Edo
Acte II – Myse au point
La flotille mouillait au large du Golfe des Perles, la baie jouxtant la capitale Alunéis. Hors de portée des défenses côtières au cas ou celle-ci seraient encore actives. Malgré tout, les radars ne donnaient aucun signe d'activité dans les terres, en dehors des dispositifs avarois le long du fleuve Bouhk marquant la frontière. Ces relevés semblait belle et bien confirmé l'absence de vie, l'éclaireur pourrait confirmer ou non la chose.
Sur l'Argoz, se préparait le briefing de la mission. La salle de réunion du navire n'était pas plus grande que celle de la salle de crise de l'ONA. Les systèmes anti-espionnage en plus. Edorel se tenait au bout de la table. Sur celle-ci, des photos aériennes, des cartes et des textes divers. Malgré son calme apparent, il sentait une certaine fébrilité. Combien d'années il n'avait pas participé à une réunion d'avant-mission ? Et même avec le nombre incalculable qu'il en avait fait il n'y était pas habitué.
Les participants arrivaient au compte-goutte. La réunion ne commencerait pas sans Muller cela-dit. Les jumelles Gatline étaient présentes, ainsi que le capitaine de la compagnie de zapeurs, un de ces homo novuz de l'époque ou Edorel en était un également et qui, à défaut d'avoir eu la même carrière, la firent à peu près côte à côte. Antimachos, la brute persienne d'Edorel était aussi présent. Il n'était pas la ruse incarnée, mais à un hommes de deux cents kilos de muscles (sans compter l'armure), on ne demande pas la finesse. Il ne faisait pas partit de la mission à dire vrai mais comme son boulot était de veiller à la sécurité du zollernois, il ne pouvait se permettre de s'en éloigner. Aloïsa, la femme d'Edorel venait d'entrer. On pourrait douter de son utilité, elle qui n'a jamais été une fervente aventurière, mais durant l'exil pour s'occuper elle gardait une oreille attentive sur les communications du navire.
Un nouveau grondement se fit entendre. Un autre chasseur libertin fut catapulté du porte-avion, pour partir en reconnaissance.
« J'espère pour tout le monde que vous avez eu votre piqûre. Si vous piquez du nez pendant la promenade ne comptez pas sur moi pour vous ramener sur mon dos, respirateur ou pas. »
Des respirateurs avaient été prévus pour la mission en plus du vaccin anti-flémingite. La maladie se propageant par les airs, mieux valait s'assurer d'une corde de rappel. Pendant ce temps là le chef des commandos libertins avait rejoint la salle de réunion.
Julius Muller
Julius et son fils arrivèrent dans la salle. Ils avaient fait un détour par les cabines occupées par la famille Müller et avaient plusieurs cartes sous les bras.
Julius : Johanna a profité du voyage pour mettre a jour une partie de la cartographie du secteur en se basant sur les ressources topographiques de l’ONA. Nous avons quelques cartes dressées par les différents états impliqués sur la ZCI, les dernières sont des cartes avaroises qui semblent être a jour mais concernent essentiellement les zones frontalières a l’est.
Julius et son fils étalèrent les cartes sur une partie de la table de réunion. Puis Julius se rapprocha d’Edorel. Alexander, quant à lui alla a la rencontre des jumelles Gatline pour bavarder un peu. Pendant ce temps, le capitaine Blancke et Anton Ztark qui avaient fait le voyage à bord du Hermann arrivèrent avec les libertins.
Edo
Edorel leva ses yeux des plans. Tout le monde était là. Le chef de l'escouade nautienne venait d'entrer peu après les Mullers.
« Bon. Tout le monde est là on peu commencer.
Vous avez tous pris connaissance des objectifs de mission. On trouve les yssois, on récupère le trident et on se fait la malle avec un crochet par Venys pour rendre le colis à ses propriétaires. Comme vous le savez les noddiens sont responsables de ce vol. D'après les renseignements, la deuxième flottille, qui a opéré le vol est rentré à Noddia après que le régent sorabe ait rompue le contrat qui le liés aux noddiens suites aux attaques de ces derniers sur des navires de réfugiés fantispais.
L'endroit ou aurait pu être entreposé l'objet du délit n'est pas clairement établi, il faudra donc fouiller plusieurs endroit. Trois lieux sont envisagés. Le plus probable serait d'aller chercher à l’Établissement du Trésor de la République Orionnaise de Noddia. Qui recevra pour cette mission le nom de code d’É.T.R.O.N. Et le premier qui sourit à ce calembour sera de corvée de patates. Le problème c'est que la réserve du trésor et le siège administratif sont deux bâtiments séparés. Le second est en ville à Alunéis l'autre à l'écart dans les hauteurs de la banlieue sans doute dans un bunker spécialement aménagé. D’où les deux premiers lieus qu'il nous faudra fouiller. Et de notre point de chute, le siège de l’ É.T.R.O.N sera le plus proche pour nous. Dernière possibilité, le château d'Alunéis, résidence de qui-vous-savez. La possibilité qu'il ait gardé le colis comme trophée existe, nous n'aurons donc aucun scrupules à nous rendre coupable d'un vol.
C'est tout pour les lieux de déploiement. Nous n'avons aucun renseignements sur les yssois, on ne sait ou ils auraient pu se planquer. L'éclaireur doit nous avertir si il détecte des traces d'activités récentes. Si les noddiens étaient encore présents ça se serait su de toute façon donc à fortiori pour le moment nous devons considérer que si trace de vie il y a dans le secteur ce sont les yssois. En partant du principe qu'il s'agit de commandos du FSIR, soit ils se sont laissé aller et on aura des traces, soit ils se caches et même nous à pied nous aurons du mal à les trouver.
Voilà pour la situation général.
A priori comme indiqué précédemment, la probabilité de rencontrer de la résistance est faible. Très faible mais pas nulle cependant. Il est possible que nous rencontrions des groupes de pillards. Il nous faudra fouiller leur caches si jamais nous ne trouvons pas le colis. Tachons donc si contacte il y a de faire des prisonniers.
Et d'ici après demain les avarois franchirons le fleuve Boukh. Comme je ne souhaite pas qu'ils pensent qu'on leur aurait grillé la politesse nous avons jusqu'à demain minuit pour trouver ce qu'on cherche. A partir de midi aujourd'hui nous aurons une fenêtre de trente-six heures, donc inutile de se presser mais pas question non plus de lambiner, on embarque, on décolle, on atterrit, on cherche on dis bonjour/au revoir, on trouve, on récupère le colis, on exfiltre les FSIR, on s'exfiltre nous même et on rentre à la maison toujours avec le crochet par Venys.
Nous formerons quatre équipes. L'équipe Dahu : Sylith, Dorothée, Alexander et Laura seront débarquées sur les côtes avec la Cyva via une des barges de l'Hermann, il et elles doubleront au sol notre couverture aérienne et quadrilleront la ville afin de prévenir tout pépin. L'équipe Dragon sera emmené par Muller avec des nautiens et un commando libertin, l'équipe Lièvrathan par moi-même, avec des nautiens et ma compagnie de zapeurs. Nous agirons en binôme afin d'assurer une assistance mutuelle en cas de problèmes. L'équipe Tryton sera chargé de sécuriser les berges aménagés sur la rive gauche du Boukh pour permettre l'exfiltration des yssois si jamais on les trouves. Ils viendront sur place par navire, l'Argoz les débarquera.
Sur ce, si vous avez des questions c'est le moment. »
Julius Muller
Julius opinait aux propos d’Edorel.
Julius : Pas de questions pour ma part mais une remarque. J’ai reçu une communication d’Audrys, on a des coordonnée d’un lieu de rendez vous pour retrouver des membres du commando yssois. J’aimerais être déployé de façon a faire jonction avec eux.
Pour ce qui est de l’incursion avaroise. Elle se focalisera sur le nord de Noddia dans un premier temps. Le colonel Moutzbatten a reçu la consigne de me faire un rapport d’avancée qui sera envoyé sur une fréquence de l’ONA, l’Hermann et l’Argoz on reçu les éléments pour pouvoir capter ce signal. Nous saurons donc en temps réel comment évoluent l’expédition internationale.
Quand est ce qu’on y va ?
Edo
« Donne les coordonnées que je les inscrivent sur la carte. Ok pour les avarois, mais j'ai quand même la vague impression qu'on ne devraient pas trop traîner sur place... »
Impression qu'Edorel et Julius n'allaient pas tarder à confirmer plus tard … Mais pour l'heure.
« Bien, sur ce, je veux tout le monde sur l'Hermann, dans une demie-heure, on embarque. »
...
« Meh, je m'attendais à autre chose.
-Quoi donc ?
-Je ne sais pas, du moins je ne saurais pas y mettre des mots.
Edorel se rendit compte qu'avec les respirateurs les mots étaient bien moins compréhensibles, il porta un doigt à son oreille droite.
-Test radio.
Tout le monde répondit par l'affirmatif.
-Réglons nos montres, il est 8h43 du matin. »
L'aéroport d'Alunéis était immense, et vide... La folie des grandeurs de ses bâtisseurs n'a pas permis de leur faire voir que quasiment aucun avion ne viendrait desservir cet aéroport compte tenu de la réputation de Noddia dans le micromonde. Les quelques silos à missiles anti-aérien laissés à l'abandon laissaient supposer que l'endroit avait été reconverti pour un usage militaire. De fait l'avion-cargo n'eut aucun problème pour se poser. L'endroit était à l'abandon. En dehors du tumulte du débarquement de la troupe, il n'y avait que le silence. Silence parfois brisé par le survol d'un des chasseurs aigle quadrillant l'espace aérien au dessus de la ville.
« Huntleyz, prenez dix hommes et allez inspecter les hangars et garages, trouvez des véhicules en état de nous emmener en ville. On se rassemble au terminal tous en attendant. Julius, vois si on peu établir un contact avec les yssois ou Audrys. Quant à moi je vois ou en sont les gosses. »
Il ne fallut pas plus d'un quart d'heure à Huntleyz pour trouver plusieurs véhicules à priori en bonne état. Les clés sur le contacts et à défaut d'avoir les réservoirs pleins, les citernes à kérozène firent l'affaire.
Au même instant à plusieurs kilomètres au sud, une barge de débarquement accosta sur la place, une voiture au moteur puissant en sorti. L'histoire de cette Cyva n'était pas des plus heureuse. La voiture devait servir à un rallye, qui n'eut jamais lieu. En désespoir, elle fut reconverti en véhicule militaire, l'ajout de plaque de blindages, d'une tourelle mitrailleuse et quelques réglages du moteur pour compenser le poids lui avait donné une nouvelle jeunesse.
« Lièvrathan à Dahu, Lièvrathan à Dahu, répondez Dahu.
-Ici Dahu Papa, 5 sur 5 à toi.
-Pas Dahu Papa, Dahu tout court jeune fille.
-Oui Papa.
-Pas Papa, Lièvrathan, ça fait pas professionnel sinon. Alexander, Laura vous êtes bien attachés ? Non je demande ça comme ça, comme c'est moi qui leur à appris à conduire, elles n'ont pas pour ainsi dire une conduite des plus souples. J'espère que vous êtes à jeun sinon.
Les enfants Muller se regardèrent d'un air incrédule. Pour Alexander qui était debout à la tourelle mitrailleuse, ça n'allait pas être une partie de plaisir.
-Ahem, Dahu 4 à Lièvrathan. Merci d'avoir prévenue. »
Au même instant un peu plus loin Muller tentait d'établir le contact :
« Dragon a Audrys… Dragon 1 a Audrys, nous venons de mettre pied à terre, nous sommes a 20km de l’objectif principal, répondez, a vous !
[fritures]
-Dragon à Audrys, nous demandons confirmations des coordonnées de jonction, vous me recevez ?
-Ici Audrys, je vous reçois. Les coordonnées de jonction sont confirmées, j’ai reçu un dernier retour radio faisant état de combats près du point de rendez vous, attendez vous a être accueilli sur place. A vous.
Julius lança un regard a Edorel qui en avait terminé avec les enfants, il avait écouté d'une oreille mais capter le plus important cela dit, ça commençait mal.
-Bien reçu… Des informations particulières sur l’ennemi ?
-Aucune, j’essaie de reprendre contact depuis une heure, sans succès, allez sur place et rendez compte.
-Bien reçu, transmettez nous toutes nouvelles informations, terminé.
Julius coupa la transmission. Gatline croisa les bras et huma l'air de son respirateur.
-Voila qui change tout.
-Ils sont à 8km à l’intérieur des terres, dans un centre d’entrainement de la Police d’Etat Noddienne. Le lieu permet une défense facile, on ne sait pas combien d’yssois sont la bas mais on peut penser qu’ils ont réussi a se débrouiller
-Ils ont quoi en face d’eux ? Demanda Blancke.
-Très bonne question, l'éclaireur ne pourra pas nous renseigner de la-haut. Quoique ce soit, civils, militaires ou pillards, ils ne seront certainement pas heureux de nous voir débarquer.
-Noddia n’était pas censée être une île morte ?
-Tu crois qu’ils viennent d’où les civils qui essaient de passer la ZCI ? Reprit Muller. Il y a des survivants bien sur que oui… On a pas le choix, on doit les chercher. Ils ont des infos sur la configuration du terrain, si ils n’ont pas réussi a récupérer le magot seuls, on doit savoir pourquoi. Bon, on se rapproche du centre, Lièvrathan sur l’ouest, Dragon sur l’est, on suit la même route jusqu’au croisement de ces routes secondaires a 4 km et on se sépare. On utilise les canaux sécurisés, pas de noms ou d’infos en clair, on utilise les noms de code. L'aéroport doit sans doute compter bon nombre de véhicules. Sécurité minimum, une avant-garde légère et un convoi serré, on doit aller vite. Des questions ?
-Aucune mais va falloir mettre les gosses au parfum.
C'est à ce moment là qu'Huntleyz débarqua.
-Messieurs, vos fières destriers attendent.
-Vous avez trouvés quoi ? Demanda Gatline.
-Deux bus, un camions-citerne, pleins de voitures. A vue de nez quarante places pour les bus. On peut détacher la citerne du camion pour faire remorquer le barda si nécessaire.
-Faites donc.
Tandis qu'Huntleyz tourna les talons, Edorel se chargea d'avertir Dahu.
-Lièvrathan à Dahu.
-Ouais ?
-Mise à jours les enfants, les infos étaient daubées, présence yssoise confirmé, présence hostile également en ville, nature indéterminée, peut-être armée, probablement dangereux. Ouvrez l’œil, évitez le contact, tir de semonce si nécessaire.
-Il faut s'attendre à des ennuies ?
-Non, attendez vous à ce qu'ils vous proposent du thé. Terminé. »
Quand Gatline répondait par un sarcasme même à ses enfants, c'est que quelque chose le tracassait. Blancke et les officiers présents sortirent de la pièce pour préparer les deux convois. Julius et Edorel discutèrent un moment de quelques menus détails en engouffrant rapidement une ration sur le pouce, ce que les hommes avaient fait après avoir fini les premiers préparatifs. Personne ne savait quand ils allaient avoir le temps de manger un morceau.
Une heure plus tard, les deux convois prirent la route en direction du lieu de rendez vous.
Edo
La Cyva vrombissait sous sa lourde carapace et sa charge. Silyth était à la conduite, Dorothée à la place du mort. La seconde conduis mieux, mais la première, légèrement plus impulsive que sa jumelle faisait qu'elle maîtriserait sans doute mieux le véhicule en cas d'imprévus. Alexander à la tourelle, au siège arrière droite et Laura à gauche, la vitre ouverte juste ce qu'il faut pour permettre de mettre en joue tout ce qui pouvait l'être sans trop être à découvert.
Les jeunes avaient pénétrer les faubourgs d'Alunéis, dans ce qui ressemblait à un quartier résidentiel. Un endroit quelque peu dérangeant, toutes les maisons, individuelles étaient identiques les unes des autres. Seul changeaient parfois quelques couleurs ou l'agencement du jardin. Mais pas un chat, pas âme qui vive, le désordre pourtant était quasi-inexistant. Comme si toute vie avait soudainement disparue. Ce qui ne manquait pas de plonger l'équipage de la Cyva dans un certain malaise. La flémingite ça ne rigole déjà pas en soi mais au point de faire disparaître toute vie comme ça d'un coup. C'était autre chose. En discutant entre-eux les enfants en conclurent qu'il n'y avait qu'à ouvrir une porte d'une maison pris au hasard pour trouver un cadavre en décomposition, ce qu'au final, personne ne souhaitait vraiment vérifier.
En discutant par radio avec les autres équipes, Dahu comprit vite qu'ils n'étaient pas isolé, les autres unités avaient fait les même découvertes, et certains avaient daigner justement ouvrir une porte ou deux pour aller voir, et tomber parfois sur des familles entières de cadavres. Ce qui semblait confirmer la thèse d'une souche inconnue de flémingite particulièrement dangereuse.
Les filles et le garçon n'en eurent pas le temps d'en discuter, sur leur trajet un événement impromptu leur tomba sur le coin du nez. Tandis que les premières panneau signalaient enfin Alunéis elle-même, une masse sombre sorti de derrière un gros buisson. Silyth n'eut pas le temps de détourner sa conduite que la collision, inévitable, se produisit. Un dérapage contrôlé stoppa net la machine. Tout flingue dehors les quatre se mirent en position de faire face à une éventuelle embuscade, prêt à faire feu.
Mais rien ne se produisit.
Silyth fut la première à sortir du véhicule pour constater les dégâts. Le pare-choc légèrement éraflé ne montrait aucun autre signe de dégâts (preuve de l’efficacité du blindage). Dorothée et Laura sortir à leur tour tandis qu'Alexander mettait en joue la masse inerte avec la mitrailleuse gatline (MkIII, le modèle d'infanterie motorisé).
« Qu'est-ce que c'est ? Demanda Sylith qui était rester à la voiture.
-On dirait... Une biche ? Répondit Laura.
-Une daine, le pelage est tacheté. Ajouta Dorothée.
-Des cervidés à Noddia ? Demanda Alexander.
-Va savoir, elle a du s'échapper d'un zoo. Quoique l'endroit ne serait pas invivable pour des spécimens à l'état sauvage. Dorothée se releva. En tout cas à cette vitesse ses chances de survie étaient de zéro.
-Reprenons la route. » Demanda Laura avec une pointe d'empressement. Elle jetait des regards à droite à gauche. Clairement elle sentait qu'on les observait.
Dahu reprit sa route mais de l’événement encore plus impromptu qui suivit seul deux d'entre-eux en furent directement témoin.
D'abord Alexander qui à la tourelle mitrailleuse gardait l'animal mort dans son viseur. Il crut que ses yeux lui jouait des tours quand il vit que la bestiole bougeait encore. Il crut qu'il hallucinait encore plus en la voyant se relever et reprendre sa route en titubant. Les yeux écarquillés, bouche bée malgré le respirateur. Il jeta un coup d’œil à sa sœur et aux jumelles, aucune réaction. Elles n'avaient rien vit semblait-il.
Ce qu'Alexander ne vit pas, c'est que Dorothée, via son rétroviseur, les yeux écarquillés et bouche bée malgré le respirateur, avait également vu la daine se relever d'entre les morts.
Edo
Gatline et Muller s'étaient séparés. Dragon s'en allait à la rencontre des FSIR tandis que Lièvrathan s'en allait direction l'E.T.R.O.N. Dans le ciel l'éclaireur aérien survolait encore et encore la ville, d'après les dires du chasseur libertin, il y avait des traces de combats, mais aucune activité depuis le dernier contact avec les yssois via Audrys. L'endroit semblait désert, çà et là des cadavres en état avancé de décomposition, des traces de combat mais ancienne, avec parfois des carcasses de véhicules parfois blindés, parfois non.
« Mais qu'est-ce qui s'est passé par ici ?
-La guerre civile, tout simplement Huntleyz. Entre les politiques qui se sont débrouillés pour se faire jeter du concert des micronations plus une maladie instopable, rien de tel pour mettre la plèbe dans l'émoi et lui faire perdre la raison. Même dans un état militariste et totalitaire comme celui-ci. »
Alunéis elle même était le fruit de l'imagination d'un état totalitaire, rien ne permettait de dire qu'une ville du nom de Lunebourg pré-existait à celle-ci à l'époque argeno-avaroise de l'île. Le plan hippodamien, l'allure massive et austère des bâtiments ainsi que l'omniprésence des symboles de l'U.R.O. et la palette des couleurs réduites à un nuancier des gris ne pouvaient que le confirmer. Les artères sont d'une largeur jamais vue ailleurs. Edorel pensait qu'on avait pas fait plus large que le boulevard de la couronne à Wilhelstaufen. Jusqu'à ce qu'il mette le pied à Alunéis, le boulevard en question n'aurait été qu'une simple rue ici.
« On a bien fait de mettre un terme à cette folie. » Ajouta t-il pour lui même.
Il ne fallut guère longtemps pour trouver le bâtiment du Trésor. En plus des symboles habituelles, deux clés croisés l'une à l'autre ainsi que le nom de l'administration bien visible sur la façade rendirent la chose aisément repérable. Gatline donna ses ordres, l'encerclement du bâtiment, puis pénétration par tout les orifi accès du bâtiment, fouille méthodique du sous-sol jusqu'au toit.
« Mes hommes, en dehors de nous personne n'entre ou ne sort d'ici, Huntleyz vous rester à l'extérieur, beuglez si il y a un pépin.
-Beugler ? Ce que je sais faire de mieux.
-Justement, si c'est pas nécessaire, ne le faites pas. Et allez-y molo quand même, je commence à être dur de la feuille mais ça n'est pas une raison pour me vriller le tympan. »
Les portes vitrés de l'entrée principale explosèrent sous le coup d'une salve de mitrailleuse, tandis que les entrées latérales et arrières du bâtiment furent ouvert en explosant les serrures. Gatline à défaut de pain d'explosif K4 (un puissant explosif krasslandais) il avait mis au point un explosif artisanale à l'aide de menthoz, une friandise zollernoise et de koka-kola, un puissant détergent toujours d'origine krasslandais. L’interaction entre les deux provoquer une explosion. Allez savoir pourquoi, Gatline avait commandé deux palettes de l'un et l'autre produit avant de partir pour Noddia.
La première chose qui sauta aux yeux était la quasi-absence de traces de combat au delà du hall d'accueil. L'agencement de l'endroit laissait supposer la présence du barricade.
« On s'est battue ici. J'aimerais savoir pourquoi. Six hommes qui surveille les accès aux étages, les autres avec moi on fouille les sous-sol. »
Il trouva un escalier de service et venait juste de s'y engouffrer quand il reçu un appel.
« Dragon à Lièvrathan.
-Dragon ici Lièvrathan, à vous. Qu'ès-ça donne Julius ?
-On est à la position des yssois.
-Quel est la situation ?
-L'endroit est désert.
-Désert ?
Au même instant à plusieurs kilomètres de Lièvrathan, l'équipe Dragon qui avait rejoint le point de rendez-vous avec les yssois eut droit à un revirement dans son programme
-Affirmatif Edorel. Kageneck est parti fouiller plus loin pour être sûr. Il y a belle et bien eu des combats ici et visiblement les yssois ont eut des pertes. »
Tandis que Julius expliquait la situation, il s’avança un peu plus, un médecin était entrain d'ausculter l'un des yssois mort.
« Qu'est-ce que ça donne ? Demanda Muller au médecin.
-Multiples blessures dut au combat mais aucune mortel. Le corps est tiédasse, la mort doit remonter à plusieurs heures. Mais c'est pas ça le plus étrange.
Le médecin releva le casque du soldat, le visage était figé dans une expression d’effroi.
-Pour avoir un cadavre qui nous tire une tête pareil, la rigidité cadavérique n'est pas en cause, et il faudrait qu'il y ait eu mort subite. Ce qui ne semble pas être le cas. Il a du se passer quelque chose d'autres, de peu souhaitable à qui que ce soit. Mais qu'est-ce...
Le médecin remarqua une étrange substance sur le bas du visage du mort, il y passa le doigt.
-Visqueux, collant, couleur blanchâtre et odeur... Il eu l'air étonné et se retourna vers Muller. Du liquide séminal.
-Pardon ?
-Je suis formel, soit les yssois ne savent pas se tenir en dehors des fêtes de la déflorayson, soit un assaillant en manque à voulu en profiter.
-C'est moi ou cette conversation devient un brin chelou ? Ajouta Edorel qui écoutait à trajet la transmission radio de Julius. Plusieurs autres hommes s'étaient rassembler autour du cadavre.
-J'ai comme un doute. Le médecin le retourna et la stupéfaction l'emporta sur tout le groupe. Le pantalon de l'yssois était déchiré au niveau des fesses, un même liquide blanchâtre tachant tout autour. Lésion anale, profonde. Plus de doute possible, notre homme s'est fait désanuser jusqu'à ce que mort s'en suive, si j'en crois cette mare de sang et de suc gastrique, une péritonite à eu raison de lui.
-Merci, on se passera des détails. Ajouta Julius qui en avait suffisamment entendu.
-Ça c'est du programme dis donc.
-Oh je t'en prie Edo'.
-Reste à savoir si c'était un coup en passant ou si c'est autre chose. Si on doit avoir à faire à des pillards nécrophiles j'aimerais être fixé assez vite.
-Ce qui me préoccupe moi c'est de savoir ou on filer les yssois.
-Ils ont forcément laisser des traces, ou des indices. Une vingtaine de personnes, même si c'est des commandos entraînés ça laisse des traces.
-Justement Kageneck est parti en éclaireur. J'attends de ses nouvelles...
-Bon, j'ai atteint l'E.T.R.O.N. j'ai commencé les recherches. Traces de combat ici et là, aucune activité récente, et une sensation étrange d'être observé.
-Pareil ici.
-Bon, restons à l'affût, on se recontacte si il y a du nouveau ou bien toutes les heures.
-Bien reçu Lièvrathan terminé. »
Edo
Un groupe de cavalier fixait la ville d'Alunéis depuis les hauteurs surplombant le fleuve Boukh, bien en avant des premières lignes des troupes avaroises en garnison. Les hommes, une quinzaine en tout étaient habillés d'un genre de ciré marron leur tombant jusqu'au genou et portaient d'étrange masque comme ceux des médecins lors des épidémies de peste ou de flémingite. Sans parler du galurin qui serait tout à fait ridicule en d'autre lieux.
L'un d'eux qui semblait être à la tête de la troupe se retourna vers l'un de ses compagnons.
« Mercappolodore, vous êtes bien sûr que ça fonctionne ?
-Absolument messire, ça n'est pas ma première épidémie et cet habit m'a éviter bien des ennuies.
-Et qu'est-ce que vous avez fourré dans nos becs si cela n'est point indiscret ? J'avoue être légèrement incommodé par l'odeur.
-Du thym, de l'ambre en poudre, du camphre, des clous de girofle, du laudanum, de la myrrhe, des pétales de roses séchés, du styrax. Il faut aussi une sorte de vinaigre dont j'étais à cours, donc je l'ai remplacé par du vinaigre balsamique.
-Eh bien si ça c'est point du pot-pourri...
-Et c'est pour ça que ça me pique le nez depuis que j'ai enfilé ce truc. Répondit un autre, avec un fort accent zollernois.
-Bon. L'homme soupira. Inutile de faire plus attendre mon vioque. Je n'ose imaginer dans quel genre de pétrin il s'est fourré pour m’appeler en renfort.
-On ne pourra pas passer le Boukh à cheval.
-Certes non, d'après les éclaireurs, il y a des barques plus bas, on s'en servira.
La petite troupe reprit sa route jusqu'à la rive du fleuve.
Edo
Gatline en avait terminé avec les sous-sols de l'E.T.R.O.N. et il n'avait guère d'espoir concernant le étages. Pourtant ses hommes fouillait minutieusement. Tout les coffres-forts avaient été percés presque sans effort. Pour ne trouver pas grand chose, des rapports classifiés sur les quelques quatre cents tonnes d'or de l'U.R.O., des lettres de changes, des objets de valeurs tel que de la bijouterie ainsi que plusieurs liasses de devises étrangères. Parfois fausses, parfois véritables, sans doute servait-il aux agents noddiens en mission ici et ailleurs.
« Qu'est-qu'on en fait chef ?
-Laissez, on est pas là pour ça. »
Même les placards à balai étaient vérifier, chaque défaut dans le mur laissant supposer un compartiment secret. Rien n'était laissé au hasard. Edorel, las des recherches testait tranquillement ce qui semblait être le fauteuil du PDG de la banque lorsque Huntleyz vint lui annoncer après deux heures de recherches.
« Rien ?
-Rien.
-Mmmh. Willyz, approchez. Edorel se leva. Asseyez-vous donc là dessus et dites moi ce que vous pensez. »
Légèrement surpris par la demande de son supérieur, l'ex-agent des ZZZ s'exécuta. Il se posa dans le siège en cuir et malgré ses efforts n'arriva pas à s'y sentir confortablement assis.
« C'est … dur. Rigide, on dirait que le cuir a été traité avec je ne sais quel rigidifiant.
-Ce qui doit être le cas probablement. J'ignore quel genre d'homme peu habité dans un pays pareil, une ville pareil et garder les fesses toutes la journée sur ce siège, c'est un coup à ce choper une fistule...
Huntleyz se releva soudainement, était-ce l'idée de la fistule qui le gênait ?
-Bref, tout ça pour dire que si on a rien trouver ici, c'est qu'il est temps de mettre les voiles ailleurs.
Edorel regarda sa montre, midi passé. Pas question pour autant d'enlever les respirateurs pour casser la croûte. La troupe entière avait fait un gros petit-déjeuner avant d'y aller. Inutile de perdre du temps avec un casse-dalle.
-Je suppose qu'il n'est pas possible de fouiller les systèmes informatiques car il n'y a plus de courant et qu'il nous faudrait des plombes pour le rétablir plus réussir à passer outre la sécurité et accéder à ce qui pourrait nous être intéressent. Bon, on dégage. Il nous faudra une heure pour atteindre le second site de recherche.
Il brancha sa radio.
-Lièvrathan à Dahu. Rapport de situation.
-Ici Dahu papa, on a croisé Tryton, rien à signaler de leur coté.
-Rien du coté de l'E.T.R.O.N., on passe au second site de recherche, comme d'hab, vous partez en éclaireur.
-Reçu reçu.
Kageneck était rentré bredouille de son pistage des yssois. Visiblement les FSIR savaient effacé leur trace.
« … On a du remonter jusqu'à deux bon kilomètres avant de perdre toute trace. C'est comme si ils s'étaient volatilisés.
-Venant d'eux ça m'étonne, ils n'ont même pas laissé un indice ?
-Rien.
Muller resta impavide. On ne perd pas une vingtaine d'hommes comme ça. Soit les yssois se sont spécialisés dans l'art de camoufler toutes traces de leur passage, soit ils ne tenaient pas à ce que ceux qui les ont attaquer dans leur planque les poursuives.
-Une idée global de la direction Kageneck ?
-Vers le nord il semblerait …
La radio de Muller tilta.
-Lièvrathan à Dragon.
-5 sur 5 Edo'.
-Fouille terminée, on passe au site secondaire.
-J'en déduis que tu n'as pas mis la main sur le trident ?
-Nope. Des thunes et des documents classifiés, pas de quoi fouetter un chat. Et toi aucune trace des yssois ?
-Non, juste une hypothèse. Kageneck suppose qu'ils sont parti vers le nord.
-Peut-être on t-il cherché un moyen de traverser le Bouhk et de rejoindre les avarois.
-Possible, le site secondaire se trouve aussi au nord.
-Hmm, deux possibilités alors. Soit ils ont voulu rentrer à pince …
-Soit ils ont eu une info concernant le site secondaire.
-Exact, inutile de s'attarder ici alors.
-J'informe l'Hermann, qu'ils prévoient un nouveau plan de vol pour la couverture aérienne.
-Reçu Dragon, Lièvrathan, terminé.
A bord de la Cyva, Dahu remontait le fleuve jusqu'à la banlieue nord d'Alunéis qui ne ressemblait guère à la banlieue sud. Tout portait à croire qu'il s'agissait là des beau quartiers résidentielle. Et à voir le nombre de muret orné de barbelés, de restes de checkpoint et la taille (immense) des propriétés vue depuis la route, pas de doutes possibles, Dahu se trouvait littéralement dans un autre univers. L'impression de malaise général qui était déjà ressenti le matin même était ici amplifié par un sentiment d'oppression. Les enfants Muller et Gatline épiaient chaque coin de rue, craignant de tomber sur une troupe de soldat noddiens fou furieux, leur brutalité était un fait avéré. Alexander avait arrêté de compter les endroits ou on avait semble t-il pratiquer des exécutions. Sans parler des tas de cadavres. Les noddiens étaient parait-il friand d'exécutions massives de personnes dites ''inférieurs'' (esclaves, étrangers, prisonniers politiques, ce genre de réjouissances)...
« Stop !
-Quoi ?
-Individue à trois heures. »
Laura avait vu juste. Au détour d'une rue, à quelques dizaine de mètres une personne se tenait au milieu de la rue. La voiture pila net et d'un coup de volant se retrouva en face du bonhomme.
« Il ne nous a pas entendu venir ? Demanda Sylith.
-Un vieux papy à moitié-sourd peut-être ? Répondit sa jumelle.
-Pas l'air hostile. Ajouta Alexander.
-Ça ressemble à une embuscade.
-Pour ça qu'un moyen de le savoir. »
Et Laura ouvrit sa portière, sorti du véhicule et s'approcha de l’autochtone.
« Oh la conne...
-Je vais avec elle. » Coupa Dorothée. Elle sorti à son tour et trotta pour rattraper sa comparse. Les filles marchèrent côte à côte.
« Tu entends ça ? Demanda Dorothée.
-Le silence ? Oui.
-Non, on dirait qu'il respire mal.
-Maintenant que tu le dis, ça doit être un grabataire. Holà mon brave !
-Mais qu'est-c...
-Laisse faire. Bonjour, pourriez vous nous renseigner ma copine et moi et ...
L'homme commença à se retourner. Les deux filles se dévisagèrent en voyant la tête de l'individu. Le teint pâle et livide, les yeux rougis par le sang, l'allure sale dénotait un manque total d'hygiène. Il commença à s'avancer vers les deux femmes, en traînant une patte et respirant très mal.
-Euh... Laura eut un air ahuri quelques instant. Vous vous sentez bien ? Vous m'avez l'air un peu, palot.
-C'est sûr sous cette latitude...
-'Aaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrrrt... L'homme semblait vouloir dire quelque chose.
-Pardon ?
-Aaaaarrrrrrt … Paaaaaaaarrrrrrrrrt...
-Par ?
-Art ?
-Paaaarrrrrrrrrtttttt...
-Il veut nous dire quelque chose je crois.
-Ouais mais quoi ?
-''Part'' je comprends.
-Il nous demande de partir ?
-Non il prononce le T.
Et tandis que les filles devisaient entre elle l'homme sérieusement mal en point s'approchait encore.
-''Part'' … Partir ?
-Particulier ?
-Partition ?
-Parturiente ?
-Hé la-bas ?!
-Quoi ?!
-Quoi ?!
-Sylith demande ce que ça donne avec le type. Beugla Alexander.
-On y travaille !
-Paaaaaaarrrrrrrrrrrrrrrrrrrrttttteeeeeeuuuuh …
-Oui ça va on a compris.
-Paaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrrrtooooooooooooouuuuuuuuuuuuzeeeeeeeeeeeuuuuuuuuuh !
-Pardon ? »
Et l'homme qui se trouvait qu'à quelques mètres des filles se jeta sur Laura …
…
Et commença à se frotter à sa jambe. Totalement surprise Laura fut incapable de se défaire elle-même de l'emprise de l'homme qui était bien accroché, après plusieurs tentatives infructueuse et plusieurs crochet, Dorothée réussit finalement à jeter l'individu à terre. A peine remise de ses émotions que Laura dut faire face à une nouvelle charge, contré cette fois par Dorothée, pistolet à la main. Elle logea deux balles dans le buste de l'homme et une en pleine tête.
« Ça va ?
-Le sale petit enculé.
-Hé, c'est quoi le délire ? Lança Sylith depuis la voiture.
-Il s'est jeté sur nous ! Qu'est-c'tu crois qu'on a fait, on la refroidit !
-T'en est sûr ?
-Quoi ?! Dorothée se retourna, l'homme se relevait, à grand peine, mais il était en bonne voie.
-C'est une plaisanterie ?
-Paaaaaarrrrrrttttooooooouuuuuze.
-Partouze ?
Laura, les yeux noir de colère coupa net la parole à Dorothée, elle s'avança, d'un coup de pied elle plaqua au sol le noddien censément mort et lui asséna plusieurs grand coups de pied dans les parties intimes. Ce qui semble t-il acheva définitivement leur agresseur. Cela n'empêcha pas Laura d'y remettre plusieurs coup pour vérifier qu'il est bien mort. Le tout sous le regard interlope de Dorothée.
-Alors celle-là c'est la meilleur.
-Personne ne me touche.
-Ça je l'avais compris. Ça ne nous avance guère plus mais … Tu entends ?
-Le silence je sais.
-Non non, ya autre chose.
-Quoi ? »
Ce que Dorothée avait entendu, et qui commençais à se voir à l'autre bout de la rue, c'est un véritable troupeau de gens, tous aussi mal en point que le malheureux qui gisait à terre. Et ils avançaient.
« On décroche ! »
Et à peine elles se mirent à courir vers la Cyva que ce qui ressemblait fort à des zombies se mirent à les charger. Sylith faisait vrombir le moteur et la mitrailleuse chauffait. Les filles avaient une avance suffisamment importante pour pouvoir atteindre la voiture.
« Roule putain ! »
La voiture parti avec un à-coup tel qu'Alexander manqua de peu d'être éjecté. Heureusement qu'il avait un harnais en guise de ceinture de sécurité. Les zombies étaient à une dizaine de mettre quand il appuya sur les deux gâchettes et noya la masse sous un déluge de plomb.
Edo
La petite troupe d'avarois progressait sur le fleuve quand ils entendirent une forte détonation. Le beau temps excluait un orage et ça ne ressemblait pas au bruit que pouvait produire même une centaine de canon tirant en continue. Seul l'homme qui commandait à la troupe savait de quoi il retournait et se disait que si on tirait à la mitrailleuse gatline, c'est qu'il y avait de quoi se faire du soucis.
« Souquez plus vite marin d'eau douces, quand ça pétarade comme ça c'est qu'il y a du spectacle à ne pas louper. » Lança t-il à ses hommes. Surtout si c'est bien mon père aux commandes, ajouta t-il pour lui-même.
Les grillages avaient été forcé, nul doute, et les traces étaient encore fraîche, Kageneck était formel, quelqu'un se trouve dans le bunker dont on pouvait voir l'entrée et deviner avec un peu de jugeote que ses galeries couraient sous la colline.
« Reste à savoir comment ils auraient réussis à entrer. Ajouta t-il.
-Pas de traces d’effraction. Remarquez, une porte pareil...
-Oui, ils ont du trouver la clé. »
C'est alors que le vrombissement d'un cortège de véhicules se fit entendre derrière Muller et Kageneck. La cavalerie arrive, et avec un Edorel Gatline a sa tête qui avait connu des jours meilleurs. Celui-ci descendit de son véhicule, suivit de près par Huntleyz et Antimachos.
« Note pour le rapport de mission, ''l'étron a fait choux blanc.'' Enfin, on se comprend n'est-ce pas ?
-C'est sûr...
-Alors, j'ai loupé quelque chose ?
-Pas grand chose, jusqu'à ce qu'on arrive ici. Muller désigna l'entrée du bunker. Des traces de passages, fraîches de quelques heures. Kageneck pense qu'on talonne les yssois.
-Yssois qui sont planqués la-dedans j'imagine.
-Possible. Les traces s'arrêtent ici, ils n'ont nulle part ou aller et ils n'ont pas pu s'envoler grâce à l'intervention de Poséydon.
Edorel s’avança un peu plus et et fit un rapide tour de l'endroit avec ses yeux.
-Pour avoir moi-même fait construire des bunkers, il est une règle communément admise que toute installation de ce genre est pourvu d'un groupe électrogène autonome. Ça évite de pomper sur le réseaux civil. En plus d'éviter les coupures de courant. Ça et un moyen d'ouvrir le complexe de l'extérieur … Ou pas remarque, un simple court-jus ferait l'affaire.
-C'est dans tes cordes ?
-A moi non, mais j'ai quelques électriciens parmi mes gars, le temps de trouver le groupe électrogène et selon la complexité du bouzin d'ici un quart d'heure une demie-heure Zézame s'ouvrira. »
C'est alors qu'une forte détonation se fit entendre. Muller leva la tête cherchant des yeux l'origine. Kageneck et Huntleyz avaient déjà dégainé tandis que Gatline se contenta de sourciller.
« Ah !
-Dahu ?
-Ma main à couper. Et si ça tire à la tourelle...
Les détonations continuaient, Edorel tenta d'établir le contact mais avant qu'il eu pu parler il subit en plein dans ces oreilles le bruit assourdissant de la mitrailleuse. Ça et les exclamations à la fois énervé, affolés et terrifiés de trois pucelles et un gringalet, le tout grâce à la radio. Impossible d'en placer une. Finalement pour préserver le peu de capitale auditif qui lui restait il coupa court à la liaison.
-Je viens de me payer le deuxième pire acouphène de mon existence.
-Qu'est-ce que ça donne ?
-Je sais pas, entre les coups de feu, les hurlements et me semblait-il un moteur à deux doigt d'exploser, j'ai pas eu le temps de demander des nouvelles aux mômes.
-Ça m'a l'air mauvais.
-Tant qu'ils roulent ils n'ont aucun soucis à se faire et d'après ce que j'entendais c'était le cas. Zergent, prenez dix hommes et allait me remettre le groupe électrogène en marche. Julius je ne me fais aucun soucis pour les fruits de nos entrailles. On les a formé je te signale. Ben tiens, tu entends ? Plus rien, ils ont du régler la chose. »
Julius n'avait pas l'air rassuré, mais Edorel (ni personne d'autre) ne se doutait à cet instant de ce qui leur arrivait dessus. Les hommes désigné par l'ex-Feld-Maréchal s'en allèrent remettre le complexe en marche. Se changeant les idées, Muller fit un rapide topo sur ce qu'il avait trouvé de son coté.
« Violé tu dis ?
-Il semblerait.
-Ça ressemble au pitch d'un mauvais film de post-apo krasslandais.
-Pourtant crois-moi, ça se voyait qu'il avait souffert.
-Ce qui m'intéresse surtout c'est de savoir quel était le motif de son bourreau.
-Cette question me taraude aussi l'esprit j'avoue. Au moins, l'effet bénéfique c'est que tout le monde maintenant surveille bien ses arrières.
-Hé hé hé. Comme quoi à la guerre, ça ne suffit pas serrer les miches.
-Ça non … Attends, tu entends ?
-Bruit de moteur. V8.
-C'est eux. Julius avait sorti ses jumelles. Bordel ils vont trop vite.
-Ils ont loupé la route.
Les deux parents avaient bien de quoi s'inquiéter, la Cyva surgissant à l'horizon, roulait à vive à allure. Et se retrouva sur la terre sèche, alors qu'elle était équipé pour la route. La voiture fonça dans l'ancien champ de mine parsemé depuis de cratères et ne manqua pas de buter sur un nid de poule qui fit faire une embardée fatal à la voiture. Celle-ci fit plusieurs tonneaux avant de s'immobiliser sur le dos. Le tout sous les yeux effarés des paternelles.
-TOUBIIIIIB !
Tout les soldats présents accoururent vers la voiture, Julius et Edorel en tête. Ils ralentirent l'allure quand ils virent ses occupants s'extraire à grand peine mais visiblement sans trop de casse.
-Je t'ai dit de tourner à gauche cornecul ! Dorothée était remonté contre sa jumelle.
-Oh ça va, tu conduira au retour.
-Ta gueule, j'ai l'épaule démise avec ta connerie !
-On se calme mes demoiselles ! Edorel tenta de calmer le jeu, dans les fratries les disputes sont déjà assez tumultueuse, mais entre jumeaux monozygote ça pouvait virer à la guerre en moins de temps qu'il n'en faut.
-Ça va aller ? Demanda Julius. Vous avez eu le diable aux trousses ?
-Presque. répondit Alexander. Il était blanc comme un linge.
-C'est quel bras ? Edorel entreprit de remettre l'épaule de sa première ex-aequo fille chérie.
-Épaule droite. »
En dehors d'une épaule démise, c'était un miracle que les quatre s'en sorte aussi bien. Pas étonnant à ça quand on pense que la voiture était un modèle de rallye, taillé pour réduire les risques de blessures au minimum. Pas de doute les krasslandais connaissait leur affaire. Mais ça n'expliquait pas pourquoi Dahu roulait à une vitesse pareil. Laura qui était des quatre la plus disposé à discuter fit son rapport sur ce qui les poursuivait. La rencontre qui tourne mal, les coups de feu, la fuite...
« Des … zombies ?
-Tout juste.
-Des zombies partouzeurs donc. Vous êtes sûr que c'était pas juste le gars que vous avez refroidit ?
-Non. Quand il y a plusieurs centaines de ses petits camarades qui rappliquent en répétant à tue-tête le mot ''partouze'', il y a de quoi s'inquiéter.
Julius et Edorel s'échangeait des regards incrédules, ce que Laura gouttait fort peu compte tenu de son témoignage.
-Ma foi. Reprit Edorel. Admettons, ce sont justes des zombies, un coup à la tête et l'affaire et plié, suffit juste de bien viser et d'économiser ses munitions.
Laura secoua la tête.
-Dorothée, à ton avis les probabilités de survivre à une balle en pleine tête ?
-Extrêmement faible. On m'a raconté l'histoire d'un soldat qui s'est pris une balle en plein front en Edredonie, il y a survécut, mais ça c'était un miracle.
-Le caporal Zchtoffle ? Je connais, d'après les médecins il ne dormira plus de toute sa vie.
-Pa', je lui ait allongé une balle en lui perçant l’œil gauche et à bout portant et il s'est relevé !
-Comment vous l'avez eu ? Demanda Julius.
-En lui lattant les couilles. Répondit Laura du tac-au-tac.
…
-Pardon ?
-J'ai du m'y reprendre quelques fois mais oui, plusieurs grand coup sous la ceinture ça l'a achevé.
-Ça … étaye la théorie du zombie partouzeur faut reconnaître.
-Nom des dieux …
-Ouais, je crois que t'as pensé à la même chose que moi.
-Vous pouvez nous mettre au jus ?
Julius expliqua l'histoire du commando retrouvé mort dans une posture des plus humiliante.
-Ça vous a pas semblé étrange ? Demanda Alexander.
-On a pensé à quelqu'un qui avait une envie pressante.
-Très, et puis, les noddiens étant des gens détraqués ça n'a semblé choquer personne.
-Vous entendez ?
-Quoi encore ? »
Tout le monde s'arrêta. En dehors des troupes qui continuaient leur activité devant l'entrée du bunker, le silence régnait entre les deux pères et leurs enfants. Chacun se questionnait du regard, mais Dorothée ayant toujours eu l'ouïe fine fit signe encore de faire silence. Mais quelque chose était perceptible au loin, comme le grondement du tonnerre, et ce malgré la météo qui avait annoncé un grand beau temps sur la région. Puis l'on pensa à un troupeau de bestiaux, mais il n'y avait ni cloches, ni cris de bergers. Julius se leva et fit un tour d'horizon avec ses jumelles.
Il eu nul besoin de dire ce qu'il avait vu, il passa ses jumelles à Edorel. Lui aussi tira une têt de trois pieds de long. Il brancha sa radio.
« Zergent, ou vous en êtes avec le groupe électrogène ?
-Encore dix minutes chef.
-Vous en avez deux.
-Deux minutes ? Mais chef …
-Deux minutes, sinon serrez les miches très fort. »
Et il coupa la transmission.
Une horde de zombie avançait vers eux. Bientôt la centaine d'hommes qui traînait devant le bunker se figeait de stupeur devant la chose. Il n'en fallut pas plus. Gatline et Muller donnèrent leurs ordres, les véhicules furent rangés de manière à offrir une couverture et un moyen de contenir la horde. Mais ça n'allait pas suffire à long terme.
« Une idée du nombre Edo' ?
-Mettons, Alunéis c'était quelques millions d'habitants. La moitié a passé l'arme à gauche, un quart à fuit dans différentes directions … Non, désolé Julius, même avec les estimations basses, ils nous écrasent.
-Bon, on a deux minutes alors.
-Oui, ça va être long …
Tout les hommes disponibles avaient leur arme en main, tenant en joue la horde de partouzeur censément mort.
-Soldats ! Visez sous la ceinture !
Les hommes se regardèrent, les quelques rares femmes présentes osèrent une réaction de satisfaction.
-Faites ce que je vous dis bandes de nigauds, et économisez vos munitions ! »
Sur cette parole, Edorel pris son fusil, visa, et abattit à un peu moins de deux cents mètres un zombie pile à l'endroit ou il faut.
Il n'en fallut guère plus pour initier le mouvement, les premiers tirs fusèrent en direction de l'assaillant, suivis d'un véritable feu d'artifesse. Coup par coup, par rafales courtes ou longues, chaque personnes présentes donnait le maximum pour abattre chacun au moins une vingtaine de zombies.
« JULIUS !
-QUOI !?
-J'SUIS TROP VIEUX POUR CES CONNERIES !
-TAIS TOI DONC ET VISE ! »
Julius tirait au fusil F1, tout comme les enfants. Seul Gatline ne faisait rien comme les autres, il avait récupéré son fidèle fusil Winchezter, une arme magnifiquement ornée que feu le Grand-Duc Louis lui avait remis pour son accession au poste de Feld-Maréchal en tant qu'arme de fonction. Certes, c'était un simple fusil à levier, joliment obsolète vue la situation. Mais dieu ! Qu'est-ce que c'est classe ! Avec une petite lunette x4 en prime, ça restait une arme efficace. Seul le temps qu'il fallait pour recharger balle par balle posait un inconvénient notoire.
Et voilà ou était le problème, pour chaque zombies qui tombait castré, il y en avait une vingtaine d'autres, et ainsi de suite. Et ils se rapprochaient, inexorablement. Certains commençait à être abattu à bout portant et la panique commençait à se sentir dans les rangs.
« Père ! On va pas tenir plus longtemps ! Lança Alexander.
-Il faut que la porte du bunker s'ouvre ! Edo' ?!
-Si ils se bougent pas plus je te jure que ça va barder pour certains si on survit à ce merdier !
-La porte ! Sylith hurla, la porte du bunker commençait à s'ouvrir.
-Repli à l'intérieur, repli à l'intérieur ! »
Mais en lieu et place d'un repli bien organisé, c'était une véritable débandade. La perspective de finir sa vie par une péritonite avait donné à tous un coup de fouet à l'instinct de conservation. Se furent les flancs qui cédèrent d'abord, ceux qui étaient le plus loin de la porte, les libertins et les nautiens couraient pour leur vie (et leur fesse) tandis que le centre, gardé par les zollernois tenait encore quelques instant avant que la pression ne soit trop forte. Ce furent seulement eux qui se replièrent en bonne ordre, à reculons, canon pointé vers l'ennemie, formant un carré inexpugnable commençant même à monter les baïonnette sur leur armes.
« Il y a des retardataires !
-Trop tard pour eux.
-Mais …
-Trop tard j'ai dit ! »
Julius agrippa une des jumelles et l’entraîna avec elle dans le carré. Plusieurs hommes, tétanisés et perdant leur moyens s'étaient retrouvés coincé par les zombies. Muller avait paré au plus simple, soit c'était eux, soit c'était tout le monde. Les dernières secondes furent les plus longues, les survivants avaient réussit à pénétrer l'endroit, mais les portes tardaient à se refermer. Plusieurs dizaines de zombies furent accueillit par des salves bien nourris au niveau des bijoux de familles. Les autres furent finalement broyés par la fermeture des portes.
Pendant un instant qui sembla durée une éternité, ce fut le noir et le silence complet. Puis un petit grésillement, des clignotements soudains. Les lampes néon du plafond s'allumaient petit à petit, et une petite musique militaire se mit en route dans les hauts-parleurs. Le hall d'entrée était d'assez grande taille, sur le mur faisant face à l'entrée, un oméga énorme entouré d'une phrase écrite dans une écriture typiquement noddien qui disait ''Nøddiå au dêssûs de tut !''
Devant les survivants la lourde porte blindé résonnait des coups donnés par les zombies pour l'ouvrir. La tension était encore grande, mais elle diminuait un peu. Edorel tenta d’accélérer le processus.
« Si on m'avait dit la semaine dernière que j'allais me retrouver assiégé dans un bunker avec cinq-cents tonnes d'or et un trident, par vingt milles zombies qui ont la ferme intention de nous péter la rondelle... J'avoue que j'aurais été plutôt septique.
…
Ahem …
…
C'est la Mort rouge et le Roi en jaune qui entrent dans un bar...
Julius lui coupe net la parole.
-Edo, s'te plaît, tais-toi. »