Edorel Gatline de Mytilène
Interlude
Il est cinq heures, T'lamanca se réveille, comme dit la chanson.
Le soleil n'était pas encore levé mais sa lumière arrivait lentement. Pas assez pour faire voir la silhouette de l'Hermann Muller mouillant au large dans la baie. L'Argoz lui était encore à quai et une certaine agitation régnait autour.
Edorel et Julius avaient visiblement eut du mal à se réveiller, ils somnolaient assis sur des caisses, le dos voûté par leur barda dont ils avaient perdu l'habitude. Quoique Julius, plus jeune s'en tirait à bon compte. Leurs gosses en revanche, les jumelles Gatline étaient toutes les deux pimpantes et en plein-forme. Les garces. Trente kilos chacune sur le dos, une paire de pistolet aux cuisses et un couteau à la jambe. L'épée qu'elles portaient à l'épaule détonnait avec le reste, mais Edorel avait toujours dis qu'un bon soldat se doit de manier n'importe quel arme qui lui tombe sous la main, quand bien même se serait un arc. Il avait d'ailleurs connu un officier zollernois lors de la campagne d'Eridan qui allait au combat épée au fourreau, et arc et flèches en main quand ses hommes étaient tous avec un fusil entre les mains, photo à l'appuie dans les archives... Les enfants Muller n'étaient pas en reste, mais leurs matériel étaient plus en raccord avec l'époque. Eux semblaient prendre la mission plus sérieusement.
Quant à la Comtesse et à la Baronne, elles s'étaient réservé un lit à bord de l'Argoz. Edorel et Julius avaient tenté de convaincre leur douce moitié que ce n'était pas une promenade de santé qu'ils allaient faire, mais les femmes, plus prévoyantes et prudentes les avaient convaincues qu'il fallait bien quelqu'un pour surveiller leurs arrières, en plus qu'ils avaient bien assez à faire ailleurs pour se permettre de déléguer leur commandement.
Ce qu'elles peuvent être persuasives les garces.
Le reste de la troupe, une compagnie des zapeurs du Comte, deux escouades nautiennes et un commando libertin étaient prévues, soit un total de presque cent hommes. Pour l'avion transporteur, il allait falloir se serrer un peu. Les nautiens étaient déjà embarqués sur le porte-avion, les zollernois allaient faire le voyage sur l'Argoz.
« Papounnet ? Sylith tapota sur l'épaule de son géniteur.
-Mmmmh...
-Ils vont partir sans toi.
-Mm, encore cinq minutes, trop vieux pour ces conneries. »
Julius lui eut moins de mal à se tirer de sa torpeur.
« Allez vieille branche. Debout.
-Vieille branche ? Je saurai m'en souvenir mon poussin. »
Edorel décida à se lever, avec un craquement nettement audible en bonus au niveau d'une vertèbre.
A 6h, l'Argoz leva l'ancre, et pris le large accompagné du porte-avion en lui ouvrant le passage. Gatline, tasse de lait chaud cacaoté en main finissait lentement mais péniblement son réveil sur la passerelle. Tout les ordres avaient été donné à l'avance, le trajet programmé au nautique près. Arrivé prévue le lendemain à peu près à la même heure. Silence radio obligatoire, interdiction absolue de répondre aux appels, le système de brouillage était prêt à l'emploie.
Bref, tout prévues pour éloigner les curieux.
Edorel Gatline de Mytilène
Une partie importante du trajet longeait d'assez loin les côtes pryannes. Vue la relation d'amour/haine du pays envers l'ONA, mieux valait rester discret. Afin d'optimiser le trajet, l'Argoz et l'Hermann longèrent la limite de la couverture radar krasslandaise, mais le détour était de l'ordre de plusieurs centaines de nautiques, aux limites du micromonde connue. Personne à la connaissance de l'humanité n'avait osé aller voir ce qu'il y avait au delà. Et ni Edorel, ni Julius ne souhaitaient le savoir. D'autant qu'ils avaient d'autres chat à fouetter.
Vers quinze heures, les terres les plus à l'ouest de Prya furent passées Les deux navires voguaient à la limite de l'océan de Mésogée et la mer de Marmare. Le cap restait encore plus au sud afin de rester hors-limite. Une grande parti du trajet allaient se faire de nuit avant de mettre le cap à l'est.
Le trajet du coté pryan avait été décidé à la dernière minute, suite à l'annonce du rififi qui se passait coté Saraland, les jallanistes avaient tenté quelque chose et voilà que plusieurs flottes allaient se rassembler dans le coin. Hors de question de passer par-là, la présence des navires de l'ONA n'aurait pas été perçue favorablement.
Vers les coups de dix-neuf heures, une dernière mise au point fut fait concernant le déroulement de l'opération. Plusieurs objectif : récupérer le colis et exfiltrer les commandos yssois qui étaient sur place. L'absence d'agitation dans le coin semblait confirmer les dires des divers observateurs et informateurs. Mais l'envoie d'un éclaireur restait au programme, au cas ou. Le transporteur libertin, étant limité en capacité. La présence d'une compagnie de zapeur devait permettre la remise en marche de véhicules sur place pour permettre une exfiltration à pied du trop plein d'effectif. Il fallait s'attendre, avec les yssois à avoir au moins une vingtaine d'hommes en plus sur le dos. Plus un trident en or massif, qui restait la priorité absolue. En cas de besoin, Edorel avait envoyé un message à son fils Valérien resté en Avaricum, histoire de voir si il lui était possible de se dégager du temps et des moyens sans trop que ça s'ébruite.
Vers vingt-et-une heures, la flottille mit le cap vers l'est.
Au petit matin vers six heures. Les deux navires se trouvaient à des miles et des miles nautiques de toute civilisation. Entre les îles argenoises.
Noddia était en vue.
Julius Muller
Julius s'était fait aménager un espace de travail sur le pont arrière, espace qu'il n'avait pas quitté du voyage. Il avait gardé une connexion avec Talamanca et gérait ses affaires depuis le vaisseau. Il ne prenait des pauses que lorsque le capitaine Wagner, le nouveau commandant du Hermann Müller entrait en communication avec l'Argoz pour faire son rapport.
L'imposant vaisseau libertin assurait la sécurité aérienne de l'équipée. Toutes les vingt minute, la PAC (Patrouille Aérienne de Combat) passait ou repassait non loin de l'Argoz. Julius ne pouvait s'empêcher de lever les yeux pour voir passer les trois chasseurs Aigle 2 passer dans le ciel dans un bruit déchirant. La douzaine d'avions trouvé a bord du vaisseau qui faisait partie de la marine de l'ancienne République Libre de Libertas avaient tous été remis en état de marche grâce a l'imposant stock de pièces détachées dont disposait le navire.
Lorsque l'Argoz finit par arriver en vue de sa destination, un officier de passerelle et un jeune homme sans uniforme vinrent à la rencontre du Secrétaire Général.
Officier : Monsieur, le commandant m'envoie vous dire que nous arrivons en vue de la cote noddienne. Monsieur Gatline prévoit un briefing dans le mess des officiers dans vingt minutes.
Müller : Merci, j'arrive.
Le jeune homme resta auprès de Julius alors que l'officier retournait a son poste. Alexander Müller, le premier fils de Julius était désormais un jeune homme de 17 ans, il avait suivi son père lors du départ en catastrophe du Zollernberg après le coup d'état conservateur et avait grandi à Nautia. Il avait suivi une formation militaire de quelques mois en Maurésie après avoir obtenu son baccalauréat nautien avec un an d'avance. Il avait choisi d'accompagner la famille pour cette équipée et avait passé le voyage dans la salle de sport a s'entrainer puis sur le pont avant a initier l'une des filles Gatline au maniement du FA1, le fusil d'assaut de l'armée de Libertas dont plusieurs centaines d'exemplaires étaient présents sur le Hermann, quelques uns de ces fusils ayant été transférés a bord de l'Argoz.
Alexander : Le médecin de bord veut te voir aussi, il faut qu'on se fasse vacciner contre la flémingite.
Julius : J'arrive...
Alexander : On sait ce qui nous attend à terre ?
Julius : Rien d'exceptionnel, un plat-pays mort rempli de contaminés sans doute... Accompagne moi au briefing, on verra ce que ça donne.
Terminant de mettre la dernière main a un mémo envoyé par son directeur de cabinet, Julius et son fils quittèrent le pont arrière pour rejoindre la mess des officiers.