Edorel Gatline de Mytilène
Acte I - Une rencontre impromptue
L'hiver se faisait mordant en ce début d'année et Nautia était noyée sous les masses d'air descendant du nord accompagnant les froideurs de Storalt. Non pas qu'il y neigeait, mais il pleuvait des trombes et des trombes à n'en plus finir. Certes aucun risque d'inondation (sur une île !) mais le fait est qu'il était impossible de faire quoi que ce soit nécessitant de se déplacer sans être tremper jusqu'à l'os. Bref à Talamanca personne ne mettait le nez dehors. Les affaires de l'ONA tournaient au ralenti et ce n'était pas due à la météo. Edorel fixait le monde derrière la baie vitré de sa village. Tout n'était que grisaille, et pourtant il était seulement deux heures de l'après-midi.
Pour la petite famille d’exilé c'était comme être en prison. On était bien mieux au chaud, le problème c'est que les maisons nautiennes sont taillés pour gardé la fraîcheur de l'été, et non pas l'inverse en hiver. Les radiateurs tournaient à plein-régime et le thermomètre peinait à dépasser les dix-neufs degrés. Les sœurs Gatlines pestaient contre leur petit frère, resté en Avaricum ou les rigueurs de l'hiver étaient adoucies par les eaux chaudes remontant de l'océan de Mésogée. Il y en a qui ont de la chance (et se gardent bien de le crier sur les toits).
Quand il n'y a pas grand chose à faire dans ces moments-là il fallait trouver à s'occuper comme on pouvait. Pour Edorel cependant le problème était amplifié, il n'avait touché aucun de ses instruments. Le temps d'habitude inspirant, n'avait aucune musicalité. La pluie n'était que bruit blanc. Il jurait et maudissait la météo (blâme les scanthélois et leur crétin de dieu du froid). Il restait là les yeux mi-clos et les mains dans les poches à regarder le dehors grisonnant. Quand l'un de ses aides de camp le tira de sa torpeur.
« Monsieur, un appel de l'Argoz. Des gens demandent à voir un ''responsable''.
-Redirigez-les vers le bureau des plaintes.
-C'est ce que nous avons fait Monsieur. Mais ces gens n'ont rien voulu savoir et veulent rencontrer quelqu'un. Apparemment ça serait urgent. »
Edorel soupira. Il n'avait pas envie de bouger. Il n'avait envie de voir personne, ni sa femme, ni ses filles, ni Müller, même son propre garde-du-corps, il évitait de l'avoir dans son champ de vision. Et en plus, il pense couver une vilaine grippe. Malheureusement pour lui, personne à l'ONA ne suit les procédures, même basique. Quand on dit à quelqu'un d'aller au bureau des plaintes, il va directement voir le secrétaire-général (ou son adjoint quand on est moins téméraire). Heureusement, ils ont encore deux semaines à tirer avant de tirer leur révérence. Malheureusement, c'est comme si le micromonde entier se moquait complètement de cet état de fait. Il soupira à nouveau.
« Donnez-moi dix minutes, que j'enfile quelques épaisseurs. »
Malgré plusieurs épaisseurs et un parapluie dans chaque main. Edorel ne manqua pas de se prendre un déluge en pleine poire. Et ceux malgré qu'entre la porte d'entrée et la voiture il n'y ai que quelque mètres. La voiture manœuvra avec peine pour rejoindre la route et entrer dans Talamanca. Elle se gara à la dépose-minute le plus près possible du hall d'entrée de l'ONA. C'était un curieux bibendum qui se présenta. Caparaçonné contre le froid et la pluie de la tête au pieds avec un ridicule ciré jaune et deux parapluie dans chaque main. Il mit encore dix minutes à se défaire de ses épaisseurs avant d'être plus présentable.
« Il attend dans votre bureau Monsieur.
-Il ?
-Il est seul.
-Bon. »
Edorel entra dans son bureau boitillant et s'appuyant sur l'un de ses parapluie. Il aperçut l'homme assit. Celui-ci se retourna et se leva. Il n'avait rien de particulier. Tout aussi transi de froid qu'Edorel. D'ailleurs celui-ci l'ignora (ou fit tout comme), passa à coté de lui, s'avança vers le radiateur et le poussa à fond. Allant s'asseoir ensuite à son bureau, il alluma l'interphone.
« Katia. Merci de me faire porter un poêle à savonite.
-Tout de suite monsieur. »
Ceci fait, Edorel daigna enfin montrer de l'intérêt vers son interlocuteur.
« Veuillez pardonner tout ça. Les scanthélois nous gratifient d'une météo nordique en total désaccord avec le micro-climat local. Du jamais vu... »
L'homme ne sembla guère perturbé. Malgré une apparence simple, il exsudait une sorte d'aura qu'Edorel avait remarqué mais pas ressentie depuis longtemps.
De la noblesse … L'homme éveilla sa curiosité.
« Mais dites-moi, qu'elle est la nature de votre visite, je n'ai pas eu la moindre info sur votre venu, monsieur ?
-Eh bien, monsyeur. J'imagine fort bien que ma venue n'était pas dans votre agenda. Toutes fois j'ai été mandaté par mes supérieurs pour une affaire sur laquelle ces derniers souhaiteraient que des gens compétents se penchent.
-Bien sur. Laissez-moi deviner, un pays membre de l'ONA a envahit et/ou piller vos terres j'imagine.
-Oh non non... Bien que l'objet de l'affaire relève d'un cas de force majeur quasy-identique...
Edorel mit du temps avant de tiquer sur l'accent du bougre.
-Juste une question …
On frappa à la porte, Katia et le poêle à savonite. Elle entra amena le bloc noir rayonnant de chaleur ainsi que d'une émanation de savonite. Malgré une légère odeur, rien d'incommodant et la chaleur était tout à fait appréciable. Une fois la fonctionnaire reparti, Edorel reprit le cours de sa discussion.
-Qui êtes vous ? Et qui vous a mandaté au juste ?
-Agys d'Audrys, Conseiller du Dehors de Son Altesse Sérényssime la Princesse d'Ys. »
A ce simple énoncé, Edorel manqua de peu de défaillir. Combien d'années n'avait-on plus vues d'yssois en dehors de ce qui restait de leur empire ? Il fixa d'un œil inquisiteur la personne qu'il avait en face de lui.
« Hum... Répétez après moi...
-Non, honnêtement vous pensez sérieusement que j'imite mon accent ? J'ai pas que des sybolleth à faire à longueur de journée moi monsyeur, j'ai une missyon ! »
…
« Un instant. » Edorel évita de lui répondre que la prononciation correct est ''shibolleth'', sorti d'un tiroir sa tablette magique (tactile, mais décidément il avait du mal avec le concept) et envoya un message d'alerte à son acolyte d'infortune. Ainsi qu'un autre à ses hommes.
Code:
Message d'alerte que tu sais puissance 1000.
« Suivez moi. »
Ils quittèrent le bureau de Gatline direction la salle de crise.
Julius Müller de Paxatagore
Julius sortait d'une réunion de commission, elles se faisaient plus rares sur la fin du mandat, les dossiers étant clot l'un après l'autre. Et depuis que Duvalon avait versé une chape de plomb sur le Conseil Permanent, les activités politiques avaient baissés, personne ne voulant proposer de projets qui n'aurait pas la faveur du nouvel homme de main du Chancelier édoranais.
Il ne retourna pas immédiatement à son bureau, bien que le temps n'était pas au beau fixe il sortit sur l'une des terrasses avec préau des niveaux inférieurs du bâtiment pour fumer une cigarette avec le capitaine Blancke, son nouvel adjudant-major zorcadien, la réunion évoquait les questions argenoises suite aux propositions avaroises de reprendre l'application des résolutions concernant le territoire.
Blancke : Les avarois ont été généreux dans cette affaire, les forces confiées à l'ONA permettent de lancer des incursions en profondeur dans le territoire noddien. Les analystes du service cartographiques nous ont envoyés quelques cartes a jour de la zone, nous pourrons lancer l'opération d'ici quelques jours.
Julius : Le Conseil Permanent est calme en ce moment... C'est peut être maintenant ou jamais en effet.
Une légère vibration se fit entendre, Julius sortit son terminal portable - il s'était progressivement remis à la technologie contemporaine depuis avril dernier - lu le message et prit un air grave.
Julius : Gatline veut me voir, je vais en salle de crise... Venez avec moi et appelez Kageneck.
Les deux hommes jetèrent leurs cigarettes et rentrèrent dans le bâtiment.
Edorel Gatline de Mytilène
La salle de crise de l'ONA n'était pas comme on pouvait l'imaginer une sorte de bunker souterrain apte à résister aux pulsions guerrières du premier missile balistique intercontinental venu. Bien qu'il ne figure pas sur les plans des bâtiments de la vénérable institution... Il y avait en fait deux salle, la premier rectiligne était doté d'une longue table ou au moins une dizaine de personnes pouvaient s'asseoir. Sur le mur du fond un écran. Le mur de gauche quand Gatline et l'émissaire yssois entrèrent dans la salle était une simple baie vitrée qui donnait sur la seconde pièce. Il y avait une série de sièges légèrement en gradins et un écran comme dans un cinéma quelconque. A ce détail près qu'il y avait adossé sur le mur une rangée de table doté d'ordinateurs et d'écrans. Quelques personnes y étaient dessus et d'autres regardaient le grand écran en discutant silencieusement (les pièces sont insonorisés). Ecran qui retransmettait d'ailleurs divers informations sur le conflit militaire en cours entre le Krassland et la Francovie. Bien que le terme de "guerre" soit refusé par l'un et l'autre camp, la situation actuelle faisait que ça en était bien une. Et c'était suffisant pour que l'ONA garde un œil attentif aux évènements.
« Asseyez-vous donc. Mon collègue, enfin, mon supérieur ne devrait pas tarder. »
L'yssois obéis et prit place à table, Gatline en fit autant en se plaçant face à face.
« Un rafraichissement ? Je suis navré nous n'avons pas d'absynthe, la seul boisson que j'aurais à vous proposer qui s'en rapproche c'est du pastyz.
-Un pastyz ?
Gatline appuya sur l'interphone. « Katia, deux pastyz dans un tube à la salle de crise.
-Tout de suite monsieur.
-Brave fille. Moi qui croyait qu'une krasslandaise comme elle aurait quelques scrupules à travailler aux ordres d'un ex-zollernois... »
Ladite krasslandais arriva finalement, la bouteille, la carafe et les verres sur un plateau. Elle servit les deux hommes.
« C'est une distillation d'anyz étoilée, une plante que les zorcadiens, je veux dire, les yzlandais produisent. La recette à quelques détails près est similaire à celle de votre absynthe. A ce détail aussi qu'on la boit exclusivement troublé avec de l'eau. »
L'émissaire regarda son tube d'un œil circonspect, le liquide brunâtre devenu gris au contact de l'eau ne semblait pas l'inspirer. Finalement trouvant un semblant de courage, il daigna en avaler une gorgée.
« Oui je sais, ça m'a fait le même effet la première fois.
-Vous parlez de cette soudaine envie de pysser ?
-ahem, non. Un conseille ne buvez pas tout d'un coup. Peut-être serait-il plus appréciable pour Müller que vous pussiez nous expliquer en détail la raison pour laquelle la Sérényssime se décide à quitter son isolement.
D'ailleurs à ce propos... »
Edorel n'en ajoutait pas plus, il avait reconnue la voix de son comparse à travers la porte de la salle.
Julius Müller de Paxatagore
Kageneck avait rejoint les deux hommes dans l'ascenseur qui les menaient dans les entrailles du siège de l'ONA. Pendant qu'ils passaient les contrôles de sécurité, Julius questionnait son directeur de cabinet :
Julius : Il y a quelque chose qui se passe ?
Kageneck : Rien de grave, le contrôle radar naval a détecté un vaisseau s'approchant et ayant pris ancrage dans la baie. J'ai pas eu beaucoup d'informations, ils demandaient a pouvoir débarquer à Talamanca, pas d'armes engagées. La corvette Bucchow les surveille.
Julius : Bon...
Les trois hommes avançaient dans le couloir qui les menaient dans la salle de crise. Passant la porte, Julius remarqua son adjoint en compagnie d'un homme portant une tenue curieuse, un caftan en étoffe fines, ces tenues n'étaient plus portées depuis des lustres... A part dans un pays.
Julius : Edorel... Monsieur. Qu'avons nous ?
Edorel Gatline de Mytilène
« 3, 2, 1... »
La porte s'ouvrit et Muller fit son apparition.
Julius wrote:
Julius : Edorel... Monsieur. Qu'avons nous ?
« Eh bien nous avons, monsieur ...?
-Agys d'Audrys, conseiller du dehors de Son Altesse Sérényssime la Princesse d'Ys.
Muller regarda son collègue, cherchant du regard une explication.
-Monsieur, enfin, monSYeur le conseiller, maintenant que nous sommes réunis peut-être pourriez-vous nous décrire la raison de votre venue à Talamanca. Je suppose que vous n'avez pas traversé la mer Océane juste pour une simple visite de courtoisie ? »
Julius Müller de Paxatagore
Julius resta coi après la présentation du visiteur. Un membre du gouvernement yssois était à Talamanca représentant une princesse inconnue. Ce n’était pas le premier représentant d’un état se revendiquant de l’ancienne Ys mais le port altier du visiteur tendait à laisser croire que l’homme pouvait être ce qu’il prétendait être.
Julius prit place et fit signe a ses deux accompagnateurs de faire de même.
Müller : Conseiller d’Audrys, c’est une vraie surprise de vous voir ici… Les derniers prétendus yssois qui ont foulé le sol nautien étaient… des animaux doués de parole et revendiquant l’héritage yssois, installés dans une baie de l’est de la Katharsys, vous semblez par contre bien loin de ce modèle.
Audrys : Oui effectivement nous avons entendu parler du prétendu empire yssois acratique. Mays il va de soy qu’ils n’ont jamais eu la légitimité de représenter le Sérényssime Empire. Voicy, afin de prouver mon identité et ma missyon mes lettres de créances sygnée de Sa Sérényssime Altesse la Pryncesse Bylitys de Salem.
L’homme sortit un document de son caftan, soigneusement plié dans une enveloppe non scellée et le tendit à Julius.
Le document était une lettre de créance classique écrite successivement en yssois et en langue commune et portant une signature calligraphiée très esthétique. Il n’était pas possible de savoir si le document était authentique puisque nul n’avait eu de nouvelle du Conseil des Portes depuis près de 10 ans. Julius lança un regard à Edorel qui semblait aussi interrogatif que lui. Mais, une fois n’était pas coutume son compagnon n’arborait pas ce regard sceptique à la limite de l’hostile quand une situation semblait échapper à la logique. Il rendit le document au Conseiller.
Müller : Bien… admettons, que pouvons nous faire pour vous conseiller ?
Audrys : Nous avons été renseignés sur l’exystance de l’ONA et de son actualité ainsi que par ses intrépides chefs et il a plu à Sa Sérényssime Altesse de m’envoyer auprès de vous pour vous faire part d’une affaire importante concernant la stabilité des institutyons du Sérényssime Empire. La pryncesse Bylitys pourrait prochainement prendre la tête de l’Empire, bien sur, ce travail a déjà débuté mais il rencontre un obstacle de taille.
Müller : Lequel ?
Audrys : Ys a été conçue par la volonté de Notre Seygneur Poseydon, loué soit il ! Il a confié aux empereurs d’Atlantys, d’Ays puis d’Ys certains attributs du pouvoir remys aux souverains yssois lors de leurs sacres. La couronne impériale, le sceptre, le globe et le trident de Poseydon ont été cachés hors de l’Empire lors du début de la Grande Glacyatyon en l’an VII
Le capitaine Blancke, qui n’y connaissait pas grand-chose profita d’une pause du Conseiller pour poser la seule question bête qui lui venait :
Blancke : L’an VII ? C’est équivalent à quoi ?
Audrys eut alors une moue de mépris en regardant le jeune officier. Julius fusillait du regard son adjudant major avant de lui répondre sèchement :
Müller : Les yssois font débuter leur calendrier a partir de la Seconde Dévastatyon d’Ys provoquée selon les yssois par Poseydon le 17 février 2001 du calendrier commun. L’an VII équivaut donc à l’année commune 2007.
Blancke avait compris le message et n’en rajouta pas, se contentant d’acquiescer d’un signe de tête. Julius se tourna a nouveau vers l’yssois qui reprit :
Audrys : Voilà… Donc plusyeurs caches avaient accueilli le trésor de la couronne yssoise, les éléments du trésor furent répartys séparément. Il y a deux ans, nous avions entreprys de rapatrier cette part importante du patrimoine impérial dans l’archipel yssois. Plusieurs vaysseaux furent dyscrètement affrétés pour aller chercher les artefacts. Tous revinrent, sauf un. Le navire de pêche chargé de récupérer le trident de Poseydon n’a plus donné de nouvelle depuis qu’il avait confirmé avoir retrouvé le trident dans sa cache non loin de New Balnéa à Ydémos. Ce n’est que quelques moys plus tard qu’un survivant de l’équipage parvint à revenir à Ys. Il avait été capturé par des pirates sorabes lui et son navire. Le trident avait été saisy comme butin et l’équipage réduit en esclavage. Et l’on ne peut sacrer un nouveau souverain sans l’intégralité des attributs régaliens.
L’yssois marquait une courte pause, trempant ses lèvres dans le paztyz offert par Edorel, ce dernier imita son hôte. Julius tourna la tête vers la grande carte micromondiale qui remplissait un des murs de la salle. L’histoire semblait crédible, la Mer Océane était une zone de prédilection pour les pirates sorabes, plus encore pour des vaysseau battant pavillon d’états peu ou plus reconnus. Les sorabes avaient ce point en commun avec les orionnais de ne s’attaquer qu’a ceux qui ne peuvent se défendre, un navire de pêche yssois était une cible trop belle pour être manquée.
Audrys : Nous avons alors fait des recherches dyscrètes. Nos marchands syllonnent depuis toujours le Micromonde pour transporter, acheter ou vendre des marchandyses. La Guilde Impériale reçut la consygne d’exiger que ses marchands se renseygnent sur le Trident. Lorsque la Sorabe finit par s’effondrer il y a quelques mois, nous avons pu y dépêcher plusieurs commandos des FSIR sur place pour essayer de trouver des réponses. En vain.
Müller : Choux blancs donc… Que pouvons-nous faire ?
Audrys : Il y a deux mois, nous avons retrouvé un ancyen officyer d’un groupe de navires sorabes, l’ydel l’avait un peu trop fait parler et il avait décrit le trident devant un marchand yssois dans un port pryan. Nous avons exfiltré l’homme jusqu'à Ys pour le faire parler. Son vaysseau avait volé le trident en Sorabe avant de quitter l’île. Il a pu nous indiquer ou il se trouvait et comment le récupérer. Et c’est là que vous intervenez.
L’yssois sortit d’un porte document qu’il avait avec lui plusieurs cartes marines et en fit glisser une sur la table jusqu'à Julius. Ce dernier saisit la carte et prit alors cet air blasé. Soupirant, il fit passer la carte à Gatline.
Müller : Votre trident est là bas ? Vous êtes sur ?
Audrys : Nous avons envoyé une première équipe sur place qui a collecté quelques renseygnement que nous avons pu recouper avec notre source. Il est fortement probable que l’artefact soit sur cette ile. Un endroit que, il me semble, vous connaissez bien non ?
Müller : Ah ça… Ouais, on le connaît ce coin là.
Audrys : Il a plu à Sa Sérényssime Altesse, de m’ordonner de vous demander sy vous accepteriez d’aller récupérer le trident pour le rendre à son propriétaire légitime.
Müller : Vous venez de dire que vous avez des gens sur place non ?
Audrys : Oui, ils n’ont plus donné sygne de vie depuis trois semaines. Et nous ne souhaitons pas attirer l’attentyon, Ys ne doit pas être soupçonnée d’exyster tant qu’elle n’aura pas les moyens de se défendre et d’agir. Mais vous, vous avez mené une campagne d’importance dans le nord il y a peu de temps et avec succès. Vous dysposez de moyens, de vaysseaux et d’hommes. Et les yssois sont généreux avec ceux qui les aident. Nous pensons donc qu’il est possyble de trouver un accord avec vous.
Müller : Je termine mon mandat, probablement le dernier à l’ONA. Et honnêtement j’ai plein d’emmerdes en ce moment. Aller là bas, dans le contexte actuel c’est un suicide.
Gatline : Allons bon. Ce n'est pas comme si un truc comme ça en plus ou en moins allait changer la donne Julius.
Edorel, comme a chaque fois restait discret, si il était prolixe en privé, c’était un homme économe de ses paroles en public. La question resta dans l’air.
Müller : Le droit de passer une retraite tranquille ?
Gatline : La retraite ? Tu tiendra pas un mois avant de t'ennuyer comme un rat mort et à te remettre en politique. Moi la retraite je la prendrai quand je passerai l'arme à gauche et jusqu'à maintenant je n'ai trouvé personne pour m'offrir une mort digne dans la gloire du combat. Là on a une occasion de partir d'ici en apothéose.
Müller : Oui… Puis se tournant vers Audrys : Qu’avons-nous à y gagner ?
Audrys : La reconnayssance d’une future Ympératryce yssoise pour commencer… Pour le reste nous en avyserons sy vous acceptez.
Le directeur de cabinet prit alors la parole :
Kageneck : Monsieur le Secrétaire Général, vous risquez de déclencher une crise en acceptant de vous engager la dedans. Les pryans viennent d’élire un nouveau gouvernement mais ils renouvelleront certainement Duvalon a son poste à l’ONA. Les avarois sont nos seuls alliés au Conseil Permanent et devront être prévenus et…
Müller : Et tout se termine bientôt, la suite ne nous regarde plus. Edorel, t’es partant ?
Gatline tapotait sur sa nouvelle tablette et répondit sans lever la tête :
Gatline : Je suis en train de faire préparer l’Argoz… On prend l'Hermann en plus ?
Müller : Sans doute… Audrys, nous acceptons.
L’yssois sourit fini son verre d’un trait et sortit de son porte documents plusieurs feuillets et cartes qu’il étala sur la grande table.
Edorel Gatline de Mytilène
Edorel approuva encore plus la décision de prendre le porte-avion. De toute façon il y avait une parti du trajet qui ne serait pas praticable pour l'Argoz (Edo n'avait pas trouvé le moyen de transformer le navire en méca amphibie). Et les libertins avaient réussi à remettre en état de vol un avion transporteur qui prenait la poussière à fond de cale. De plus un éclaireur aérien permettrait sans doute d'aller tâter le terrain. C'était mieux que le malheureux hydravion avec lequel les Mullers s'étaient fait la malle du Zollernberg, et la Cyva bi-place taillé pour un rallye qui n'a finalement jamais eu lieu...
« Mais dites-moi, comment pouvez vous être au courant de ce qu'il se passe dans le micromonde malgré votre isolement ?
-Nous écoutons les transmissyons radios, nous captons également les donnés sans-fil, ceci en plus de nos marchands et ressortyssants qui vont et viennent incognito dans l'archypel.
-Isolés mais pas ignorants...
-Le SYRE est toujours actif.
-Ceci explique cela.
Les yeux pleins de brillants (Edorel connaissait la réputation du SYRE) il se tourna vers Julius.
-Ca va prendre un temps certains de préparation tout ça. Le temps d'expédier les affaires urgentes (si jamais il en pope une) et de préparer le matériel et les hommes. Pas de départ avant après-demain. »
Julius Müller de Paxatagore
La décision était prise, Julius demanda alors à Kageneck d’aller au cabinet du Secrétaire Général pour préparer les détails institutionnels et transmettre les ordres de mise en alerte du Hermann Müller ainsi que la préparation logistique du vaisseau.
Gatline terminait d’envoyer ses ordres à l’Argoz.
Aussitôt, le port de Talamanca redoubla d’activité, les marins regagnaient leurs vaisseaux ou ils étaient rappelés. Les rares Casques Blancs qui étaient encore à Talamanca furent contactés et rejoignirent le porte-avions.
Pendant ce temps au siège de l’ONA, Audrys reprit un verre de paztyz en remerciant chaudement les deux hommes qu’il était venu voir de leur engagement. Puis se décida a parler d’éléments techniques.
Audrys : Comme je vous l’ai dit, nous avons envoyé plusyeurs commandos des FSIR sur place et nous avons quelques contacts du SYRE également, mais nous connaissons peu le terrain. L’amiral Norrys de l’infanterie de marine a été envoyé sur place pour la première opération d’extractyon. Nous ignorons son statut actuellement, la pryncesse souhaiterait que vous consydériez comme objectif secondaire de retrouver l’amiral et de le ramener avec vous si c’est possible.
Voicy quelques photos de l’objet que vous êtes censés chercher, dit alors Audrys en faisant glisser une photo sur la table de réunion.
Gatline : Belle pièce
Müller : Imposant… c’est facile à transporter ?
Audrys : Le trident pèse onze kilos il est en or et en or blancs massyfs cyselés à la main, sa valeur est inestimable, je compte sur vous pour nous le ramener en état.
Les rares données que nous ayons sont ici, quelques cartes, des rapports divers et des comptes rendu topologiques. Je vous ferai porter un téléphone satellitaire spécial pour pouvoir me contacter au besoin.
Julius, Edorel et Blancke étaient désormais en train de lire les documents. Audrys ayant transmis son message et les renseignements se leva :
Audrys : Bien messyeurs, je pense que nous avons fait le tour de la questyon ! Je vais rejoindre mon vaysseau, je reste naturellement à votre dysposityon si vous avez besoin de moi !
L’yssois laissa ses documents, récupérant son porte document puis, après avoir ajusté son caftan, sortit de la pièce, laissant Gatline, Müller et Blancke dans la pièce.
Edo
Edorel resta songeur quant à la mission proposé (et accepté). Une banale mission de récupération. Il en avait organiser des pareils aux ZZZ. Il buta sur un point ceci dit.
« ONZE KILOS ?!
Muller qui s'était déjà retourner vers Gatline pour avoir son avis ne pipa pas un mot.
-Meh, ça doit être une arme cérémonielle alors. »
De toute façon, ce n'était pas un détail pareil qui allait perturbé Edorel, lui et ses cinquante kilos de platine reposant au fond de la cale de l'Argoz, il avala d'un trait son verre.
« Toi qui rêvait d'une petite randonnée dans le coin, voila une bonne occasion tu trouves pas ?
Edo
« Julius: Cela fait un moment qu'on y aller pour y faire le ménage... Il faudra bien finir par y aller c'est sur, mais ça ne sera pas sans conséquences.
Edorel: Ca j'en doute pas. Et je doute pas plus que ça va faire jaser dans les chancelleries. Même si la raison de notre présence là-bas ne sera pas connue avant un bon moment...
Julius: Non c'est sur, mais ça tournera vite. Cela me donne un début d'idée pour le mouvement des deux vaisseaux, ils sont toujours sous pavillon onasien, nous pourrions officiellement les missionner pour aller en mer du Saraland voir ce qu'il se passe.
Edorel: Officiellement on dira que c'est pour garder un œil sur la situation en Francovie, mais ça risque de titiller les jallanistes. Ils enverront sans doute un navire aller fouiner. Je doute que les krasslandais parviennent à maintenir un blocus navale efficace. Je préfèrerais éviter qu'on y fasse du sur-place. Et même je préfèrerais qu'on ne parle même pas de missionner les navires, je préfèrerais qu'on inonde les éventuelles personnes intéressés par de fausses informations histoire qu'on soit tranquille. On peut faire ça depuis l'Argoz durant le trajet. Sans parler des systèmes de brouillages du navire.
Julius: On est pas obligés d'annoncer la mission, l'argumentaire on le garde en réserve au cas ou... Et puis après les jallanistes... Maintenant qu'on a confirmé la nomination d'un ambassadeur francovar issu de la résistance extérieure, je ne suis pas sur qu'ils soient dans les meilleures dispositions possibles.
Edorel: Soit. Au final on a les mains à peu près libres. Ce qui viendra après on s'en souciera plus tard. Reste une question : quid de ce qu'il se passera sur place ? D'après les infos il n'y a guère signe de vie, mais ça ne veut pas pour autant dire qu'on sera tranquille...
Julius: L'armurerie du Hermann est équipée avec du matériel contemporain, rien de dernier cri mais il y a de quoi faire a bord. Blancke m'a passé un récap de l'équipement retrouvé a bord. Donc quoi qu'on trouve là bas, on devrait pouvoir gérer. Le service topographique de l'ONA pourrait nous donner des cartes plus ou moins a jour. Et l'yssois nous a dit qu'on peut retrouver des gars a eux sur place. J'espère juste qu'ils n'y sont pas tous passés, parce que ça risque d'être bien coton de récupérer leur amiral paumé .Sinon on emmène qui ? Je pense laisser Kageneck ici pour gérer la boutique. Sinon Ztark a réussi a se barrer du Zollernberg, il est arrivé la semaine dernière après une cavale de plusieurs semaines pour quitter le pays, je pense qu'il sera partant
Edorel: Ztark ? Bonne nouvelle. Je pense qu'il faudra envoyer un chasseur en éclaireur, juste pour être sur qu'on se fasse pas canarder par une éventuelle DCA, sinon pour les effectifs il faudra faire léger, on part en mission discrète, moins de cent personnes, équipé juste ce qu'il faut.
Julius: De toute façon si on déplace a nouveau le corps nautien ça risque de se voir.
Edorel: Ouais aussi, Je piocherai parmi mes ex-zapeurs, histoire que si besoin ils sauront quoi faire en cas de pépin, remettre en marche un truc, fortifier une position, ce genre de choses, une compagnie suffira. Mes zollernois pour le génie, tes libertins pour les commandos, nos nautiens pour le reste et si on tombe sur les yssois, ça nous fera un paquet de monde, mais surtout une petite troupe à l'aise en toutes situation. Prévoir des moyens supplémentaires pour l'exfiltration si il faut.
Julius: Bon... donc on y va. Il était temps qu'on change un peu d'air et puis le temps commence a devenir un peu a chier par ici... »
La discussion continua tard dans la soirée. Le départ prévue pour le sur-lendemain permit de nouvelles mise au point quant aux préparatifs.