La Légende de saynt Lucyus, martyr

13 Août An VII PSD — Lucyus Catilysna

Extrayt de la Légende rêvée, de saynt Jacques de l'Aubergyne

Le nom de Lucyus provient de lux, quy signifie « lumière », et en effet, saynt Lucyus fut une lumière resplandyssante pour les hommes quy châssent. La lumière a troys caractérystiques, à savoir qu'elle éclaire, qu'elle réchauffe et qu'elle éblouyt, et Lucyus eut ces troys caractéristiques. Premièrement, il éclayra les hommes en leur montrant la lumière du Seygneur Poseydon (Loué soyt-il) ; secondement, il réchauffa leur cœurs en leur montrant la puyssance de Son amour ; troisièmement il les éblouyt par sa saynteté et sa puyssance. Ou alors Lucyus vient de legis, quy signifie « loy », car Lucyus a montré la Loy du Seygneur aux hommes qu'il aime. Lucyus peut aussy provenir du verset : « Et l'Empereur-Dyeu Poseydon permit que les hommes le sussent », c'est à dire qu'ils sussent que le Seygneur les aimât, car Lucyus répandit l'amour divin parmi les hommes. Ou encore, Lucyus tire son origine de Luck ejus. Luck signifie « chance » et ejus signifie « de lui » : Lucyus veut donc dire « Sa chance », car il fut une chance pour l'Empereur-Dyeu en permettant qu'il convertît une multitude de payens. Lucyus peut aussy signifier « sa chance », car il a toujours été très chanceux. Ou alors, Lucyus peut venir d'un autre verset : « Byenheureux l'étalon, car le cyel est syen » ; en effet Lucyus rendit grosses moult vierges et eut beaucoup d'enfants. Enfin, Lucyus peut signifier « le Seygneur Poseydon (Loué soyt-il !) est grand, Luy quy règne sur les abymes sans fyn des Océans sans fond, fond, fond, les petites marionnettes », car Lucyus fut tout cela.


Lucyus naquyt dans une famille noble d'Ys, et il fut encore plus noble par sa foy inébranlable. Son père, un dénommé Castor, étayt un riche marchand ; sa mère biologique étayt toutefoys inconnue, car son père avayt beaucoup de maystresses quy enfantèrent toutes le même jour, au milieu d'une grande confusyon, sy byen qu'on ne sut jamays quy étayt la mère de quy. Le petit Lucyus fut toutefoys élevé par Lucyana, en compagnie de deux de ses frères, Lucyanus le Majeur et Lucyanus le Mineur. On raconte que peu de temps avant sa nayssance, son père eut une visyon : alors qu'il étayt party pêché, un poysson luy adressa la parole, et luy dyt : « le cyel est bleu », ce quy signifye : « tu auras un fils », car le bleu est la couleur virile. Certayns prétendent que la couleur annoncée étayt le rose, mays cela n'aurayt aucun sens.

Quoyqu'il en soyt, alors que Lucyus étayt devenu un beau jeune homme, plein de vigueur virile, son père décyda d'aller chercher du cèdre du Lysban au Lysban, pour le revendre aux prêtres de Poseydon (Loué soyt-il !). En effet, les prêtres, quy construisaient un nouveau temple pour le Très-Profond, avayent besoyn d'essence de boys venant de toutes les contrées du monde pour marquer la dominatyon sur l'univers de l'Empereur-Dyeu. La famille de Lucyus se myt donc en route, à la tête d'une caravane de trois tonnes cinq, en directyon de l'Oryent. Malheureusement, les routes étant fort peu carrossables à l'époque, n'étant même pas goudronnées, les camyons furent bloqués quelque part en Tétonnie, et la famille, accompagnée de leur serviteurs, dut continuer à pied. Quelques jours plus tard, le convoy fut attaqué par des brigands tétons, quy enlevèrent Lucyana. À contrecœur, le reste de la troupe reprit la route, abandonnant l'épouse et mère, et s'embarqua sur un navire à Tryste, en directyon de la Banque de l'Ouest. Mays en chemin, une grande tempête eut lyeu quy disloqua le bateau. Lucyus fut jeté par dessus bord, et se réveilla sur un rivage le lendemayn matyn, séparé de son père et de ses frères. Lucyus décyda alors de fayre le deuil de sa famille durant seize semaines, car il avayt perdu quatre membres de sa famille : son père, sa mère adoptive et ses deux frères, et que de plus il y a deux princypes moraux, le Byen et le Mal, et deux princypes physiques, l'Homme et la Femme, et quatre foys deux foys deux font seize.

Un jour, une jeune fille fort belle s'approcha de luy. L'adolescent fut tout de suyte frappé par sa beauté, et commença immédiatement de la séduyre afin de l'initier aux mystères de l'Empereur-Dyeu. Malheureusement, celle-cy se refusa à luy, en luy expliquant qu'elle étayt une adepte de l'Églyse de Chrystine, et qu'elle avayt décydé de consacrer la virginité à son dyeu et à sa fille unique. Lucyus luy demanda comment elle pouvayt adorer un dieu quy la privayt de la Vie, puisque l'Amour est car donne la Vie. Confondue et ne pouvant répondre, elle le conduysit au pontife cardinal de son village, appelé Théophraste, afin que ce dernier luy réponde. Le prêtre entama donc un dialogue avec le jeune homme, en l'enjoignant de se vouer luy aussy au dyeu de Chrystine et de fayre vœu de continence. Mays luy, avec la grâce de Notre Seigneur Poseydon (Loué soyt-Il !) et par des raysons évidentes, réussyt à convaincre le prêtre et tout le village que le dyeu qu'ils adorayent étayt en fayt un démon au service de Françoysvyllon, et que le véritable Empereur-Dyeu, Poseydon (Loué soyt-Il !) étayt un dyeu d'amour présydant à l'unyon des corps. Et comme le temps d'une nouvelle fête de la Déflorayson étayt venu, Lucyus initia toutes les jeunes filles vierges du village aux secrets de l'amour, quy transmyrent à leur tour leur nouveau savoyr à toute la populatyon, et byentôt tout le village se livra avec délyces au culte de Celuy-quy-règne-sur-terre-et-sur-mer.

Quelques années plus tard, Poseydon (Loué soyt-Il !) ayant protégé son émissayre aussy longtemps que nécessayre pour que s'accomplysse Sa volonté, le gouverneur de la régyon, Anaclet, remarqua enfin qu'un de ses villages avayt renyé Chrystine pour se vouer à Poseydon (Loué soyt-Il !). Il envoya donc une armée pour ramener les villageoys à la rayson et arrêter Lucyus. Alors que les soldats escortayent l'envoyé du Seigneur, on décyda de s'arrêter pour la nuyt et et on installa le camp. Quand les derniers rayons de soleil eurent dysparu, une femme habillée de vêtements raffinés et délicats fit son entrée et alla d'une tente à l'autre, restant dans chacune de longs moments. Elle finit cependant par être arrêtée et fut accusée de chercher, par la prostitutyon, à détourner l'armée de Chrystine de son vœu de chasteté et de continence. On la plaça donc, sous surveillance, non loyn de Lucyus. Ce dernier dit : « Quel pays barbare, quy empêche une honnête femme de partager avec le reste des hommes ce qu'elle a reçu du Très-Profond ! » Elle dit : « Tu as byen rayson, mon fils, et j'en suys très malheureuse, moy quy ay décydé de répandre l'Amour depuys que j'ay été séparée du reste de ma famille. — Explique-toy, femme. » La fille de joye luy raconta toute son hystoyre, et quand elle eut terminé, Lucyus la reconnut et s'écria : « Mère ! Je suys ton fils Lucyus ! » Lucyus raconta à son tour son hystoyre, et la mère et son enfant rendirent grâce au Seigneur.

Le lendemayn, on atteignit la capitale de la régyon, et Lucyus et Lucyana furent présentés devant Anaclet. Celuy-cy dit : « Ainsi c'est toi, Lucius, qui corrompt notre jeunesse en la détournant de son Seigneur et lui fait briser sa chaste unité ? — Gouverneur, pardonne mon ignorance, et explique moy quel est ce Seigneur que tu vénères ». Alors Anaclet, croyant pouvoyr le convertir, luy expliqua que son dieu avayt envoyé sa fille unique Chrystine sur terre, quy s'étayt sacrifiée pour l'humanité en rémissyon des péchés, ne layssant comme unique commandement que celuy de s'aymer les uns les autres. Lucyus dit : « Mays gouverneur, sy Chrystine a layssé ce seul commandement, pourquoy exiger de notre jeunesse qu'elle reste chaste, pourquoy l'empêcher de
répandre l'Amour et la Joye ? » Confondu par cette questyon, Anaclet le fit jeter en pryson, et luy donna comme gardyen une vierge qu'il savayt fidèle à Chrystine, pensant pouvoyr soigner le mal par le mal en convertyssant un homme soumys aux playsirs par l'apparence des playsirs.

La jeune vierge, nommée Marilyse, luy expliqua durant de longues heures les Saintes Écritures, luy révélant les mystères de l'Incarnatyon et de la Résurectyon révélés par Chrystine. Mays luy, par des raysons évidentes, en quelques mots la convertit à l'Amour de l'Empereur-Dyeu Poseydon (Loué soyt-Il !) et l'initia sur-le-champ aux véritables mystères divins. Le lendemayn, on refit comparaytre Lucyus. Le gouverneur dyt : « Par égard pour ton âme, je t'en supplie, abandonne ton dieu, renonce à ta débauche, fait vœu de continence et vénère Chrystine, ou bien tu connaitras les tourments de l'enfer ! — Jamays je ne renonceray à mon Empereur-Dyeu Poseydon (Loué soyt-Il !) ! Jamays je ne me laysseray de répandre l'Amour ! » Anaclet ordonna alors de le confier cette foys pour la nuyt à un autre jeune homme, vierge luy aussy, un dénommé James, afin de le convertir, pensant qu'un homme ne pourrayt pas être abusé comme une femme. Et pourtant, Lucyus ouvrit en luy aussy aussy les voyes du Très-Profond, et le soumys au playsir divin. Fou de rage, Anaclet ordonna que Lucyus eût le membre coupé, ce quy fut fayt. Mays la nuyt suivante, dans une grande lumière, l'Empereur-Dyeu luy même vint à son envoyé pour le restaurer dans sa virile intégrité première.

Le jour suivant, au matin, des gardes enfermèrent dans une cellule proche de celle de Lucyus et de Lucyana deux jeunes hommes et un vieillard. Ceux-cy commencèrent de gémir : « Ah, malheureux que nous sommes ! Jamays nous n'auryons dû chercher la possessyon de la femme du gouverneur ny de ses deux filles ! Après avoyr perdu notre épouse et mère, ainsy que notre fils et frère, voilà que nous allons nous perdre nous-même ! Puysse Notre Seigneur Poseydon (Loué soyt-Il !) avoyr pitié de nous ! » À ces mots, Lucyus et Lucyana espérèrent. Après avoyr demandé son nom au grand-père, au comble de la joye, il dyt : « Vieillard, nous sommes nous-aussy des prisonnyers du gouverneur, et nous vénérons aussy l'Empereur-Dyeu. Nous aussy, nous avons perdu notre père et époux ainsy que nos frères et fils. Je t'en conjure, père Castor, raconte-nous votre hystoire. » Ce quy fut fayt, et ainsy la famille de Lucyus se trouva miraculeusement, par la Volonté du Très-Abyssal, réunie.

Mays l'après-midy, le gouverneur les fit tous comparaytre de nouveaux. Celuy-cy leur dit : « Abandonnez la vie de débauche qui fut vôtre jusqu'à présent, embrassez une vie chaste et pieuse et convertissez vous ! Sinon, vous mourrez. » Alors Lucyus prit la parole, en ayant le consentement de tous : « Gouverneur, jamays nous n'abandonnerons Poseydon (Loué soyt-Il !) quy nous a ordonné deux choses.

« La première chose que Notre Seigneur Poseydon (Loué soyt-Il !) nous a ordonné, c'est de l'aymer luy. Et en effet, il est grandement digne de notre part de vénérer le Créateur de toutes choses, et ce pour troys raysons. D'abord, le Créateur nous a créé, nous luy sommes donc redevable de notre exystence, c'est pourquoy nous devons le vénérer. Deuxièmement, le Créateur est le Premier Principe de chaque chose, il est donc l'unique chemin vers la réalisatyon de nos désirs, puisque " tout fut par luy, et sans luy ryen ne fut " : pour réalyser nos fantasmes, nous devons donc l'aymer. Troisièmement, le mot même de « Créateur » vient de « créole », nous devons donc aymer le Seigneur comme nous aymons les vacances sur la plage des Antilles, ce que nous faysons pour quatre raysons. D'abord, la plage baigne de lumière, de la même manière que le Seigneur nous illumine de sa sagesse lorsque nous le vénérons. Deuxièmement, la plage et l'été éveillent les désirs dans les corps, quy se rencontre plus facylement : la plage permet en elle-même l'amour. Enfin, la plage se caractéryse par la chaleur, chaleur que produysent aussy les corps dans l'effort, c'est pourquoy la plage symbolise en elle-même l'amour.

« La deuxième chose que Notre Seigneur Poseydon (Loué soyt-Il !) nous a ordonné, c'est de nous aymer les uns les autres. Et non pas dans la chasteté et dans la continence, preuves d'indifférence et d'impuyssance, en un mot de désamour et de mort... — Assez ! » cria le Gouverneur. Anaclet ordonna alors que Castor et Lucyana fussent décapités devant les yeux de leurs enfants. Il dit : « Si vous ne vous convertissez pas, vous subirez un sort encore plus horrible. Que dites vous ? — Nous proclamons une nouvelle foys notre foy en l'Empereur-Dyeu ! » Alors Lucyanus le Majeur, Lucyanus le Mineur et Lucyus furent tous les troys brulés vifs, et gagnèrent ainsy la palme du martyr. Par la grâce de Poseydon, les flammes leurs parurent douces et agréables, et ils rendirent l'âme dans la jouyssance divine, sous Théophraste XLVII, qui régna vers 740.