Épilogue - Rayse
La flotille avait quitté les abords d'Alunéis et de Noddia dés que la troupe complète eut été exfiltré. Valérien, retenu par ses obligations en Avaricum ne put faire le voyage et fut lui et ses hommes débarqués en territoire amis non sans avoir profité de la petite sauterie organisé à bord de l'Argoz pour fêter la réussite de la mission, récupérer le trident et secourir le commando. Julius avait sorti une caisse de Chaby comme à son habitude, mais les yssois eurent grand peine à goûter le vin nautien, estimant que rien ne pourra jamais égalé leur absynthe. Seul huntleyz n'avait pas le goût à la fête, pendant l'invasion du bunker il tentait désespérément de contenir les zombis, et voilà t'y pas qu'un yssois beau et musculeux comme il faut, sorti de nulle part avec un gros canon entre les mains, fit passer la menace de sérieuse à inexistante en seulement dix seconde. Qu'on ne s'étonne pas que le bougre l'ai mal pris et ait voulu régler ses comptes avec lui, mais il ne savait pas qu'il avait un certain Chuck Norrys face à lui. Chuck Norrys qui l'a désarmé lui et ses hommes en autant de temps et avec une facilité juste scandaleuse. Comprenant cela, on savait pourquoi depuis il boudait dans son coin.
Le lendemain eut lieu un dé-briefing concernant la mission, une liaison fut établi avec Audrys pendant laquelle on lui signala que la regalia était désormais entre de bonnes mains et que le navarque Norrys et ses hommes faisaient également parti de la fiche des passagers de l'Argoz. Un peu plus tard arrivé au beau milieu de la mer saralando-ylésienne, on jeta par dessus bord la Zainte Grenade d'Entioche au point estimé le plus profond de la mer, et enfermé dans un bloc d'acier et de plomb riveté. Quand les légendes parlent d'un objet capable d'oblitérer une île entière faune et flore inclus, le plus sage reste de ne pas vérifier cette assertion.
Le surlendemain, qu'elle ne fut pas la surprise de l'équipage de l'Argoz d'être le premier navire battant pavillon étranger entrer dans le port de Venys depuis près de dix ans maintenant. Mais l'excitation retomba lorsqu'on s'aperçut que la perle des cytés avait perdu de son éclat. Une glaciatyon suivi d'une période d'anarchye ayant cette fâcheuse habitude d’abîmer les façades des bâtiments et de transformer une radieuse ville en terne village d'arrière-pays édoranais. Mais là n'était pas le plus important pour Gatline et Muller lorsqu'ils posèrent pied à terre et cet fois-ci furent accueilli par le conseiller du dehors lui-même. Celui-ci trépignait sur le quai, faisant les cents pas en attendant que la passerelle s'abaisse.
« Vous l'avez ?! Demanda t-il sans même s'enquérir de la santé de ses hôtes.
-Je pense. Reprit Julius. Que nous n'aurions pas fait le détour jusqu'à Venys si ça n'était pas le cas. »
Il fit signe à Audrys de regarder sur la passerelle. Deux personne portaient la valise ou reposait la relique tandis que quatre libertins arme au poing escortaient la précieuse cargaison. Antimachos ouvrait la marche. Le navarque Norrys et les commandos survivants fermèrent la marche.
« Je … Je peux … ?
-Tenez. Edorel tendit ses lunettes de soleil à Audrys. Par contre elles sont à ma vue. »
Le ministre n'en tint pas rigueur et s'approcha de la valise. Il releva les loquets et souleva le couvercle.
Après quelques instant, il referma la valise. Ces quelques instants qui semblèrent durer des heures pour lui l'avaient marquer. Il retira la paire de solaires, les rendit à Gatline, et il eut une réaction, somme tout à fait naturel face à pareil spectacle, mais qui resta gravé dans les esprits.
« Pourq ?! »
Retrouvant un semblant de dignité qui sied exclusivement aux yssois.
« Le Conseyl des Sages, sera certaynement ravi des nouvelles que vous nous apporter. Et l'Empire je n'en doute nullement saura se montrer reconnayssante. L'Empire, et Son Altesse Sérényssime aussy.
-Ah ? Reprirent Julius et Edorel dans une synchro à rendre jalouse les sœurs jumelles Gatline.
-Si vous voulez bien me suivre, le Prince-Protecteur a souhaité pouvoir s'entretenir avec vous. »
Audrys désigna les voitures garés plus loin. Un cortège d'une dizaine de véhicules s'ébranla, remontant une à une les rues et avenues de la cyté. Était-ce une coïncidence du trajet ou bien voulu, les voitures passèrent devant le cabaret des Deux Ma-Goh. Sa façade était défraîchi et des barres de bois barraient l'entrée. L'endroit visiblement n'accueillait plus de client.
Si l'on pouvait admettre une chose à propos de Venys, sans que l'on trouve à y redire, c'est qu'elle abrite la plus grande place du micromonde. Le Parvys Ecarlate devait bien faire son petit kilomètre. Pas de quoi faire un footing satisfaisant du point de vue de Chuck Norrys. Le Palais Dogéal, vide depuis des années s'étendait de part-et-d'autres de la place, tandis qu'au nord, le Palais Écarlate fermait la place. Mais les voitures ne s'y arrêtèrent pas, continuant leur chemin plus au nord. Pour finalement atteindre le bâtiment du Conseyl des Sages, l'organe décisionnaire yssois en temps de trouble.
Comparé aux édifices et palais qui avaient été vue durant le trajet, le lieu ou se tenait le Conseyl était de taille modeste, voir même plus sobre qu'ailleurs. Et était même doté d'un portail et d'une cour, chose rare dans une ville ou le moindre mètre carré est occupé par un bâtiment une route ou un espace vert.
Un huissier attendait sur le perron du bâtiment. Il s'avança vers la voiture de tête d’où sortait Audrys. Il chuchota à l'oreille du conseyller.
« Son excellence nous attend messyeurs. »
Lucyus Andromakys pourrait en une autre situation passer pour un grand-père un peu fou-fou sur les bords avec ses cheveux en bataille. Pourtant sa posture bien droite, son regard tout ce qui a de plus lucide et surtout sa qualité de Prince-Protecteur de l'Empire ne donnait pas du tout cette impression là. Assis à ses cotés à une table longue cinq autres hauts fonctionnaires issus de l'arystocratie seigneuriale, une sixième chaise, vide était destiné à Audrys. Deux autres places étaient vacantes. Mais elles trouvèrent prestement un occupant chacun en la personne de Julius Muller et Edorel Gatline.
A peine tout ce beau monde avait pris place que le seul a rester debout (le navarque Norrys) se présenta au garde-à-vous à Andromakys et lui fit son rapport. D'une traite, et tout de tête.
« Ça tu vois. Edorel chuchotant à Julius. Des types comme lui, il m'en aurait fallu bien dix à la belle époque. »
Julius acquiesça. D'autant que l'homme se montrait visiblement tout aussi apte au commandement tant sur le terrain qu'à une table de commandement.
« Messyeurs ! Andromakys se leva. Au nom de l'Empire et de Son Altesse Sérényssime, je vous adresse nos plus syncères et chaleureuses félicitatyons. Vous avez rendu par-là un servyce que d'aucun icy n'aurait été capable d'accomplir, si l'on s'en tient aux dires du navarque Norrys.
-Affirmatif votre Excellence.
-Ça je n'en doute pas navarque. Il se retourna vers ses hôtes de marque. Messyeurs l'Empire comme vous le savez vous est redevable. Je ne says si Audrys a aborder ce sujet avec vous, mays sachez que nous vous offrirons ce que vous nous demanderez en récompense. Dans la limite du raysonnable, bien entendu.
Muller décida de répondre.
-Pardonnez si je change de sujet, mais la curiosité me pousse à vous demander comment se fait-il que l'Empire ait couper les ponts avec le reste de l'Archipel pendant aussi longtemps.
-Soyt. Pour tout vous dire, cette situatyon n'est pas de notre fait. Fin 2007 un événement totalement improbable à frapper l'Empire. Certes nous étyons en hiver, et il est normal que nous ayons des neyges jusqu'au bord de la mer. Mais c'étayt l'hiver le plus rude que nous n'avyons jamays connue. Le dégel n'est pas arrivé avec le printemps. Et pire, le froid à redoublé d'intensyté jusqu'à l'automne suyvant.
Vous vous doutez bien qu'une pareil vague de froid n'aura pas été sans conséquence. Ce fut une hécatombe, tant dans la roture que dans l'arystocratie. Certayns de nos ligores ont préféré s'éloigner d'Ys, d'autres sont restés et n'ont pas vue passer l'année suivante. Même feue Sa Sérényssime Splendeur Melpomènys, fille de Melkhysedek et à qui doit succéder la Princesse a été emporté par le grand froid. Cette vague de froid sans commune mesure ayant pris fin, les problèmes ne firent que commencer. Sans hérityer au trône, sans gouvernement, le pays a très vite sombré dans l'anarchye. Huyt ans au total.
Edorel coupa court.
-Et pendant tout ce temps ça ne vous est pas venu à l'idée d'en appeler aux instances micromondiales pour vous porter secours ? Le congrès des nations ? L'OMF ? Qu'est-ce qui a fait que vous ayez attendu aussi longtemps ?
-Nous étyons occupés figurez-vous. Nous devyons reprendre le contrôle de chacune de nos îles, de la Catharsys, et rétablir nos liaysons dans nos colonies, et châtier les sédityeux comme il est de coutume. Cela nous a prys un temps fou. Et les moyens impliqués faysaient que nous n'avions pas le temps d'aller quémander des secours. Certayns en on donc profité pour fayre mayn basse sur l'un de nos trésors les plus sacrés. Et ce pourquoi vous êtes présentement ici. Nous ne pouvions pas nous permettre de déployer le peu de navires qui nous restait pour récupérer ce bien. Ça n'est qu'à cet instant que nous avons décyder de bryser la glace et d'envoyer quelqu'un comme Audrys pour cherché assystance.
-Eh bien, ce fut votre jour de chance on dirait. Ajouta Julius.
-Oui, grâce soyt rendu à Poséydon. Je n'ose imaginer si nous n'avions pas récupérer Son trident. La perspective d'une troisyème dévastatyon ne m'est guère réjouyssante. »
Andromakys s’apprêtait à ajouter autre chose lorsqu'il fut interrompu par trois coups à la porte. Quelqu'un ouvrit sans attendre de réponse et apparu un homme d'âge avancé. Edorel et Julius s'étaient tourné vers lui l'air de rien, sans remarquer que les membres du gouvernement yssois s'étaient levés.
« Vos Excellences. Se contenta l'homme en guise de salutations.
-Messyeurs, je vous présente Agathoclys Philopater, chambellan du Palais Écarlate.
Edorel et Julius se retournèrent comme un seul homme.
-Elle va vous recevoir. Répondit ledit chambellan.
Silence intrigué d'Edorel et de Julius. Celui-ci répondit après un moment.
-Elle … ?
-Oui, Elle. Répondit le serviteur.
-Mais, un instant, quand vous dites "Elle", est-ce que... nous deux nous entendons parler de la même personne que vous ? Ajouta Julius légèrement décontenancé.
Les deux hommes semblaient refuser d'y croire, ce qui déçut le vénérable. Il reprit d'un air plus solennel.
-Son Altesse Sérényssime la Princesse Bilitys, Fille de Melkhysedek, héritière du Trône des Yris et d'Atlantys, et de fait seul Souveraine digne de régner sur le micromonde, fait savoir qu'Elle souhaite et qu'Elle va vous recevoir. Messyeurs veuyllez agréer cecy comme une premyère récompense pour votre servyce rendu à l'Empire.
-Ahem … Dit comme ça c'est peut-être plus compréhensible. »
Au début ils étaient passé devant l'édifice sans vraiment y prêter attention. Mais maintenant qu'ils étaient arrêté devant ses grilles, Gatline et Muller saisirent certains détails qui leur avaient échappés. La façade du bâtiment était par endroit criblés de balles, et des lézards parcouraient le mur. Désagrément que des ouvriers étaient occupés à effacés. Les gardes impériaux, si c'en étaient étaient plus des soldats en treillis et fusils d'assaut en main plutôt que de simple factionnaire en uniforme. Et le garde qui faisaient les vérifications d'identités n'avait pas l'air d'un tendre. Il jeta un regard mauvais sur les deux zollernois. Peut-être était-il un vétéran de l'opération zollernztorm...
Enfin le portail s'ouvrit et la voiture pénétra dans la cours du palais. Qui curieusement ne paraissait pas aussi grande de l'extérieur. Effet d'optique en déduisit Edorel. Ils furent accueillit à la sorti du véhicule par un huissier. Celui-ci les fit entrer dans le palais, les guida dedans et fut intarissable pour ce qui est du protocole à suivre, à la lettre près, sous peine d'un funeste sort. Pas de quoi rigoler en somme.
Le pire, c'est que Julius et Edorel eurent droit à un rapide court de révérence prodigué par le même huissier ...
Ils arrivèrent au final devant une porte gardé par trois gardes impériaux. Après quelques chuchotis à l'oreille de l'un des gardes, l'huissier ouvrit la porte, entre-ouvrit seulement, il ne daigna pas l’ouvrir en entier malgré le bougonnement d'Edorel à ce sujet. Julius et lui passèrent l'étroite ouverture. La première chose qu'ils virent était une grande pièce. Les murs étaient sublimes. On aurait dit la reconstitution d'une salle d'apparat d'un ancien palais atlante. Avec tout le confort moderne ceci-dit, compte tenu du bureau et des autres meubles qui occupaient la pièce et qui ne collaient guère avec la déco. A main gauche se trouvait une cheminée allumé. Au devant une table basse et deux sièges de part et d'autres de ladite table. Ils ne remarquèrent pas tout de suite la personne leur tournant le dos et qui se trouvait à l'intérieur. Ni-même la porte qui s'était refermé derrière-eux. Edorel était encore entrain d'admirer les mosaïques et les peintures des murs quand son compagnon d'aventure lui tira la manche. Ils yeuxtèrent sur une personne d'apparence féminine (à en croire la taille et le diamètre du bassin.)
C'est là qu'Elle se retourna et fit face aux deux hommes.
L'héritier du trône des Yris, celle qui doit ceindre la couronne qui donne toute autorité sur toutes les terres émergés. Celle à qui l'arme d'un dieu doit revenir. La raison pour laquelle Julius Muller et Edorel Gatline étaient à Venys.
Ils en restèrent interdit.
Devant eux se tenait une femme, portant un caftan de soie pourpre, brodés de fil d'or et doublé d'une pelisse d'hermine sur ses épaules. Un raffinement exceptionnel, du jamais vu en dehors d'Ys. Pierre Kradin, le fameux couturier krasslandais aurait du soucis à se faire. Détail que ne manqua pas de voir Edorel : elle portait des gants blancs. D'ailleurs, il remarqua aussi que son visage était caché d'un voile blanc. Une sorte de voile comme celui que les femmes turcoses les plus bigotes avaient l'habitude de porter. Son décolleté (pourtant ample et profond sur les caftans pour femme) ne donnait rien d'autres à voir qu'une chemise blanche. Comme une robe de soie d'un blanc immaculé. Même ses yeux étaient caché par des lunettes de soleil. On ne voyait en tout de son visage que peu de choses, idem pour les cheveux. Chaque centimètre carré de peau était dissimulé autant que possible au regard. Peut-être était-ce là une obligation. Elle est sacré pour les yssois, alors que deux étrangers puissent poser le regard sur elle sans craindre la mort, c'était pas donné à tout le micromonde. Mais il n'était pas question de leur permettre d'en voir plus. Entendre sa voix était déjà exceptionnel mais ils ne s'en doutaient pas sur le moment.
La porte derrière Edorel et Julius s'entrouvrit avec un léger grincement de bois.
« Révérence ! » Chuchota le serviteur aux deux hommes avant de refermer la porte. Mais rien à y faire. Soit les deux hommes avaient complètement perdu leur moyen comme si ils étaient revenus au temps de leur premières fois. Soit ils étaient tout simplement en admiration. La tête qu'ils faisaient ne permettait pas de déterminer l'un ou l'autre.
Elle appuya son impérial postérieur sur le bureau, croisa ses bras habillé d'albâtre, dissimulant un petit sourire amusé.
« Même pas une année que vous avez été forcé de fuir la cour du Zollernberg, et voilà que vous en avez oublier comment vous comporter en gentilshommes en présence d'une dame. »
Ce fut Julius qui réagit le premier, déployant tout ce que son éloquence, sa science de la rhétorique et son art oratoire lui mettait à disposition.
« Euh.
-C'est à dire que … Edorel le militaire à la harangue facile se lança dans une compétition oratoire avec son compère.
-On ne s'attendait pas …
-Pour être honnête … Ce … Ce détour n'était pas … Prévu ? Il se tourna vers Julius.
-Ahem … On avait supposé que c'était prévu … Mais après euh … ça n'était pas … confirmé.
-Voilà. »
La Princesse soupira, on pouvait deviner qu'elle levait les yeux au ciel et souriait devant le manque de moyen passager des deux hommes. Elle se releva, indiqua les sièges à ses hôtes et fit le tour de son bureau pour s'asseoir. Profitant du moment pour faire voir une épaisse tresse de cheveux auburn dépassant de son voile et barrant sa nuque. Julius et Edorel n'osèrent pas pendant un instant mais se doutant que la discussion ne durerait pas, ils se forcèrent à s'asseoir en face d'Elle.
« Pour tout vous dire, je me doutays que je feray cet effet sur vous, rayson pour laquelle j'ay jusqu'au dernier moment hésyter à vous convoquer en personne. Au final, c'est plus par curiosyté que par symple volonté de vous congratuler que j'ay fini par prendre cette décisyon. »
Julius et Edorel assis dans leurs sièges avaient des postures qui semblaient plus dire qu'ils n'étaient pas à leur aises, faut dire aussi que d'autres à leur places auraient eux les yeux énuclées, voir pire.
« Andromakys, vous a sans doute expliqué ce qui nous a mené à vous contacter sur votre île et ce qui nous a pousser à vous demander votre ayde. Mayntenant que je vous ays devant moy, je suys certayne de mon choix.
-Votre choix ? Demanda Julius.
-Mon pays n'est pas dans une situatyon confortable. Ys, est pour ainsy dire, en phase de réveil après un long coma. Coma qui luy a coûté sa place parmys les puyssances de l'Archipel. Nous sommes une proye facyle, de l'extéryeur comme de l'intéryeur de mes frontières. Nombre de pays se sont accaparés nos îles pendant un temps plus ou moins long mays au final ils ont fini par les abandonné, voyant que mon peuple ne pouvait être aussy facylement dominé que ça. Non sans avoir durablement affaibli nos forces. Tout cecy à mon sens constitue une rayson parfaitement valide pour ne pas symplement vous contenter de remercyement.
-Mais … Ou voulez vous en venir … Madame ? Demanda Gatline
-C'est symple. Mon Prince-Protecteur et son Sénéchal, Andromakys et de Frontyspys sont des militayres, comme vous. Mays contrayrement à vous ils n'ont pas autant d'expéryence politique qu'ils le voudrayent, de fayt, ils sont plus efficaces au front avec une armée à leur ordres, que derryère un bureau à édicter des loys et des édyts. Quant au navarque Norrys, eh bien, il est le dernyer des navarques de feu mon père encore en vye, et je ne puys me permettre de le voyr encore partir en myssion même pour un cas de force majeur.
Les deux premyers doyvent byentôt partir en Catharsys ou subsystent encore des foyers de résystance à mon autorité afin de mater et de punir les sédityeux. Norrys lui doyt rester icy à Venys veyller à ce que notre flotte se réarment et assure la pérennité de mon règne à venir. Ce que j'attends de vous est symple : je veux que vous restyez icy et que vous terminyez le travayl commencé. »
Edorel et Julius se regardèrent, incrédule. Ils avaient senti l'appel du pied venir. L'un se pencha vers l'autre comme pour commencer à en discuter entre eux mais la présence de l'altesse fantomatique rendait la chose quelque peu plus compliqué que d'habitude.
« Ahem … Commença Julius. Vous souhaitez que nous nous installions à Ys ?
-Oui.
-Mais nous. Nous avons des obligations ailleurs. Ajouta Edorel. L'ONA en l'occurence. Et nous mêmes avons déjà été fait citoyens dans d'autres pays …
-J'attendray symplement que l'on se lasse de vous à Talamanca. Ce quy ne saurayt tarder d'après les informatyons que j'en ai. Quant à vous Julius Muller, citoyen kolosiztanais, et vous Edorel Gatline citoyen armaréen, je veillerai à ce que l'on entrave pas l'obtentyon de vos citoyennetés yssoise. Je demanderay en outre à Andromakys de faire proclamer une loy permettant la double-natyonalité. Ainsy vous n'aurayt je le crois aucune rayson de ne pas venir. »
Silence gêné. Elle se leva de son bureau et sans doute sous le coup de cette action les deux hommes s’enfoncèrent imperceptiblement dans leur siège. Elle s'avança vers une fenêtre et de sa main souleva un pan de rideau pour regarder vers les jardins du Palais Écarlate.
« Le micromonde est un océan en pleyne tempête. Et nous tous sommes sous la menace d'être emporté par une vague dans les profondeurs. Chacun s'accroche donc à ce qu'il peut. Qui à un éperon rocheux, qui à un radeau de fortune. Parfoys ils s'entraident et ils survivent. Certain hélas ne trouvant ni l'un ni l'autre, pas même une main secourable ou un regard compatyssant s’enfoncent dans les profondeurs et s'offrent à Poséydon, Loué soit-Il.
Elle referma le rideau, se retourna et sembla leur faire face les yeux dans les yeux.
« Vous avez cette épée de Démoclys au dessus de la tête, refuseriez-vous la main secourable qui vous envoie une bouée ?
Le sens politique de l’héritière du Trône des Yris n’était pas à refaire. Elle exprimait d’une voix tranquille l’avenir qui attendait les deux comparses à l’ONA dont elle avait par ailleurs une connaissance certaine. Sa proposition directe surprit les deux vieux briscards qui revenaient d’une odyssée incertaine dans les confins du micromonde connu, engagé plus par gout de tuer l’ennui que par valeur.
Julius rompit le court silence qui s’était installé :
Julius : Votre proposition est surprenante mais néanmoins généreuse. Nous avons servi un état pendant de longues années sans en être natifs et nous avons du en fuir après un coup d’état institutionnel. Edorel et moi sommes conscients qu’en tant qu’étrangers ayant quittés nos pays respectifs, nous ne pourrons jamais être chez nous nulle part. Votre offre est généreuse, je l’ai déjà dit, mais que ferions nous ici ? Que feraient nos familles ici ? Il faudra plus que des postes, il nous faut un avenir, l’espoir qu’un jour cet endroit deviennent notre foyer.
Edorel opinait du chef en restant silencieux. La princesse également, puis se redressa enlevant ses lunettes et défaisant le voile qui lui cachait le visage.
Bylitis : Le protocole atlante fait de moi une demi-déesse, héritière des atlantes dont la race existe encore bien qu’officyellement éteinte. Les yssois sont nos héritiers. Et ce protocole oblige les survivants du peuple atlante a une séparation stricte avec mon peuple et plus encore avec les étrangers. Chaque personne voyant l’Empereur ou l’Ympératrice est condamnée a se voir crever les yeux… sauf l’Archimandrite de l’Eglyse Poséydonyste, la Cour, le Doge ou le Prynce Protecteur ou… les Métaligores.
Edorel : Et nous ne faisons partie d’aucune de ces catégories.
Bylitys : Pour l’instant non. Mais les deux grandes familles métaligorales des Paxatagore et des Mytilène sont décymées. Il reste bien quelques nobles fin de race mais de fait la noblesse yssoise est a peu près dans le même état. Elle sera reconstituée pour que l’Empire survive en s’appuyant sur une caste de gouvernants avysés et de combattants courageux. Acceptez de devenir sujets yssois et je vous confierai à chacun l’honneur de me servir dans ma noblesse. Mon Chambellan m’a fait porter ces deux lettres cachetées que j’ai fait taper ce matin par la Chancellerie impériale. Elle élève le sieur Gatline à la dignité de Métaligore de Mytilène et au sieur Müller la dignité de Métaligore de Paxatagore. Cela avec les honneurs, les prérogatives, les terres et les biens qui sont rattachés a ces titres. Il va de soi que vos noms s’enrichiront des titulatures des Maisons Métaligorales relevée et cela ne pourra que rehausser votre yssité face à ceux qui, icy a Ys en douterait.
Le titre de Métaligore était le titre de noblesse le plus élevé à Ys, seuls se trouvaient au dessus les princes yssois, fort nombreux dans la Cour Impériale mais peu connus et l’Empereur lui-même. Son équivalent dans les noblesses des autres pays leur donnait l’équivalent au titre d’un duc et pair zollernois, d’un prince édoranais (les édoranais titrant a peu près tout et n’importe quoi avait créée avec le temps une inflation du titre) ce qui prouvait l’importance de l’offre.
Julius : Oh…
Edorel : Euh …
Bylitys : Prenez un moment pour y réfléchir, mais rappelez vous, nul n’a encore jamais vu une Ympératice yssoise, je m’en voudrais de devoir prendre vos yeux
La jeune fille quitta brièvement la pièce d’un pas léger puis, s’arrêtant sur le pas de la porte se tourna vers ses visiteurs :
Bylitys : Je serai dans mon petit salon, rejoignez moi quand vous vous serez décydés !
Les deux hommes restèrent seuls.
Edorel : Là j'avoue, je … Oh en fait non je la sens mal cette histoire, foutons le camp !
Julius : Norrys n’est pas loin, t’es sur que tu veuille que ce soit lui qui te les arraches tes mirettes ?
Edorel : Le temps qu'il arrive j'aurais neutralisé les gardes de la porte et dans cinq minutes on est sur l'Argoz …
Julius : Il faut écouter entre les lignes, les menaces sont du folklore yssois mal placé. Elle nous offre les deux dignités les plus élevées de son état.
Edorel : J'ai déjà participé à la reconstruction du Zollernberg, et on en connaît tout les deux la récompense, j’ai vu mieux comme offre qu’on ne peut pas refuser.
Julius : Et quel avenir avons-nous Edorel ? Je suis retourné au Zollernberg pour l’enterrement de Victor August. Nos noms ont disparus, nos terres et nos titres donnés a d’autres. Mon nom n’apparaît même plus dans les archives de l’université. Nous ne rentrerons jamais. Prya nous a accueillis pour mieux nous rejeter. Ici, tout est à faire. Et nous pourrions installer nos familles, nous aurions des terres. Le libéral zollernois que je suis trouve le système yssois quelques peu arriérés mais la technologie yssoise est bien plus en avance qu’ailleurs, le peuple est industrieux et courageux. Et puis le marin que tu es devrais apprécier que la plus grande puissance navale que le Micromonde n’ai jamais porté recherche des amiraux pour reconstruire sa flotte et la commander.
Il ne nous reste rien ailleurs. Les pryans et leurs alliés s’empareront de l’ONA dans quelques semaines et ils ne nous laisseront pas rester à Nautia, nous devrons partir, encore. Nous pourrions aller chez nos alliés, ou alors rester ici et construire là ou nous ne serions que des invités ailleurs.
Edorel : J'ai l'horrible impression de ne pas avoir le choix.
Julius : A moins que tu veuilles laisser tes yeux a Norrys, je propose que nous restions.
Edorel : Hmf … Soit. Du moment que j'ai ma retraite à taux plein …
Les deux hommes quittèrent le bureau pour rejoindre la princesse. Ils lui présentèrent le résultat de leur réflexion puis, firent acte d’allégeance à l’héritière légitime. Norrys qui était dans le coin accueilli ses nouveaux compatriotes d’une tape « amicale » dans l’épaule des deux comparses – Edorel échappant de peu a une épaule démise.
Deux semaines plus tard.
Le Grand Temple de Poseydon, sur l’Ysle Sacrée était verrouillé, ses accès contrôlés, seuls les élus passaient. Une grande foule se pressait aux abords, sur la Pyazza de Malesatysfactyon au nord de l’île et sur l’Avenue Ympériale qui menait jusqu’au Parvys Ecarlate.
La journée était magnifique, les yssois avaient laissé leur dur labeur de coté pour célébrer le couronnement de leur nouvelle souveraine.
Dans le Grand Temple, les rangs étaient combles, toute la haute noblesse mais surtout toute la cour impériale, des atlantes pur souche, laissaient apparaître plusieurs dizaines de rangs remplis de têtes blondes aux expression suffisantes. Julius et Edorel, bruns voire un peu grisonnants détonnaient dans l’assemblée. Il faut dire que la vieillesse bien que représentée par d’autres spécimens dans les travées du temple prenait un sens différent. Il était connu que les atlantes avaient une espérance de vie naturellement beaucoup plus longue que celles des yssois et des autres micromondiaux. Ainsi, il n’était pas rare qu’un atlante atteigne les deux cents ans et les dépasse. Julius put ainsi deviser avec une honorable vieille dame qui affirmait avoir séduit un empereur du Zollernreich durant sa soirée de mariage, un autre vieillard a peine marqué par les ans qui lui parla de son propre grand père qui avait assisté a la dix huitième reprise du Krassland oriental au XVIIe siècle et qui, marin émérite, faisait partie de ceux qui, ayant subrepticement quitté Ys qui était alors enfermée dans son isolement total avait posé le pied sur le continent sud qui n’avait été officiellement découvert par le reste du Micromonde qu’au début du XXIe siècle.
La cérémonie fut à la hauteur de ce qu’on peut se faire de l’idée d’une Ys attachée a sa tradition d’impératrice du Micromonde entier. L’Archimandrite sacra la jeune Bylitis arrivée dans le temple dans un cafetan de mauvaise toile brune, symbole de son humanité faillible, elle fut ointe, déshabillée cérémoniellement, ses seins ronds dévoilés et palpés par les deux Grands Palpateurs Ympériaux qui déclarèrent le « Duys habet et bene solidum » (elle en a deux qui sont bien fermes ) comme il était d’usage, ce a quoi l’assistance répondit « Poseydonys gratyas ! » en chœur, bien que les plus voyeurs concentrèrent leurs regards sur l’impériale poitrine. Puis elle fut habillée par les princes de la Cour.
C’est alors que Lool IX, Archimandrite de l’Eglise Poseydoniste psalmodia pendant plusieurs minutes des paroles rituelles en yssois ancien et véritable, puis l'archymandryte bénit les trois plus importantes régalias avant de les remettre :
"La couronne d'Amphitrys a longtemps attendu une tête digne sur laquelle se poser.
Par les Terres, je te la confère, Bilitys, au nom d'Archydamnos, pour que tous te reconnaysse et que nul te renye.
L’Archimandrite s’approcha de la princesse et posa sur sa tête la Couronne d'Amphitrys:
Le sceptre d'Adminystratyon à longtemps attendu qu'une mayn digne la porte,
Par les Cyeux, je te le confère, Bilitys, au nom d'Alexandre, que ton règne s'accomplysse dans la justyce et le droyt.
[remise du sceptre]
Le trident de Poséydon à longtemps attendu qu'une main ferme se renferme sur luy.
Par les Océans, je te le confère, Bilitys, au nom de Caranys, pour que nul n'entrave ton règne sans subir ton courroux.
[don du trident]
L’Ympératrice, dotée des insignes de son pouvoir fut acclamée rituellement une fois, avant que l’Archimandrite reprit la parole :
Archimandrite : Tu es Bylitys, Ympératrice d’Ys et de ses dépendances, Reyne de Catharsys et de Locquetys, Princesse de Venys et de Constantinopolys, Protectryce de Pseudopolys, Seigneuresse des Terres Émergées du Micromonde, Lieutenante de Poséydon et Gouverneure de la Sainte Eglyse Poséydoniste, que ton règne soit long, prospère et que ta jouyssance demeure sans autre limite que celles justement posées par Notre Seigneur Poséydon. Loué soit il !
L’assemblée reprit en cœur « Loué soit il ! »
L’Ympératrice se leva et rendit certains de ses insignes et appela auprès d’elle l’Amiral Norrys qui portait l’imposante épée impériale. Elle fit dégainer des deux mains l’instrument et fit approcher Julius et Edorel qui se placèrent à genoux entre l’assistance et l’Ympératrice.
Bilitys : Qu’il soit dit partout que j’ai pris la décisyon en tant qu’Ympératryce d’Ys et du Micromonde connu que je dois mon trône et le bonheur du peuple yssois au courage et à l’engagement de deux étrangers qui ont rysqué leur vie pour la plus grande gloire du Sérényssime Empire.
Marquant une pause, elle reprit en posant l’épée sur l’épaule d’Edorel :
Bylitys : Qu’il soit dit et connu de tous qu’Edorel Gatline, comte de Caztelmaure est élevé à la dignité de Métaligore de Mytilène avec la jouyssance des biens de cette Mayson pour lui et sa famille ! Il prendra le nom de Mytilène qu’il assocyera à son propre nom et dirigera en mon nom les terres de Mytilène.
Puis, posant l’épée sur l’épaule droite de Julius :
Bylitis Qu’il soit dit et connu de tous que Julius Müller, vicomte de Finkelstein, Chevalier de Battenberg est élevé à la dignité de Métaligore de Paxatagore avec la jouyssance des biens de cette Mayson pour lui et sa famille ! Il prendra le nom de Paxatagore qu’il assocyera à son propre nom et dirigera en mon nom les terres de Paxatagore et notre colonie du Boukystan... et maintenant allez m'enfiler un caftan, ces frusques sont indigne de vous, dit l'Ympératrice en pointant les complets trois pièces des deux nouveaux promus.
Anoblis le jour même du couronnement, la légitimité des deux nouveaux métaligores étaient garanties et reconnue par la noblesse yssoise. Et l’histoire yssoise retiendra que le premier Empire du monde avait retrouvé son chef grâce a deux aventuriers venus d’ailleurs pour se mettre à son service.