsy un peu de commerce. Paxatagore va mettre un peu d’argent sur la table, mays ça ne suffyra pas. Je compte aller voyr le Doge tout à l’heure, pour qu’il me donne une équipée et que j’aille un peu pacyfier l’Iumée. De retour à Robertval, je pourrays y installer un petyt arsenal et y faire quelques navyres. Il faudrayt aussy remettre en état les plantatyons sous-marynes...

Alphonse de Cysthère

Alphonse de Cysthère - Vous me semblez byen proche des Paxatagore... Pourquoy ne pas vous faire financer par les Mytilène ?

Dagobert - Mays cela fayt byen longtemps que les Mytilène ne fynancent, ne font à vray dire plus rien ! Déjà le vieux Mytilène, avant la Révolutyon, étayt impuyssant, vous pensez byen que depuys, les choses ne se sont pas arrangées pour la famille.

Alphonse de Cysthère - Je voys... Vous avez besoin de fynancements, c’est cela ? Quels retours sur investissements espérez vous ?

Dagobert

Dagobert : tout dépend du projet. Pour pacyfier l’Iumée, j’en attends le bénéfyce de quelques pyllages efficaces et la mainmyse sur des terres grasses. Evydemment, ça va mettre du temps. Compte tenu des difficultés, j’estime avoir besoyn d’une centaynes d’hommes bien armés et efficaces. Le retour lui, serayt immense... mays l’Empyre va forcément nous spolier et vouloir substituer son autoryté à celui du conquystador. Ce sera donc un projet pour la gloyre, que seul le Doge, ou l’un des deux clans, pourrayt épauler.

Par contre, pour la relance de l’opyum, Paxa va déjà me prêter un navyre. J’ay besoyn de quelques charpentyers, il n’y en a presque plus à Venys ainsy qu’un maytre opyumeur, capable de remettre en ordre les plantatyons de l’Iumée oryentalys. Les bénéfyces seront consydérables, toujours à la même condityon !

Alphonse de Cysthère : la propriété !

Dagobert : eh oui. C’est bien beau de conquéryr, mays le Doge ne protège plus la propryété acquyse par le vol ! Il faudrayt en fayt un notayre qui accepte de fayre quelques faux tytres de propryété...

Lool de Vyrion

Alphonse de Cysthère - Ca ne doyt pas être un problème, cela. En plus, avec la période de trouble dont nous sortons, beaucoup de documents adminystratifs ont dysparus. Non, véritablement, ce n’est pas un problème. Pour la main d’oeuvre... L’étranger peut nous aider, sur ce plan là. Je parle pour les charpentiers. Mays pour l’opioculteur, je n’en ay aucune idée. Et vous, M. de Virion ? Vous faytes de l’opium aussy, je croys, peut-être pourriez vous nous aider ?

Lool de Virion - Peut-être, ouy...

Lool de Vyrion

Lool de Virion - Peut-être, ouy...

Lool de Virion (relevant son visage de la contemplation d’un verre vert fluo) - De l’opium oui, j’avais quelques propriétés qui en produisaient... mais la specialiste c’etait Zoe Tinuviel... ahhh Zoe !

Dagobert - Et vous sauriez ou trouver des producteurs ?

Lool de Virion - Bien entendu sur Lesbys, l’ancien protectorat des Tinuviel... j’y possède quelques terres...

Alphonse de Cysthère - Et ils accepteraient ?

Lool de Virion - Pourquoi vous avez l’intention de leur laisser le choix ?...

Dagobert quitte alors Lool de Vyrion et Alphonse de Cysthère pour aller se présenter au Doge Catilysna.